L’éducation est un des moteurs de la transformation du continent. Le Forum Investir en Afrique a posé le thème de l’innovation dans ce secteur. Occasion pour le ministre de l’Ensei­gnement supérieur de présenter l’expérience de l’Université virtuelle du Sénégal (Uvs). Selon le Pr Mary Teuw Niane, elle va être la deuxième université du pays à partir de la prochaine rentrée.

L’Université virtuelle du Sénégal (Uvs) va devenir la deuxième du pays. Selon le ministre de l’Enseignement supérieur, M. Mary Teuw Niane, l’Uvs qui comptait 14 mille étudiants en 2016-2017, va accueillir 8 000 étudiants supplémentaires à la rentrée. «Elle passe à l’âge d’une université adolescente», estime le ministre qui a participé hier au panel organisé dans le cadre du Forum Investir en Afrique. Développer les compétences de la main-d’œuvre actuelle et future : repenser les méthodes d’acquisition de compétences et de services, tel était le thème de ce panel organisé au deuxième jour du forum. Selon le ministre de l’Enseignement supérieur, entre 1970 et 2016, le nombre d’étudiants a cru de façon très rapide alors que dans le même temps, les universités n’ont pas beaucoup évolué en termes d’infrastructures. Raison pour laquelle les problèmes se sont multipliés dans ces espaces. Aujourd’hui, le Pr Niane estime que le numérique est devenu un élément majeur de la formation et que l’enseignement à distance est une solution que le Sénégal s’est empressé d’expérimenter.

Le défi de l’éducation
L’éducation reste un des défis majeurs que le continent africain doit relever. Mais, estime Luis Beneviste, du Pôle d’experts en éducation de la Banque mondiale, les conditions du succès ne sont pas encore réunies. Il renseigne que seuls 33% de la population ont atteint le niveau secondaire. En Chine, la situation est tout autre. Il y a 30 ans, 4% seulement des Chinois avaient une formation universitaire. Aujourd’hui, ce pourcentage est de 30% et il sera de 40% en 2020. Comment ce pays a réussi à faire ce bond ? Les experts de la Banque mondiale indiquent que le gouvernement central a investi dans le développement de compétences dans des secteurs clés pour s’adapter au développement économique. Pour le ministre de l’Enseignement supé­rieur, il faut susciter la création d’entreprises dans nos pays : «Nous n’avons pas assez d’entreprises et le tournant majeur, c’est d’arriver à accélérer la création d’entreprises dans le pays.» Pour cela, il préconise un renforcement des filières scientifiques, techniques et de la formation professionnelle. Le Sénégal compte en effet peu d’étudiants dans ces filières. Moins de 30%, selon le Pr Niane, suivent des cycles scientifiques. Mais tout n’est pas qu’une question de ressources financières, avertit Ma Shuchao du Shanghai academy of educational sciences. «La Chine alloue moins d’argent dans la formation professionnelle que dans l’éducation primaire et secondaire. Il ne s’agit donc pas d’un problème de ressources financières, mais d’avoir une bonne stratégie», précise-t-il. L’autre option prise par la Chine, c’est d’apprendre des autres. «Depuis les années 1990, nous avons collaboré avec l’Allemagne et l’Australie pour nous inspirer de leur modèle et avons développé des liens importants entre le secteur privé et les universités», ajoute M. Ma. A ce sujet, il estime que l’Afrique peut beaucoup apprendre de la Chine. «Les résultats de l’exemple chinois montrent que le développement du système éducatif est une condition préalable au développement économique rapide et non l’inverse», constate la Banque mondiale dans son rapport sur les Sauts technologiques. Là encore, le ministre de l’Enseignement supérieur du Sénégal a mis en avant les expériences sénégalaises en la matière. Mary Teuw Niane donne en effet l’exemple du Programme sénégalais pour l’entreprenariat des jeunes qui consiste à former des jeunes avec un niveau Bac+2, ou plus, à être des entrepreneurs. Au terme de la formation, ces jeunes sont intégrés dans un incubateur où ils sont accompagnés et peuvent bénéficier de financements.
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