Prières, louanges dédiées au Sceau des Prophètes (Psl), rythment toujours l’actualité dans le foyer religieux de Maodo Malick Sy. Tivaouane ne désemplit pas, à l’occasion de la cérémonie officielle du 3e jour du rappel à Dieu de Serigne Abdou Aziz Sy «Al Amine», qui marque la fin des obsèques du 6e Khalife général des Tidianes.
On se croirait même à la période du Gamou marquant la commémoration de la naissance du Prophète Mouhamed (Psl). Trois jours après le rappel à Dieu de Abdoul Aziz Sy Al Amine, la capitale de la Tidianiya est le centre d’affluence de fidèles, venus des quatre coins du pays dans la plus grande ferveur religieuse et, surtout, s’offrir l’occasion de revisiter l’œuvre gigantesque du disparu. Tous les regards sont braqués vers Tivaouane, l’épicentre de la Tidianiya en Afrique et dans le monde entier. La cité religieuse, où repose le vénéré Seydi El Hadji Malick Sy, vibre encore au rythme des Zikr, Wazifa, Wird, lecture du Saint Coran. Des milliers de fidèles venant des quatre coins du Sénégal et d’ailleurs, chapelets à la main, font retentir une seule vérité : «Il y a un Seul Dieu et Mouhamed (Psl) est son Messager.» La ville baigne dans une intense ferveur religieuse, qui comble de foi les fidèles musulmans, qui s’empressent de se recueillir devant les tombes des saints de Tivaouane.
Au niveau des différentes «Zawiya», ces temples d’Allah, qui font la fierté de la ville-sainte, c’est l’effervescence des grands moments de recueillement, particulièrement dans les mosquées de Serigne Babacar Sy et de El Hadji Maodo Malick Sy. Dans tous les coins de rue résonnent les sons des décibels, des haut-parleurs, qui transmettent, depuis la Zawiya de Serigne Babacar, les messages du nouveau Khalife général des Tidianes sous l’égide duquel les fidèles communient ensemble dans la ferveur, la foi en Dieu, dans son unicité. Le maître de céans, Serigne Mbaye Sy «Mansour», réserve toujours un accueil empreint de cordialité aux fidèles, qui rivalisent de piété, de dévouement et d’affection. C’est une belle occasion pour eux de revisiter l’œuvre de El Hadji Malick Sy, son dévouement à Dieu et son attachement au Prophète (Psl). Et de rendre un vibrant hommage aux khalifes disparus. Tous ont marqué le Sénégal religieux, ont œuvré pour l’expansion et le triomphe de l’Islam et de son Prophète (Psl). Eux aussi, sont là, bien présents, ces membres du Coskas qui, aux cotés des Forces de l’ordre, ne ménagent aucun effort pour se tirer d’affaires. Ils passent le plus souvent de leur temps à organiser, mener des «opérations de sécurisation», orienter les hôtes qui, une fois arrivés à la cité religieuse, se dirigent tout droit vers l’esplanade des mosquées. Là, trône religieusement le Mausolée de Al Amine.
Dans les environs, des centaines de pèlerins égrènent des chapelets, psalmodiant des prières. Mais attention : les photographies et portraits, les films, sont catégoriquement interdits. Les Tidianes seraient-ils hostiles à tout excès ? Tourneraient-ils résolument le dos au fanatisme ? Que dire de ces talibés mourides, qui sont de la partie ? Ils sont bien là, présents, qui croient à l’unicité de l’islam. Ndiagua Diaw, un de nos interlocuteurs, évoque, lui, les bonnes relations que les Tidianes entretiennent avec les Mourides. C’est l’autre facette du Cheikh, qui est un leader intellectuel, social, théologique, politique et économique. Le quatrième fils de Serigne Babacar Sy (khalife des Tidianes de 1922 à 1957) a toujours laissé apparaître le parcours d’un guide spirituel d’ouverture. Un majestueux homme d’ouverture, de dialogue, de paix, de pardon et de patience qui force toujours l’admiration. Un guide pétri de qualités dont la stature intellectuelle fait de lui un homme de goût, un érudit hors pair, qui a toujours incarné l’idéal d’un homme de Dieu épris de justice, de paix, de moralité, de droiture, etc. Un Cheikh dont on dit être la réincarnation parfaite des valeurs de la sainteté, un baromètre pour sonder le charme et tout le mérite de la famille de Seydi El Hadji Malick Sy. Avec lui, on aura appris que le baobab tient par la profondeur de ses racines et la qualité de sa sève.
Doté d’une capacité d’élévation, de dépassement, de reconsidération hors pair que la société devrait méditer davantage pour redorer son blason, Al Amine s’est toujours intéressé aux liens de parenté très étroits entre les guides spirituels du Mouridisme et de la Tidianiya, connus dans notre pays. Mais rares sont ceux qui savent qu’ils sont tous des descendants de Mame Maharame Mbacké, arrière grand-père du fondateur du mouridisme, Cheikh Ahmadou Bamba et du deuxième Khalife général des Tidianes El Hadj Malick Sy. Sans compter que Mame Abdoul Aziz Sy Dabakh porte le sang de Mame Maharame Mbacké, tant du côté maternel que paternel.
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