1er décembre 1944 à Thiaroye dans la banlieue dakaroise au Sénégal : massacre de centaines de Tirailleurs «sénégalais» par l’Armée française (SUITE ET FIN)

La «Gauche» des pays dominés anciennement colonisés, qui a viré sa cuti, est mal placée pour faire la leçon à cette «Gauche» française. Par exemple au Sénégal, la Présidence et la Primature (siège du Premier ministre) furent considérées jusqu’à récemment comme un repaire d’entrisme d’anciens maoïstes, trotskystes, anarchistes, etc. Dans les pays d’Afrique noire, force est de reconnaître que les tirailleurs bénéficièrent d’une certaine aura et suscitèrent la fierté dans de nombreuses familles même élargies. Mais il n’en demeure pas moins l’existence d’un imaginaire négatif provoqué par le passage des tirailleurs dans différents pays contre leurs luttes de libération nationale, qui semble être inconnu et/ou refoulé par les présumées élites. Par exemple au Madagascar, les femmes, pour faire taire leurs enfants qui pleurent, les menacent d’appeler les «Tirailleurs sénégalais». Et c’est dire, les tirailleurs ont dû y laisser une réputation tout sauf glorieuse. De même au Vietnam, les descendant-e-s, qui furent le fruit de la «collaboration horizontale» de femmes vietnamiennes et de Tirailleurs africains, firent toujours l’objet de stigmatisations. Il ne s’agit nullement d’accabler les tirailleurs qui furent en général enrôlés de force comme le furent les «Malgré nous» en Alsace embrigadés par l’Allemagne sous l’occupation pour «servir» dans les pays de l’Est. Contre ces malentendus ou préjugés, des initiatives de contact et d’explications pourraient être prises entre Etats ou entre associations des différents Etats concernés.
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Il en résulte que cela constitue une révolte à genoux d’esclaves que des Africains demandent quelque chose à l’Etat français parce que leurs ancêtres se sont battus ou sont morts pour la France. C’est un signe de servilité. La déviation symétrique existe au niveau de certaines organisations politiques en France ou une partie de la population française motivant la reconnaissance de certains droits à des étrangers africains d’une manière utilitariste : par exemple, «leurs ancêtres ont contribué à notre libération» ou bien «ils nous sont utiles économiquement pour une population vieillissante que nous sommes, surtout en faisant des tâches que nous ne voulons pas faire». Tout autre est l’approche anti-impérialiste internationaliste considérant une planète dominée par un système capitaliste où circulent sans entraves les capitaux, les marchandises et les biens immatériels. Au niveau des êtres humains, la liberté de circulation est refusée, pour l’essentiel, seulement aux prolétaires de pays dominés. Les classes dominantes de tous les pays se déplacent sans problèmes. Il en est de même pour les citoyen-ne-s des pays impérialistes sous condition de pouvoir économique.
De ce constat, il peut en découler la revendication suivante :
Liberté de circulation, d’installation de tous les prolétaires nomades en France ou ailleurs ;
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Egalité complète des droits entre tous les travailleurs, y compris le droit de vote à toutes les élections. C’est un postulat comme base d’une lutte pour une véritable émancipation sociale en France et une lutte pour la libération de la domination impérialiste des peuples dominés, voire au-delà. Il y a un terreau pour ce socle, à savoir la solidarité active et agissante de nombreuses associations et de plusieurs organisations de la Gauche véritable envers les sans-papiers. Grâce aux nombreuses engrangées dans ces luttes, les «clandestins» sont devenus des sans-papiers gagnant en visibilité et aussi en dignité.
Mais cela ne suffit pas comme plateforme au regard du pillage économique, culturel enduré durant des siècles avec le maintien de bases militaires françaises dans différents pays d’Afrique. A cet effet, on devrait aller au-delà de la réhabilitation matérielle légitime des tirailleurs et exiger :
La remise de toutes les dettes contractées vis-à-vis de la France par ses ex-colonies ;
L’abandon sans contrepartie de tous les intérêts économiques français dans les ex-colonies françaises d’Afrique, en particulier les implantations de tous les monopoles impérialistes ;
La fermeture de toutes les bases militaires françaises et le retrait de toutes les troupes militaires françaises en Afrique.
Maniang FALL – matar@pt.lu