Le personnel de santé et les personnes du 3e âge ont reçu hier leur première dose de vaccin contre le Covid-19. Ciblées par la campagne, ces couches de la population ont magnifié le privilège qui leur est accordé.

La population le réclamait. Eh bien, les médecins ont satisfait hier à la demande en donnant le ton. La campagne de vaccination contre le Covid-19 a été lancée dans le verdâtre jardin du ministère de la Santé et de l’action sociale. Et les premières doses sont allées aux praticiens. «En tant que scientifiques et personnes expertes habilitées à parler du vaccin, nous sommes là pour se faire vacciner», a déclaré Dr Daouda Ndiaye qui attend tranquillement son tour. Le chef du Service parasitologie pharmaceutique de la Fmpo veut, à travers son geste, encourager les Sénégalais à aller se faire vacciner. Il souhaite que le Sénégal fasse partie demain des premiers pays où le coronavirus sera éliminé. L’ambiance était plutôt bonne, la cible qui a répondu à l’appel était aussi sereine. Pas de panique sur les visages.
Les tenues des grands événements ont refait surface, surtout chez les personnes du troisième âge, une des cibles priorisées dans cette vaccination contre le Covid-19 qui privilégie aussi le personnel de santé en première ligne, notamment les Professeurs, infirmiers, médecins, ambulanciers, techniciens de surface, bref ceux qui sont en contact direct avec les patients du coronavirus tous les jours, du matin au soir. La directrice générale de la Santé était habitée par un sentiment de fierté. Marie Khémesse Ndiaye vient de recevoir la première dose du vaccin. Mais pourquoi prioriser le personnel de santé et le 3e âge ? «Il y a des pays où le maximum de personnel de santé est contaminé par le Covid-19. Si le personnel de santé est contaminé, qui va traiter les malades», se demande Marie Khémesse Ndiaye. C’est donc juste une logique, pour elle.
Les vaccins ont été obtenus avec une grande rapidité pour éviter à l’humanité le pire. Les grands scientifiques continuent à voir comment faire pour avoir le maximum de vaccins. «Vacciner ces personnes permet de les prémunir de ces infections, mais également de diminuer le risque d’infection dans la population», a réagi le médecin anesthésiste, réanimateur et directeur du Samu national, Mamadou Diarra Bèye.
«C’est fondamental que le personnel de santé soit prioritaire parce que ce sont les premières personnes en contact avec tous les venants. Le problème n’est pas le malade qui est connu et qui est dans une ambulance protégée. Ce sont les personnes qui ne se connaissent pas malades et qui viennent directement en contact avec les praticiens dans le cadre de leurs activités quotidiennes d’accueil, d’orientation, de consultation dans les salles, laboratoires. Il faut protéger ce personnel», a réagi Serigne Maguèye Guèye, président de la Commission médicale de l’Hôpital général de Grand Yoff et nouveau directeur général du Campus franco-sénégalais. Pour le praticien, le fait de vacciner en première ligne le personnel de santé est important parce que c’est ce personnel qui a en charge de s’occuper des soins des populations et ces dernières leur font confiance. «Elles viennent dans nos bureaux, on leur prescrit des médicaments dont elles ne connaissent même pas la teneur, elles les prennent. On les amène dans nos blocs, on les endort, on les opère, elles sortent et elles sont contentes. Elles nous font confiance. Il faudrait que nous, en qui elles ont confiance, soyons les premiers en ligne pour nous faire vacciner et leur dire faites comme nous et suivez nous», a argumenté Dr. Guèye. Le symbole est donc très fort.
Les Pr Moussa Seydi, Mame Thierno Dieng, médecin-général, directeur de l’hôpital Principal et tant d’autres se sont vaccinés pour montrer à la population que le corps médical ne leur dit pas seulement «allez vous faire vacciner», mais plutôt «venez, nous allons vous accompagner à le faire».
Abbé Gérard Diène, vicaire général de l’archevêché de Dakar, vient de recevoir sa première dose contre le Covid-19. Il n’est ni personne du troisième âge ni agent de santé. Mais le religieux veut donner l’exemple dans cette campagne de vaccination. Pour lui, il est tout à fait logique qu’on privilégie les personnes les plus vénérables et fragiles.
Imam Moctar Ndiaye, membre du bureau exécutif de l’Association nationale des imams et oulémas du Sénégal, était dans les rangs et vient de recevoir sa première dose de vaccin. Pour lui aussi, c’est tout à fait logique de favoriser sa catégorie qui fait partie des couches les plus vulnérables avec beaucoup de comorbidités. Membre de la même association, imam Ousmane Sarr tente d’expliquer la faveur donnée à sa catégorie : «La dose est insuffisante par rapport à la population alors que les personnes âgées sont plus vulnérables avec souvent des comorbidités. Mais au-delà, le fait de se vacciner est un devoir pour tout un chacun», clame le religieux. Les communicateurs traditionnels étaient aussi de la partie, comme le vieux El Hadji Mansour Mbaye, président des Communicateurs traditionnels, et consorts.