La soirée de Baba Maal samedi dernier a tenu toute ses promesses ! A quelques minutes de minuit, l’artiste pointait le bout du nez sous les ovations du public impatient d’entendre sa voix. Dès qu’il prit le micro pour son premier morceau, Moudo, un spectateur wolof applaudit à tout rompre. Il ne comprenait pas un mot de ce que l’artiste chante, pourtant cela ne l’empêchait pas d’apprécier chaque mouvement de Baba Maal. Tout devenait formidable aux yeux de ce fan, qui savourait autant les gestes, les pas, les cris, les pauses et même les respirations du lead vocal du Dande Lenol. «Seul Baba Maal m’amène au Grand Théâtre !», confie-t-il. Et Moudo n’est pas le seul dans ce cas. Nombreux sont ceux qui ont spécialement fait le déplacement ce samedi pour cette soirée marquant les 32 ans de l’orchestre de Baba Maal au Grand Théâtre.
A côté de la communauté Halpulaar, le tout nouveau ministre de la Culture, Abdou Latif Coulibaly, le directeur des Arts, Abdoulaye Koundoul, ont marqué de leur présence cette soirée à laquelle a également participé une importante délégation malienne et mauritanienne. Saluant ses «Bandiraabé fulbé» (Ndlr : sa famille peulh), Baba Maal a chanté l’union pour le développement de l’Afrique et la cohésion sociale. «Dans la bande du Sahel, les fulbés ont eu à voyager d’Est en Ouest, amenant avec eux notre histoire, notre culture, nos sciences. Ils les ont partagés avec d’autres peuples. C’est pourquoi nous ne pouvons être qu’un trait d’union pour la cohésion sociale», rappelle-t-il. Confortant son propos par le fait même que «quand on arrive dans le Ferlo, ou dans le Djoloff, ou dans le Fouladou ou encore dans le Fouta Toro et qu’on rentre dans un village, un petit hameau, même une toute petite fille, un jeune garçon, si les parents ne sont pas là, peut vous dire Bissimilla mah !(soyez la bienvenue)».
Thione Seck reprend le micro
Et pour souhaiter la bienvenue à son public, a ouvert sa prestation avec Le Dande Lenol, un titre tiré de son ancien répertoire. S’en est suivi plusieurs autres tubes d’époque, et au fur et à mesure que l’artiste déroule son spectacle, les jambes se délient du côté du public. Les jambes mais aussi les bourses. Baba chante ses bienfaiteurs, aidé en cela par les chanteuses de l’orchestre national Daniel Sorano. Athia Wellé, Soda Mama Fall, Daro Mbaye, Kiné Lam, Ndèye Fatou Ndiaye entrent en scène et assurent tour à tour leur partition tout comme Thione Seck et son fils Wally Seck. L’un des moments les plus appréciés de la soirée de Baba Maal, reste sans conteste, l’apparition de Thione Seck. Dans son grand boubou gris cendre, le roi du Yela a accueilli sur scène et avec la manière, son ami Thione. Les deux artistes forment un beau duo, le temps d’une chanson. «Reuyyoulo, cissoulo, sohoroo, El Haadj Baba Maal lii dafa Neex. Nioo dooraa ndo, nioo diowadoo, nio tera ndoo, dara meussoul niaw baniou dadié» (Ndlr : Nous avons longtemps cheminé et depuis que je t’ai connu, tu es resté égal à toi-même : simple, humble et courtois), a magnifié Thione Seck. Papa Thione a surtout chanté, les qualités et la générosité légendaire du chanteur qui fêtait les 32 ans d’existence de son orchestre : le Dande Lenol. Après quoi, il introduisit son fils, Wally Seck, qui lui, a chanté joyeux anniversaire pour son papa Maal.
La mauvaise surprise
D’autres surprises s’enchaînent. Baba Maal entamait ainsi la seconde partie de son spectacle, sous un registre plus rythmé. Il accueillit cette fois-ci, la divine Fatou Guewel. Annoncée depuis le début du spectacle, cette dernière n’interprétera qu’un seul morceau, puis la salle se vide tout d’un coup de son public. Il sonnait déjà 2h 20 minutes. Abou Diouba Deh rejoignit la scène au moment où dans le public on se demandait d’où venait l’odeur de câble brûlé ? Cette odeur empesta la salle et indispose un grand monde. Et, avant même qu’on ne trouve l’origine de cette déconvenue, le public était déjà dehors, certains commentant le beau spectacle du chanteur, d’autre ruminant la peur bleu qu’ils ont eue suite à cet incident. «Ko loubatako yaltini yimbébé» (Ndlr : le public est sorti à cause de l’odeur qui sentait) «Projecteur yi nioo beuri» (Ndlr : Il y a trop de projecteurs dans la salle). «Sama fitt bi dadoone teuf teuffi» (Ndlr : je palpitais) commentait-on toujours.
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