La liste des morts liés à l’émigration clandestine continue de s’allonger. 15 jours après le chavirement d’une pirogue à Mbour avec 40 décès et plusieurs personnes portées disparues, une autre embarcation a été retrouvée dans la soirée de dimanche à environ 70 km au large de Dakar avec 30 corps sans vie et en état de décomposition. C’est la chanson de l’été pour une jeunesse désœuvrée.

 

Par Dieynaba KANE – Jusqu’où ça va aller, car le drame de l’émigration ne s’estompe pas ? Et les tragédies s’enchaînent sur nos côtes, qui deviennent des mouroirs pour ces candidats à l’émigration irrégulière. Après le naufrage de Mbour, qui a fait au moins 40 morts, une pirogue avec 30 corps sans vie a été découverte le dimanche 22 septembre 2024 en début de soirée à Ouakam, qui a déjà subi un drame pareil il y a quelques mois. La Direction de l’information et des relations publiques de l’Armée (Dirpa) renseigne dans un document que la Marine nationale a été «informée de la présence d’une pirogue à la dérive à environ 70 km au large de Dakar avec plusieurs corps sans vie». Dans le même document, il est souligné que «les opérations de récupération, d’identification et de transfert sont rendues très délicates par l’état de décomposition des corps». Et de préciser : «Pour l’instant, trente corps ont été dénombrés. Les investigations en cours par les services compétents permettront d’avoir des informations plus précises sur le bilan et l’origine exacte de la pirogue qui seront communiqués ultérieurement.»

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Par ailleurs, dans le document il est précisé qu’aussitôt «déployé sur la zone, le patrouilleur Cayor a retrouvé l’embarcation qui a été remorquée vers la rade extérieure du Port de Dakar où le convoi est arrivé vers 6h 00 lundi matin». Poursuivant ses explications, la Dirpa ajoute que «trois vedettes et un chaland de débarquement transportant les équipes de médecins, de sapeurs-pompiers et du service d’hygiène ont rejoint le convoi au mouillage».

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Il faut noter que ce sont des pêcheurs qui, dimanche après-midi, sont tombés sur cette pirogue et ont immédiatement alerté les autorités. Selon certaines informations sur l’origine de l’embarcation, il pourrait s’agir d’une pirogue qui a quitté Mbour le 13 août dernier, avec plus d’une centaine de candidats à l’émigration clandestine à bord.

Ce nouveau drame vient alourdir le décompte macabre lié à ce fléau à partir des côtes sénégalaises. Il y a à peine quinze jours, une pirogue avec une centaine de passagers qui voulaient rejoindre les Îles Canaries avait échoué au large de Mbour, faisant au moins 40 morts et plusieurs personnes portées disparues.

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Faut-il rappeler qu’au début du mois d’août, une embarcation avec 14 corps «en état de décomposition» a été découverte près des côtes de la République dominicaine, dans la mer des Caraïbes. Les éléments retrouvés à bord dont des documents d’identité montraient que les victimes étaient des ressortissants mauritaniens et sénégalais, âgés de 24 à 33 ans. Malgré les centaines de morts, les candidats à l’émigration, gagnés par le désespoir, ne renoncent toujours pas à affronter le Grand bleu pour rejoindre l’Europe qu’ils considèrent comme un eldorado. C’est le récit d’une jeunesse désabusée.
dkane@lequotidien.sn