En marge des 8ème Jeux de la francophonie Abidjan 2017, l’hôtel Ivoire a abrité ce week-end (22 et 23 juillet) la 4ème conférence ministérielle de la francophonie sur la culture. C’était un moment de témoignages et de partages autour de quatre thématiques. Les participants ont en effet évoqué la régulation mondiale des enjeux et défis culturels, la culture et le développement humain durable, l’économie de la culture, mais aussi la thématique de la coopération et la solidarité internationale. Présent à cette rencontre, Maurice Kouakou Bandaman, ministre ivoirien de la Culture, a rappelé le rôle catalyseur que la culture peut jouer dans la politique de création d’emplois dans un pays. Pour lui, la culture est également un système de valeur qui permet à l’individu d’être motivé et d’avoir confiance en soi. Il a pour cela demandé aux Etats de renforcer le développement de la culture en tenant compte du fait qu’elle est indissociable du développement humain durable. Michaëlle Jean, secrétaire générale de l’Oif, a pour sa part fait allusion à la préservation de la diversité culturelle dans toute sa dimension parce que, dit-elle, «le monde en a besoin».
Michaëlle Jean qui dit avoir fait de la Francophonie «le laboratoire de la diversité culturelle» a affirmé lors de son intervention qu’«il ne faut pas oublier la culture dans les programmes de développement durable», ajoutant par ailleurs que «la culture ne doit pas être instrumentalisée pour séparer les Peuples et elle ne doit pas non plus provoquer un renfermement sur soi». La secrétaire générale de la Francophonie qui dit considérer la Francophonie comme «une arme de construction massive» pense aussi qu’elle doit se tourner vers les jeunes, «la jeunesse francophone, mais aussi mondiale», a-t-elle mentionné en encourageant les jeunes à poursuivre leur engagement pour un vivre ensemble et un vivre au pluriel, comme ils le font déjà à travers les réseaux sociaux. Pour Michaëlle Jean, il s’agit là d’un réel engagement citoyen pour faire face à la haine, la division et à l’extrémisme violent. A l’issue des travaux en commission, une déclaration a d’ailleurs été lue. Elle souligne l’importance de renforcer la révolution numérique qu’«il faut mettre au service de la création, des créateurs et de tous les publics, notamment ceux qui en sont éloignés». Le modèle francophone de coexistence pacifique et dynamique des cultures a également été mis en exergue afin qu’il connaisse une plus grande ampleur, ainsi que la mise en œuvre des accords internationaux relatifs à la culture.
Les participants qui «encouragent l’échange de bonnes pratiques en vue de renforcer la professionnalisation des métiers de la culture, notamment sur les plans technique, juridique et administratif», ont également souhaité que l’on tienne compte du rôle déterminant des sociétés civiles dans la définition et la mise en œuvre des actions culturelles, et accentuer par ailleurs le développement de la coopération et la solidarité internationale comme remède au déséquilibre des échanges culturels au sein de l’espace francophone. Cette déclaration d’Abidjan a été appuyée par l’adoption d’un plan d’action qui intègre entre autres la création des conditions de financement stables en faveur des politiques et des institutions culturelles, la circulation des œuvres et la mobilité des créateurs au sein de l’espace francophone, ainsi que l’organisation de rencontres périodiques des ministres en charge de la culture en vue d’assurer l’adoption, le suivi et l’évaluation de ce plan d’action… La secrétaire générale de la Francophonie, les diverses instances et les opérateurs culturels ont finalement été invités à engager un dialogue international visant la mise en œuvre des dispositions de ce plan d’action.
Présence Sénégalaise
De nombreuses délégations venues des pays francophones ont participé à ces deux jours de débats fructueux. Parmi elles, il y avait Birane Niang, secrétaire général du ministère de la Culture et de la communication, représentant le ministre Mbagnick Ndiaye, le directeur de Cabinet, Rémi Sagna, le directeur de la Francophonie, Magaye Touré, des conseillers techniques et l’administrateur du Monument de la Renaissance Africaine, Racine Senghor. Cette 4ème conférence ministérielle de la Francophonie sur la culture a été ouverte par Mme Kandia Cama, ministre de l’Education et de la formation professionnelle, représentant le Premier ministre Amadou Gong Coulibaly.
Cette rencontre d’Abidjan, la 4ème du genre, vient 16 ans après la dernière, puisque la 3ème conférence ministérielle de la Francophonie sur la culture avait eu lieu à Cotonou en 2001. Il y a tout de même eu une tentative de l‘organiser à Bamako en 2015, à l’occasion des 10 ans de la Convention de l’Unesco sur la diversité culturelle. A cette occasion, l’organisation avait tenté de réunir les ministres francophone en charge de la Culture autour du numérique, mais la rencontre n’avait pas eu lieu à cause des attentats du Mali.