11 pêcheurs de la Langue de Barbarie dont 7 membres d’une même famille ont perdu la vie en mer, après avoir été portés disparus pendant plus de 9 jours suite à une partie de pêche qui devait en principe durer quatre jours. 4 autres sont toujours introuvables et considérés comme morts, après le chavirement de leurs embarcations à l’embouchure.

La Langue de Barbarie doit supporter une nouvelle épreuve. Avec la mort de 7 pêcheurs d’une même famille et habitant le quartier Goxu Mbacc, la communauté des «moles» est dans le désarroi. Ils étaient partis en mer le 4 février dernier pour une partie de pêche communément appelée dans le jargon des gens de la mer «marée». Elle devait en principe durer au maximum 4 jours seulement. Malheureusement, ils ne reviendront jamais malgré les recherches engagées par leurs familles, aidées en cela par les autres pêcheurs de la Langue. Au total, six pirogues avaient été envoyées à leur recherche, mais en vain. Finalement, leurs parents se sont résolus à faire le deuil après avoir retrouvé la pirogue avec à bord une personne sans vie, identifiée comme étant un membre de l’équipage.
Avant que cette affaire ne finisse de faire du bruit dans la vieille ville, une autre est survenue, toujours dans cette partie de la ville qui polarise toutes les activités de pêche, mais cette fois-ci dans l’embouchure du fleuve Sénégal avec le chavirement samedi matin d’une pirogue qui avait à son bord 5 membres d’équipage appartenant à une même famille. Un seul rescapé, nommé Pape Cheikh Guèye, a été identifié et les 4 autres portés disparus. Ces cinq pêcheurs appartiennent également à une même famille et sont certainement décédés, selon le témoignage de certains pêcheurs chevronnés qui nous ont fait savoir qu’avec la température qu’il fait sur cette partie de la mer et la profondeur de l’eau, aucune personne ne peut y survivre pendant plusieurs heures.
Ces deux accidents viennent allonger la liste des nombreux pêcheurs disparus en mer et surtout à l’embouchure qui continue d’être un mouroir pour les pêcheurs. Depuis l’ouverture de la brèche en 2003, au moins 450 pêcheurs y ont perdu la vie suite au chavirement de leurs pirogues. Par ailleurs, les pertes en matériel, provoquées par ces accidents sont estimées à plusieurs dizaines de milliards. Cette situation avait amené les pêcheurs à exiger du gouvernement le dragage et le balisage, mais aussi la stabilisation de cette brèche.
Après plusieurs années d’attentes et d’annonces, les travaux ont été finalement lancés le 12 novembre dernier en grande pompe par le ministre de la Pêche et de l’économie maritime Alioune Ndoye et le maire de Saint-Louis Mansour Faye. L’entreprise retenue avait ainsi démarré les travaux quelques jours après le lancement avant de quitter le chantier officiellement pour des raisons techniques. Depuis lors c’est le statu quo. En outre, l’Etat n’a jusque-là pas mis en place un dispositif permettant au Centre de surveillance côtière où à la Marine nationale de procéder à des recherches pour trouver d’éventuels survivants en cas de chavirement ou de disparition de pirogues. En attendant la reprise des travaux ou la mise en place d’un dispositif de surveillance digne de ce nom, les populations de la Langue de Barbarie en général et les pêcheurs en particulier continuent impuissants de compter leurs morts.