L’appel du pied du Président Diomaye Faye à l’endroit du patronat français n’est pas sans montrer une nouvelle tournure dans les relations entre le Sénégal et la France.
Ce revirement spectaculaire de nos autorités à l’égard de la France, rappelle à bien des égards, le discours de Ousmane Sonko devant les deux médias français, France 24 et Rfi.
L’opposant d’alors, Ousmane Sonko, qui s’était fait remarquer par ses attaques répétées contre la France, était subitement devenu très conciliant avec le pays de Marianne. Et on s’était alors interrogé sur les vraies raisons de cette grande bifurcation du leader de Pastef. Il faut dire que le contexte préélectoral de la Présidentielle de 2024, et les remous politiques en lien avec l’affaire Adji Sarr, ont été pour beaucoup dans ce repli stratégique du leader de Pastef. Et on avait vu Ousmane Sonko agir en politique, avec toutes les règles de la courtoisie, de la bienséance et de la realpolitik.
Le politologue Babacar Justin Ndiaye, qui maîtrise les arcanes de la géopolitique africaine, avait porté un jugement assez lucide sur cette sortie du leader de Pastef : «Ce discours douceureux et ondoyant envers la France dont l’influence reste encore prégnante au Sénégal, reflète une démarche stratégiquement compréhensible et intelligente…»
Le 23 septembre 2025, Ousmane Sonko était invité à Paris, pour participer au forum d’affaires BIG (BPfrance Inno Génération). Ce qui semble être une réponse du Patronat français à la sollicitation du Président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye. Mais le voyage de Paris n’aura finalement pas lieu, pour des raisons à la fois objectives et subjectives.
Tout compte fait, la situation entre les deux pays se porte mieux, et par ce fait-même, les ressentiments et les réminiscences inutiles ne devraient plus avoir de place dans cette vieille relation. Les autorités du pays ont heureusement compris que le discours hostile à l’égard de la France ne sert à rien du tout. A part, bien sûr, desservir le Sénégal et réduire ses chances à l’international. Ils ont ainsi adopté une nouvelle stratégie, pour mieux séduire les partenaires du Sénégal. Et c’est tant mieux pour notre pays.
Il est à comprendre qu’il serait très difficile d’exclure la France de l’histoire du Sénégal, comme le Sénégal figure dans une bonne partie de l’histoire de la France. Ces deux pays ont alors intérêt à cheminer ensemble, et le fait de le reconnaître est à la fois du réalisme politique et de l’intelligence stratégique.
Maintenant, au-delà de cette accalmie, et l’importance que nos autorités ont à accorder au privé international, c’est d’abord le privé national sénégalais qui doit être la priorité du régime actuel. Il est remarqué, depuis quelque temps, que beaucoup d’entreprises sénégalaises sont en difficulté, et l’Etat du Sénégal tarde à régler la dette intérieure du pays.
Pastef, qui a aujourd’hui de sérieux problèmes pour faire décoller l’économie sénégalaise,  a-t-il intérêt à casser la dynamique du privé national sénégalais, qui est enclenchée depuis fort longtemps ? On ne peut en tout cas affaiblir le privé national, et en même temps revendiquer un soutien au Patronat sénégalais ! En sus du privé national, la presse et la Société civile, qui sont des composantes essentielles du système démocratique sénégalais, ne sont pas épargnées par la politique de neutralisation et d’accaparement de Pastef.
Finalement, Pastef semble vouloir détenir le monopole du pouvoir politique, du pouvoir économique, de l’information, de la communication et des réseaux d’influence.
Ainsi, dans ce pays, être riche est devenu suspect, être célèbre un danger, être influent une menace ! Mais attention au retour de flamme qui peut être désastreux pour le régime en place !
Babacar Papis SAMBA
La Pensée complexe