Il s’appelle Pleth-Suka Koffi Daniel Elvis. D’origine togolaise, l’expert en Marketing, venu s’installer au Sénégal depuis quelque temps, a partagé son expérience avec la Ligue de basket de Louga sur les techniques relatives au sponsoring et au mécénat dans le cadre d’une formation. Entretien.Pouvez-vous revenir sur cette formation à l’intention de la Ligue de basket de Louga que vous aviez eu à animer récemment ?
Exactement, de façon précise, on a parlé de marketing et de mécénat. Maintenant pourquoi le sponsoring et le mécénat ? D’abord nous avons fait une petite enquête de façon globale sur le sport sénégalais, mais on s’est rendu compte, hormis les problèmes politiques liés au développement du sport, il y a également un problème relatif au financement. Et qui dit financement dans le sport dit financement public, financement privé. Et on sait tous que la capacité de l’Etat est limitée. Donc la plupart des clubs pour se développer doivent se tourner vers le financement privé à savoir le sponsoring pour ne pas dire mécénat, parrainage. Je pense que cette formation était très importante pour eux. Déjà le sponsoring c’est un métier, ça s’apprend. Il y a des marches intrinsèques. C’est-à-dire pour chercher un sponsor, il ne s’agit de faire un dossier et d’aller le déposer. Non, il y a une démarche derrière, il y a une méthodologie à suivre avant de faire le dossier et d’entrer en contact avec l’entreprise. Je pense que cette formation a été une occasion pour la Ligue de basket de Louga de pouvoir comprendre la démarche à suivre pour pouvoir obtenir des sponsors.
Concrètement quel bilan tirez-vous de cette formation ?
Nous avons formé une trentaine de personnes issues de la Ligue de Louga de basket. Cette formation s’est tenue en une journée. Ceux qui ont bénéficié de cette formation ont reçu leurs attestions en présence du président de la Ligue de basket de Louga et de l’Inspecteur des sports.
Déjà juste après, j’ai reçu trois à quatre appels de différentes personnes dont le Secrétaire général de la Ligue de basket. Nous avons également un représentant de la Fédération sénégalaise de basket qui était présent. Ils m’ont contacté dans la mise en place. Puisque vous êtes sans savoir que cette formation n’est pas faite pour la laisser dans le vide. Il y a un accompagnement d’un mois qui est prévu et pendant lequel nous sommes disponibles à les accompagner dans tous les projets. Ce qui prouve la volonté de mettre en œuvre ce qu’ils ont appris. C’est qu’à Louga, ce que j’ai dispensé c’est la méthodologie de travail. Pour obtenir un sponsor, on n’a pas besoin aujourd’hui de travailler pendant neuf mois. Il y a une méthodologie qui fonctionne très bien. C’est cette méthodologie qui a été condensée au maximum et qui leur a été donnée. Ils ont le nécessaire pour commencer quelque chose de palpable.
Qu’est-ce qui explique les blocages qui font que les clubs sénégalais peinent à trouver des sponsors après votre diagnostic ?
Ce blocage je peux le situer à plusieurs niveaux. Au niveau administratif. Et quand on parle de l’administration, on parle de l’instance de gestion de ces clubs-là qui à mon avis ne sont pas à 100% structurés. Vous n’êtes pas sans savoir que les entreprises aujourd’hui que ce soit dans le cadre du sponsoring, du mécénat, sont très exigeantes. Et de par le passé, elles ont eu de très mauvaises expériences. Ce qui explique leur exigence. Il y a des entreprises qui ont financé des clubs et qui finalement n’ont pas eu de retour sur investissement ni de compte rendu où on essaie d’évaluer la saison. A savoir ce qui a été fait et ce qui n’a pas été fait. Quels sont les financements qui ont été consentis ? Comment ça a été géré ? C’est ce qui fait que les entreprises aujourd’hui sont réticentes vis-à-vis des clubs qui ne sont pas structurés. Mécénat et sponsoring sont quelques leviers parmi tant d’autres. Parce que normalement le sport tel qu’il est présenté en Afrique vit de la vente de ses joueurs. Ça fait partie des axes sur lesquels le sport, le football par exemple, peut s’appuyer pour pouvoir se développer. Maintenant, il revient à ce que tout soit structuré, que ça soit géré pour qu’il y ait des retombées financières qui puissent être redistribuées aux clubs. La vente d’un joueur qui évolue dans un club ne peut profiter seulement au président. C’est un capital dont une partie doit être réinvesti dans le club. C’est révolu de voir un club vivre de la poche de son président. Ce modèle ne pourra vivre dans le 21ème siècle. C’est donc le moment pour ces clubs de formaliser leurs activités pour qu’ils comprennent que la vie du club ne doit dépendre que du président. On va donc continuer à travailler pour pouvoir créer des opportunités pour ces clubs.
Comptez-vous vous ouvrir aux autres disciplines pour les faire bénéficier de cette formation ?
Oui évidemment le football c’est le sport roi. J’ai choisi le basket parce que je fus un basketteur qui n’a pu «compétir» au plus haut niveau. Mais qui a un fort attachement à ce sport. Ce programme sera étendu à d’autres disciplines. Et même une tournée nationale et régionale est prévue au Sénégal et en Afrique de l’Ouest. Justement concernant le football, on a suffisamment de données analytiques sur cette discipline qui nous permet d’analyser l’environnement du sport au Sénégal. L’analyse de cet environnement nous a permis de tirer beaucoup d’informations. Et j’ai eu la chance de participer à l’Assemblée générale d’informations de la Fédération sénégalaise de football en décembre passé et j’ai échangé avec le président Me Augustin Senghor sur les différentes politiques. Voilà aujourd’hui oui, j’attends l’occasion d’avoir un œil sur le football sénégalais. Le football sénégalais a toujours cette renommée d’antan de manière globale en Afrique de l’Ouest. Il est reconnu comme une Nation très forte. Mais en termes d’organisation, je constate que les clubs ne sont pas suffisamment financés.