Entre 2017 et 2020, 3000 personnes ont été tuées sur les routes. Un vrai drame qui appelle à des réformes ardues comme la réforme du Code de la route avec le durcissement des sanctions, la lutte contre le transport irrégulier, le renforcement des conditions de délivrance des permis de conduire, la réorganisation des auto-écoles.Par Alioune Badara CISS (Correspondant) –

C’est connu : les routes sénégalaises sont des mouroirs. Entre 20217 et 2020, 3000 morts à cause d’accidents de la circulation ont été notés. Une hécatombe ! En 2020, malgré les mesures restrictives dans les transports liées à la lutte contre la propagation du Covid-19, près de 877 décès, soit plus de 70 décès par mois, ont été dénombrés contre 745 en 2019. Soit une hausse de 17 %. Une annonce faite hier par Ousmane Ly, chef de la Division sécurité routière au ministère des Infrastructures, des transports terrestres et du désenclavement, on estime à environ 3000 le nombre de personnes tuées sur nos routes entre 2017 et 2020. Ces chiffres viennent renforcer les données publiées par l’Organisation mon­diale de la santé (Oms), qui estime que les accidents de la circulation causent 1,35 million de morts par an à travers le monde dont 90% sont concentrés dans les pays à faible et moyen revenus, en l’occurrence les Etats africains. En plus des pertes en vies humaines, Il y a aussi à déplorer des blessures graves affectant les usagers de la route.
Malgré le développement et la qualité du réseau routier et autoroutier au Sénégal, la persistance des accidents avec des pertes en vies humaines n’a pas variée. Ousmane Ly ne cache pas son quiétude : «C’est un bilan jugé exorbitant sur une population d’environ 17 millions d’habitants et un parc automobile estimé à 660 000 véhicules.» Comment expliquer cette situation ?  «Elle est en grande partie due à une indiscipline notoire des conducteurs. Des vies perdues à cause de la vitesse, de la fatigue, de la somnolence au volant, de l’alcool et encore, dans la plupart des cas, le non-respect des règles de circulation», a détaillé le chef de la Division sécurité routière au ministère des Infrastructures, des trans­ports terrestres et du désenclavement hier à Saly lors de l’atelier de partage et de plaidoyer du projet Roadmaps to security in Sénégal and Burkina Faso autrement dit «Lutter contre l’insécurité routière sous toutes ses formes au Sénégal et au Burkina Faso», mis en œuvre par consortium Partners global, Partners west Africa -Sénégal et la Fondation pour la sécurité du citoyen, sur financement du Département d’Etat américain à travers le bureau de l’International narcotics and laws enforcement affairs (Inl).
Pour mettre fin à cette tuerie sur les routes, l’Etat, à travers le ministère des Infrastructures, des transports terrestres et du désenclavement, est en train de renforcer son arsenal réglementaire et législatif avec «l’actualisation des textes pour combattre avec plus de fermeté, les comportements irres­ponsables». «Ces réformes commencent à se concrétiser. C’est d’abord à travers une nouvelle loi d’orientation des transports, qui prévoit : l’interdiction formelle d’importation de véhicules accidentés et de toute transformation artisanale de véhicules destinés au transport de marchandises en véhicules de transport de passagers ou de véhicules d’origine afin d’augmenter les places assises ; l’interdiction de l’importation des pneus usagers et le rechapage non contrôlé», énumère Ousmane Ly. Il ajoute : «Il y a aussi le renforcement du contrôle routier en déployant des brigades mixtes sur tout le territoire national ; le renforcement des effectifs des agents et fonctionnaires assermentés du ministère pour les contrôles routiers plus fréquents, réguliers et efficaces, la réorganisation des auto-écoles pour améliorer la formation initiale et continue pour les chauffeurs professionnels.»

Réforme du Code de la route
En plus de ces décisions, l’autorité prévoit aussi d’autres mesures coercitives pour rendre plus sûres nos autoroutes et autoroutes où se disputent l’indiscipline et l’insouciance des chauffeurs. «Nous allons vers la refonte du Code de la route prenant en compte le durcissement des sanctions ; la lutte contre le transport irrégulier ; le renforcement des conditions de délivrance des permis de conduire ; la réorganisation des auto-écoles», enchaîne le chef de la Division de la sécurité routière. Dans le cadre de la deuxième phase du projet «Lutter contre l’insécurité routière sous toutes ses formes au Sénégal et au Burkina Faso» intitulée «Sahel Road Safety Ini­tiative», les autorités administratives précisent qu’elles vont accompagner l’Ong dans la mise en œuvre des activités. Pour cette phase, les capacités des autorités locales et administratives en matière de sécurité routière seront renforcées mais également cette organisation compte aussi sur ces acteurs pour porter le plaidoyer des acteurs locaux de la sécurité routière.
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