L’artiste Agnès Brézéphin a été distinguée du premier prix de la Biennale de Dakar, remis par le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, pour son installation intitulée Cabinet de Curiosités. Chambre des Merveilles : «Au Fil de soi(e)». L’artiste, informe Maya Meddeb, son attachée de presse, est actuellement en résidence de création sur l’île de Gorée pour une œuvre dédiée à la «mémoire de l’esclavagisme».Par Ousmane SOW –
Agnès Brézéphin a remporté le Grand Prix de la Biennale de Dakar 2024, un honneur décerné pour une installation d’une rare profondeur, intitulée Cabinet de Curiosités. Chambre des Merveilles : «Au Fil de soi(e)». L’artiste, qui a eu l’idée de cette installation depuis un lit d’hôpital, a souhaité en faire un sanctuaire de guérison et de renaissance. Cette œuvre, née d’un processus intime et complexe, aborde des thématiques lourdes comme l’inceste et la violence, tout en mettant en lumière la force de la réparation à travers l’art. Dans l’installation de Agnès Brézéphin, un lit est au centre. «Un lieu de traumatisme pour les victimes d’inceste» que l’artiste reconstitue. «Dans ce cadre onirique, l’artiste tisse, avec des fils de soie, des éléments symboliques, créant un autoportrait intime où chaque détail raconte une part de son histoire. Parmi les artefacts, on trouve des cocons brodés, des perles de haute couture, des grenades évoquant la fertilité, et un édredon d’enfance, rappel de la fragilité et de la résilience.» Et le tout se tisse en un autoportrait subtil et délicat, où la beauté, loin de dissimuler la douleur, la rend visible et partagée. «Les boutons, hommage à ses grands-parents artisans boutonniers chez qui elle trouvait refuge enfant, rappellent cet héritage précieux et la délicatesse des gestes qui unissent passé et présent dans une forme d’art réparatrice. Chaque élément compose un autoportrait subtil et symbolique, où la beauté côtoie l’indicible», note le document.
«Agnès Brézéphin est honorée pour la qualité de son travail lors de cette manifestation majeure de l’art contemporain africain, marquée cette année par le thème : «L’Eveil, le Sillage.» La reconnaissance de son œuvre résonne comme un acte fort, porteur d’espoir pour de profonds changements sociétaux», fait savoir Maya Meddeb, son attachée de presse. Le document rappelle que c’est in extremis que l’artiste décide d’inscrire son œuvre à la Biennale de Dakar, trois jours avant la date limite. «Dans cette course contre le temps, elle réalise la broderie minutieuse de ses pièces, tandis que Paola Lavra, curatrice et co-auteure de l’installation, l’accompagne par l’écriture, créant ainsi un duo créatif puissant et complémentaire», rapporte le document.
« L’art pour réparer, et éveiller les consciences»
Depuis plus de 40 ans, Agnès Brézéphin utilise son art pour explorer les souffrances humaines, mais aussi les voies de la guérison. A travers la broderie, la couture et les symboles, elle incarne cette alchimie subtile entre souffrance et beauté, entre l’indicible et l’expression. Ses œuvres, profondément engagées, invitent à une réflexion collective, mais aussi intime. «L’art pour réparer, et éveiller les consciences. Par son travail, elle crée un espace apaisé où se rencontrent des voix plurielles et singulières, invitant le public à une réflexion intime et universelle», peut-on lire dans le communiqué. L’artiste poursuit aujourd’hui son travail avec l’association Univers’elles et la Maison Rose de Guédiawaye, édifiée en 2008 par Mona Chasserio. «Agnès Brézéphin et Paola Lavra souhaitent donner suite à une précieuse collaboration afin de croiser les histoires douloureuses des femmes victimes de violence et d’inceste, et tisser un récit commun de reconstruction et d’espoir», souligne le document. La lauréate 2024 du Dak’Art est actuellement en résidence à l’île de Gorée. «Agnès Brézéphin est actuellement en résidence de création sur l’île de Gorée pour une œuvre dédiée à la mémoire de l’esclavagisme», a informé l’attachée de presse de l’artiste, Maya Meddeb.