Un défenseur du cinéma africain a tiré sa révérence. La faucheuse vient d’endeuiller la culture guinéenne avec l’annonce du décès samedi dernier de Cheick Fantamady Camara. Le réalisateur et cinéaste, auteur du célèbre film «Il va pleuvoir sur Conakry», a rendu l’âme dans la matinée de ce samedi 7 janvier à Paris. Sur la toile, à Conakry comme dans tous les milieux du cinéma africain, l’on pleure la mémoire d’un homme plein de qualités humaines.

Auteur du long métrage Il va pleuvoir sur Conakry, prix du public au Fespaco 2007, Cheick Fantamady Camara, considéré comme «le baobab du cinéma guinéen», s’est éteint samedi dernier à l’âge de 57 ans. C’est une immense perte pour le cinéma guinéen, mais surtout pour le 7e art africain. Ce réalisateur dont le premier long métrage a reçu une vingtaine de prix à travers le monde, (parmi lesquels le Prix Ousmane Sembène à Khouribga au Maroc en 2008), était une voix et un ardent défenseur du cinéma africain. Auto­didacte du cinéma, mais ayant bénéficié d’une formation au Femis, il disait d’ailleurs que son seul envie était de voler cette fameuse école et de l’implanter en Afrique. «Les conditions ici sont tout simplement fantastiques. Ça va venir un jour en Afrique», confiait-il sur africavivre.com au sujet du Femis.
Depuis l’annonce de son décès, les témoignages pleuvent sur les réseaux sociaux. A Conakry, les acteurs du secteur culturel pleurent un «ami», un «frère», un «ardent défenseur du cinéma», un homme d’une «modestie hors pair»… Le réalisateur sénégalais Alain Gomis, lauréat 2013 de l’Etalon d’or de Yennenga, n’a pas manqué de saluer sur sa page Facebook la mémoire de l’illustre disparu. «Cheick Fanta­mady Camara, parti là-bas lui aussi, dont la douceur et la détermination continueront de nous habiter. Merci pour ce que tu as donné. Toutes mes pensées à ta famille», écrit-il sur son mur. Ailleurs, l’un des plus grands hommes de culture de la diaspora, le poète Thierry Sinda, s’incline devant la mémoire de «l’inoubliable auteur de Il va pleuvoir sur Conakry. Que la terre soit légère à cet homme poli et attachant ! Salut l’artiste ! Toutes mes profondes et sincères condoléances à sa famille».

Parcours et réalisations
Né en 1960 à Conakry en Guinée, Cheick Fantamady Camara suit en 1997 une formation à l’écriture de scénario à l’Ina et en 1998 à la réalisation en 35mm à l’Ecole nationale Louis Lumière. Il travailla ensuite comme assistant réalisateur avec plusieurs cinéastes africains et participa au tournage de La genèse de Cheick Oumar Sis­soko, de Dakan de Mohammed Cama­ra et de Macadam tribu de Zeka Laplaine. En 2000, il réalisa son premier court métrage, Konorofili, suivi de Bé kunko en 2004. En 2006, il fit son premier long métrage Il va pleuvoir sur Conakry. Ce célèbre film illustre les problèmes politiques, sociaux et religieux qui rongent la Guinée, à travers l’histoire d’un jeune caricaturiste qui travaille dans un journal d’opposition et ses relations avec son père, imam de la grande mosquée de Conakry.
En 2007, Cheick Fantamady Camara témoignait dans Mam­béty for ever, un documentaire sur l’emblématique cinéaste sé­né­­galais Djibril Diop Mam­béty. Puis en juillet 2010, il débuta à Dakar le tournage de son second long métrage Morbayassa avec les principaux acteurs de son pré­cédent long métrage, parmi lesquels : Fatoumata Diawara, Ale­xandre Ogou et Koumba Doumbouya.

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