Le Secrétaire général national du Parti de la construction et de la solidarité (Pcs/Jengu Tabax) estime qu’en rejoignant le pouvoir, Idrissa Seck n’a fait que «récidiver». Mor Ndiaye pense que le Président Macky Sall doit mettre en place un «programme de rectification pour redresser le pays», puisque «son Pse a mis le Sénégal dans le coma». Et pour lui, le programme Tabax de son leader, Boubacar Camara, peut «bâtir ce pays mis à genoux».

Quelle lecture faites-vous de la recomposition politique en cours ?
On assiste à une pleine recomposition du paysage politique avec un pouvoir affaibli par une série d’échecs dans sa mission d’amélioration de la vie économique et sociale des populations. Un régime qui cherche à se renforcer en intégrant dans ses rangs le maximum possible d’acteurs de l’opposition en vue d’atténuer la résistance des forces du changement. Bien évidemment, cette  solution  ne peut pas prospérer car les travailleurs sont à bout dans tous les secteurs et les entreprises sont menacées de faillite. Il faut donc s’attendre à un réchauffement du front social. Dans le monde rural, vous constatez la tournure prise par la campagne arachidière partie pour laisser en rade la transformation industrielle, le transport, le travail saisonnier, etc. De plus, des secteurs entiers comme le tourisme et le transport aérien devront faire face à la deuxième vague de la pandémie du Covid-19 qui sévit en Europe. Les récents accords de pêche consacrant le bradage de nos ressources halieutiques pour des miettes ont fini de ruiner tout espoir de relancer un secteur aussi stratégique. Les premières manifestations du malaise social sont perceptibles avec l’exil massif et macabre des jeunes qui se jettent en mer pour fuir la vie intenable que leur réserve le pouvoir malgré les promesses, discours et slogans. Quant à l’opposition, elle est en train de se compter et de se réorganiser pour prendre en charge les revendications des populations, de dénoncer les travers du régime et de formuler des propositions alternatives crédibles aux politiques publiques désastreuses. Par ailleurs, elle se bat pour le respect du calendrier républicain et l’intégrité électorale.

Que pensez-vous justement du ralliement de Idrissa Seck à la majorité et qui a dicté cette recomposition ?
Cette partie de l’opposition qui a choisi de rejoindre le camp du pouvoir de façon cavalière renvoie une image très mauvaise de politiciens qui vivent de combinaisons sans aucune préoccupation pour les populations. Ils ne seront pas d’un grand apport pour le pouvoir du fait de leur décrédibilisation et leur comportement invite l’opposition à plus de vigilance. Il a un problème de finances peut-être, et pour nous avoir habitués à ses attitudes de reniement et de tortuosité, Idrissa Seck ne me surprend guère. C’est un cas immoral qui manque d’éthique parce que les Sénégalais et les jeunes générations ne doivent pas s’inspirer du modèle de Idrissa Seck. Qu’est-ce qu’il peut apporter au Sénégal sur le plan économique là où il est, c’est-à-dire le Conseil économique, social et environnemental ? Rien du tout. Ils ont essayé de bluffer les Sénégalais avec des micmacs et la «combine» politique. Le Cese est, au contraire, une institution budgétivore sans aucune utilité. C’est vraiment manquer du respect aux Sénégalais. Idrissa Seck est vomi par les Sénégalais qui le connaissent depuis très longtemps. Il n’a pas trahi le Peuple, il n’a fait que récidiver puisqu’il l’avait fait avec Wade.

Macky Sall a-t-il vraiment apporté les changements que les Séné­galais attendaient de lui ?
Macky Sall et son régime ont échoué. Le Sénégal est malade et le Pse l’a mis dans le coma. Nous avons un programme d’urgence qui est Tabax, c’est-à-dire bâtir un pays mis à genoux. Macky doit faire un programme de rectification pour redresser ce pays. Et pourtant le Sénégal a des ressources inexploitées et l’essentiel de l’économie est basé sur les recettes fiscales. Au­jourd’hui Macky Sall a préféré faire des dépenses de prestige, construire le Centre international de conférence Abdou Diouf à hauteur de 50 milliards de francs Cfa, le Ter qu’il a déjà inauguré et qui depuis plus d’un an peine à démarrer, le Brt avec plus de 300 milliards de francs Cfa qui n’a aucune utilité sur la vie des Sénégalais. Autant de projets qui posent problème. Tant que ce changement de cap n’a pas lieu, le Sénégal va davantage sombrer. Maintenant qu’il ne sait plus où mener ce pays, on lui demande en premier de fixer la date des élections locales.

Est-ce qu’aujourd’hui votre parti ne regrette pas d’avoir quitté la coalition Jotna ?
Au contraire ! Le choix de sortir de la coalition Jotna pour mettre en place la coalition Tabax est bien réfléchi et a été clairement expliqué. Nous mettons l’accent plus sur la mise en place de la nouvelle coalition que sur la sortie d’une coalition. Ce n’est pas un choix contre Jotna, c’est un nouveau positionnement pour renforcer l’opposition d’un nouveau pôle après la migration d’une partie significative de l’opposition vers le pouvoir. C’est simple, tout le reste n’est que spéculations improductives.

Pensez-vous que votre leader peut diriger ce pays ?
Si c’était une nomination, il serait difficile de l’écarter. Jugez-en vous même ! Bou­bacar Camara capitalise une parfaite connaissance et une immense expérience de l’Administration publique. Il a arpenté les secteurs les plus essentiels (douane, coopération internationale, infrastructures, énergie, aménagement du territoire, coopération décentralisée, transports, inspection générale d’Etat). Dans le secteur privé, il a fait ses preuves dans le domaine industriel, commercial et dans les professions libérales. Issu d’un milieu populaire et proche des villes comme des campagnes, il est connu pour son sérieux et son intégrité morale. De surcroit, son programme Tabax est prêt à l’emploi. Bref, il est un très bon profil pour redresser le Sénégal.

Votre parti ira-t-il aux prochaines Locales seul ou en coalition ?
Notre approche pour les élections locales, c’est au cas par cas. Les réalités locales sont tellement différentes que finalement c’est moins un problème de partis politiques ou de face-à-face pouvoir-opposition. La question est de savoir comment composer la meilleure équipe pour prendre en charge les intérêts de la commune et du département. Dans tous les cas, notre position de principe est de nous entendre sur un programme alternatif local pertinent, de nous allier avec les meilleurs profils connus par les populations pour leur intégrité et leur dévouement, de former un bloc avec nos alliés de l’opposition et des mouvements de la Société civile.