En présentant hier sa dernière trilogie romanesque, «Moi, Sidia Diop ou l’astre d’espérance de la Sénégambie au Brésil», «Moi, Rokhaya Diop, la négresse fondamentale qui déplie le temps», «Moi, Ali Yoro Diop ou la pleine lune initiatique», Amadou Elimane Kane a pris le temps de répondre à tous ces «idiots bénis» qui prennent l’Afrique et les Africains pour de la «merde». A savoir Trump, Sarkozy, Macron qu’il considère comme étant du même acabit que Bokassa. Pour lui, c’est là le signe que l’Occident et le Peuple américain sont en train de régresser au moment où l’Afrique, elle, émerge.
Les propos de Trump sur les Africains continuent toujours de susciter l’ire des penseurs africains. Hier, c’était au tour de Amadou Elimane Kane de tirer sur le Président américain, ainsi que sur tous les dirigeants qui ont osé prendre l’Afrique comme un continent arriéré et qui a des défis civilisationnels à relever. Présentant sa dernière trilogie romanesque, l’écrivain a noté : «On se moquait des Africains à partir de Bokassa ou de Bongo. Aujourd’hui, on peut se moquer des Blancs à partir de Trump qui est un idiot béni. Oui, c’est un idiot béni.» Comme aujourd’hui aux Etats Unis, ailleurs en France, il y a aussi d’autres idiots bénis, affirme l’écrivain. «Sarkozy. Et là moins encore, celui qui est là aussi, qui est un idiot béni. Ah oui ! Qui récemment parlait de problèmes civilisationnels ?», demandera-t-il pour ne pas nommer Macron.
Partant de cela, M. Kane réalise que «ces gens» ne sont pas encore sortis des clichés du 19e siècle. Pourtant au même moment, au fin fond du Fouta, ou ailleurs en Casamance, des hommes regardent l’humanité et disent qu’elle est unique et indivisible. «Ils ne sont pas dans ces clichés. Alors qui est progressiste ? Qui porte des valeurs universelles ?», s’interroge encore le poète pour indiquer que l’Afrique n’a rien à envier aux autres. Bien au contraire, c’est ceux-là même qui aujourd’hui disent que «nous sommes des pays de merde, ceux-là qui disent que nous avons des problèmes d’ordre civilisationnel qui sont en train de régresser. Aujourd’hui, le Peuple américain est en train de régresser». Et pour confirmer que l’Afrique est bien en avance sur ces Peuples, Amadou Elimane Kane convoque la Charte du Mandé qui, bien que datant de 1212, proposait déjà une compréhension de l’humain. «Le serment des chasseurs enseigne qu’aucune vie n’est supérieure à une autre. Aucun être humain n’est supérieur à un autre. Un être humain qui pense être au-dessus d’un autre est un aliéné. Comme un être humain qui pense être en dessous d’un autre est un aliéné», rappelle-t-il.
Il y a donc de quoi être fier, selon M. Kane qui, dans sa démarche littéraire, s’appuie sur ce patrimoine culturel, l’héritage historique africain, pour réécrire le récit africain. Un récit libéré de tous caricatures et clichés, comme le revendique sa dernière trilogie romanesque : Moi, Sidia Diop ou l’astre d’espérance de la Sénégambie au Brésil ; Moi, Rokhaya Diop, la négresse fondamentale qui déplie le temps ou encore Moi, Ali Yoro Diop ou la pleine lune initiatique. «Dans cette trilogie, je fais émerger toutes ces données. C’est à nous de porter notre propre discours sur nous-mêmes, et par-delà sur l’humanité. C’est à nous de faire émerger toutes ces valeurs qui sont là et qui existent depuis nos ancêtres. Aimer l’Afrique, porter l’Afrique aujourd’hui, c’est réinventer le récit que nous en faisons», soutient-il.
Partant d’un personnage, Rokhaya Diop, Amadou Elimane Kane tisse dans Moi, Rokhaya Diop, la négresse fondamentale qui déplie le temps l’histoire d’une jeune femme issue de l’émigration et qui, de par le travail, porte toutes ces valeurs fondamentalement africaines. Ailleurs dans Moi, Sidia Diop ou l’astre d’espérance de la Sénégambie au Brésil ou dans Moi, Ali Yoro Diop, ou la pleine lune initiatique, l’auteur part de personnages et de faits historiques réels pour interpeller les consciences. Dans le premier livre, il s’agit de rétablir une vérité oubliée, celle de l’empreinte culturelle négro-africaine dans le nouveau monde. Et dans le second, faire une ode héroïque à la liberté et aux choix d’un Peuple pour sa dignité. C’est là le lieu, pour lui, de s’inscrire dans une grande entreprise de déconstruction.
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