Si Karl Marx a mis près de 20 ans pour rédiger Le Capital sans toutefois pouvoir l’achever, sa lecture a rebuté plus d’un lecteur et même d’ardents marxistes. Œuvre colossale, seul son livre premier a été publié de son vivant. Son analyse du processus de production du système capitaliste a marqué un tournant dans l’histoire de l’humanité, bouleversant la trame du siècle suivant. 150 ans après sa parution, la Fondation Rosa Luxemburg et l’Africaine de recherche et de coopération pour l’appui au développement endogène (Arcade) ont invité dans le cadre des Samedis de l’économie, Samir Amin, penseur africain reconnu pour sa connaissance approfondie du marxisme. Mue par la pensée de l’auteur allemand depuis plus de 60 ans, il demeure tout comme lui convaincu que le capitalisme n’est pas sans fin : «Nous sommes dans un moment qui est l’automne du capitalisme, celui-ci a une très longue histoire de 10 siècles. Une période de floraison grandiose à laquelle l’humanité a payé un prix terrible. Nous sommes rentrés dans une période de long déclin, mais qui ne correspond pas automatiquement au printemps des peuples. Il ne le deviendra que lorsque précisémment au niveau de l’action sociale et politique, les blocs sociaux alternatifs auront été constitués et dans la capacité de mettre en œuvre une pensée stratégique. Nous sommes très loin de cela.» Samir Amin insiste en soutenant que «l’approfondissement de la connaissance est fondamentale» pour bâtir des alternatives. En l’occurrence, il constate que la pensée qui anime la gauche et notamment la gauche sénégalaise est pénalisée par son caractère «approximatif» y compris celle qui «se revendique du marxisme révolutionnaire». Dans le contexte d’une société mondiale, il estime qu’on ne peut remplacer «la vulgate bourgeoise par une pensée aussi faible au regard de la société universelle qu’il reste à bâtir». Si Marx avait anticipé l’inexorable déclin du capitalisme, après avoir détruit les deux principales sources de profit, le travail et la terre, il ne lui reste plus que la spéculation à grande échelle pour survivre. La bataille de la pensée constitue le grand enjeu pour l’humanité à l’image du travail de déconstruction opéré par Karl Marx à l’heure du capitalisme triomphant.
bdavid@lequotidien.sn
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