Si sur le plan économique et social, Macky Sall peut se targuer d’un bon bilan, sa gouvernance a divisé les Sénégalais durant son septennat. Son second mandat pourrait lui permettre de rectifier le tir.
«Gouvernance sobre et vertueuse», «la Patrie avant le parti» ou la «rupture»… Au lendemain de ce 25 mars 2012, le Sénégal sous Macky Sall affiche une ferme volonté d’assainir la gouvernance politique. Après 7 ans, le moins que l’on puisse dire c’est que ces slogans ont peiné à se matérialiser dans la dure réalité de la politique. Quoique, le 24 février, cela ne lui a pas été fatal par des sanctions négatives. Mais loin de faire le bilan, il faut retenir que dans la lutte contre le détournement des deniers publics très décrié durant le régime de Me Abdoulaye Wade, le régime de Macky Sall n’a pas connu beaucoup d’avancées. Pis, ce ne sont que des opposants qui ont été envoyés en prison. La liste des 25 personnalités du régime libéral dressée par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) dort dans les tiroirs de la justice.
A part Karim Wade et Tahibou Ndiaye, la Crei réactivée par le Président Sall, n’a pas eu beaucoup de travail à faire. Le téméraire procureur Alioune Ndao qui a voulu percer dans ce dossier, a été éjecté sans ménagement par l’Exécutif. Pourtant, au début de son septennat, Macky Sall affichait son intention de lutter contre la prévarication des ressources publiques et la corruption. L’Office national anti-corruption (Ofnac) a été ainsi mis sur pied. Ses premières enquêtes épinglent de nombreux responsables du régime comme Cheikh Oumar Hann du Coud, Siré Dia de la Poste. Si l’Ofnac, dans ses statuts, peut saisir directement le procureur, aucune information judiciaire n’est ouverte.
Mais dans le parallélisme des formes, un rapport de l’Inspection générale d’Etat (Ige) relève des manquements dans l’utilisation de la caisse d’avance de la Ville de Dakar portant sur la somme de 1,8 milliard de francs Cfa. La suite est connue de tous. En moins de 2 ans, le dossier est bouclé et l’opposant Khalifa Sall est condamné à 5 ans de prison ferme. Il est révoqué de ses fonctions de maire puis radié de l’Assemblée nationale.
L’impression d’une traque aux opposants prend forme. Depuis 2012, le Président Sall a toujours eu des rapports heurtés avec son opposition. Sa réélection le 24 février dernier, n’est toujours pas reconnue par les candidats de l’opposition. C’est parce qu’aussi les antécédents ont été lourds. L’opposition garde toujours en travers la gorge les interdictions de manifester devant la Place Washington. L’arrêté Ousmane Ngom érigé par le régime de Wade leur a toujours été opposé. Durant son premier mandat, Macky Sall s’est également signalé par ses promesses non tenues. La durée du mandat présidentiel de 7 à 5 ans, la mise en place d’un gouvernement de 25 ministres, la nomination de son frère Aliou Sall, promotion de la transhumance,…
Second mandat, seconde chance…
Dans ses bons points, le Président Sall a voulu régler la limitation du nombre de mandats présidentiels à deux en introduisant la disposition que «nul ne peut faire plus de deux mandats». Dans son appel au dialogue, cette question polémique pourrait être définitivement réglée. Macky Sall a aussi plafonné l’âge des candidats à la Présidentielle à 75 ans lors du référendum du 20 mars 2017. Durant cette consultation, les pouvoirs de l’Assemblée nationale ont été renforcés dans le cadre du contrôle de la gestion de l’Exécutif. De nouveaux droits sont promus en faveur des populations vivant dans les zones où sont exploitées les ressources naturelles. Incontestablement, le parrainage pourrait être dans le bilan positif du Président Macky Sall. Cette réforme controversée et votée sans débats à l’Assemblée nationale a permis de flirter de façon drastique les candidatures à la dernière Présidentielle. Avec 5 candidats, l’élection n’était pas difficile à supporter pour les finances publiques. Cependant, un consensus devrait permettre de mieux affiner ce parrainage. Sur les plans économique, social, culturel et sportif, d’importantes réalisations ont été faites. Les délestages sont devenus sous Macky Sall de vieux souvenirs pour les populations et l’inflation sur les prix des denrées a été maîtrisée. A la veille d’un second mandat, ces acquis devraient être renforcés.
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