120 milliards F pour la campagne agricole : L’Armée distribue les semences

La saison passée, le budget alloué à la campagne agricole atteignait, pour la toute première fois, 100 milliards francs. Pour cette année, il connaîtra une augmentation de 20%. Le Premier ministre Ousmane Sonko l’a annoncé vendredi, lors du Conseil interministériel pour la préparation de la campagne agricole 2024 organisé au Cicad. 23 mesures ont été prises pour de meilleures performances agricoles à l’issue de la rencontre.Par Alioune Badara NDIAYE –
Le budget de la campagne agricole 2024 connaît une hausse de 20% par rapport à la précédente pour laquelle le gouvernement avait mobilisé le montant record de 100 milliards francs Cfa. Le Pm Ousmane Sonko en a fait l’annonce vendredi, lors du Conseil interministériel dédié à la préparation de la campagne de production agricole hivernale 2024 tenu au Cicad de Diamniadio. «J’engage Monsieur le ministre des Finances à inscrire dans le budget, les montants requis pour la subvention de 120 milliards retenue pour la campagne de production agricole 2024», a dit M. Sonko dans sa lecture des 23 décisions prises à l’issue de la rencontre. La mise à disposition de ce budget et les autres décisions prises viennent marquer, selon le Premier ministre, l’amorce de la nouvelle dynamique enclenchée par le régime pour l’atteinte de la souveraineté alimentaire. La première décision concerne la dette due aux opérateurs, et sur la question, M. Sonko a recommandé au ministre des Finances et du budget de solder celles concernant les campagnes 2021-2022 et 2022-2023. Celle au titre de la campagne 2023-2024 fera l’objet d’un audit à soumettre à validation. Outre la dette aux opérateurs, c’est toute la chaîne qui est visée pour le renouveau annoncé de l’agriculture. Des commissions de distribution à la gestion du matériel agricole, en passant par la fourniture des semences, engrais et produits phytosanitaires ou encore la mobilisation des financements, la gestion des infrastructures de stockage, ainsi que les moyens logistiques et leur mutualisation, rien ne semble être laissé au hasard dans cette quête de performances agricoles. Toutes ces décisions prises devront se faire, d’après le Pm, dans le respect des principes de transparence, d’intégrité, d’économie et d’efficacité, dans l’octroi des agréments, en portant une attention particulière à la solvabilité des opérateurs. «Avec la doctrine de souveraineté alimentaire, il s’agit de faire de l’agriculture le levier essentiel du développement économique, inclusif et durable de notre pays, le principal moteur de la croissance économique et le régulateur des équilibres macroéconomiques», a d’ailleurs rappelé M. Sonko dans son discours d’ouverture, tout en soulignant que l’agriculture devrait désormais jouer un rôle prépondérant dans la création d’emplois pour les jeunes et les femmes, la lutte contre l’émigration irrégulière et l’éradication progressive de la pauvreté. Il a ainsi rappelé les ressources financières de l’ordre de 310 milliards francs allouées par le gouvernement dans la subvention des intrants agricoles entre 2020 et 2023. «Malheureusement, il faut constater et regretter que ces importants moyens financiers n’aient pas profité aux véritables cibles. Il y a donc lieu d’opérer une rupture au niveau des mécanismes de subvention et de financement, comme sur le ciblage des bénéficiaires. Désormais, les ressources et moyens consentis pour l’agriculture iront à ceux qui la pratiquent», a-t-il fait prévaloir, tout en s’engageant à faire de la présente campagne l’amorce des ruptures en matière d’organisation et de procédure.
L’Armée au cœur du dispositif
Pour plus d’efficacité dans cette voie, le chef du gouvernement compte mettre à profit l’Armée, en ressuscitant la Cellule logistique militaire détachée au sein du ministère pour la gestion des semences, engrais et produits phytosanitaires. La mise en place des commissions de cession des intrants «en quantité et en qualité», qui va démarrer au plus tard le 13 mai, selon le Pm, va se faire aussi avec l’implication de l’Armée. «J’engage Monsieur le ministre chargé de l’Agriculture à recenser, en relation avec le ministre des Forces armées, les infrastructures de stockage de semences et d’engrais existantes sous tutelle des différents départements ministériels, et à les mettre à disposition pour la campagne agricole», a encore relevé M. Sonko comme autre attribution conférée à l’Armée sur ce registre. «Ce nouveau dispositif organisationnel va se développer au-delà de cet hivernage à travers le processus de digitalisation du système de distribution des intrants agricoles et leur sécurisation par les Forces de sécurité et de défense. Dans cette perspective, seront organisées des sessions de renforcement de capacités sur les nouveaux schémas de financement du secteur agricole», a insisté le Pm. Il a par ailleurs, sur la question du financement, exhorté le ministre des Finances à entreprendre des concertations avec les banques et institutions financières du pays pour une implication renforcée de leur part dans le financement de la campagne agricole. Le Pm a aussi plaidé la nécessité, pour la Bceao et le Conseil des ministres de l’Union, d’adapter la réglementation prudentielle applicable aux spécificités du secteur agricole. Le Pm a par ailleurs commandité un audit du programme Intermaq et Sismar, fruit d’un partenariat public-privé pour l’acquisition et la distribution de matériels agricoles, magasins de stockage d’intrants agricoles et matériels de stockage. Un programme évalué à 85 milliards de francs.
Pour le suivi de la mise en œuvre des décisions issues de la rencontre, le Pm en a dévolu la charge au ministre-Secrétaire général du gouvernement, en rapport avec les ministres concernés ; le tout sous sa supervision à travers un compte rendu régulier.
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