Aux entreprises les plus fortes et les plus organisées, la part belle. Ce, peu importe le marché. La concurrence est surement plus exigeante dans celui du pétrole et du gaz. Et, le Sénégal s’y prépare, par la capacitation et le relèvement du niveau de ses entreprises.Par Moussa Seck – 

Elles ont, cette année et bien avant, collaboré pour mener à bien bon nombre d’activités. Aujourd’hui, vu la convergence de certaines de leurs tâches, l’Agence de développement et d’encadrement de référence des Petites et moyennes entreprises (Adepme) et le Secrétariat technique du Comité national de suivi du contenu local (St-Cnscl) sont allés vers l’officialisation d’un partenariat. Il sera stratégique, avec comme but de «fortifier le secteur privé national afin qu’il puisse saisir les opportunités issues du secteur pétrolier et gazier». L’accord-cadre est signé ce 24 août 2022, au siège de l’Adepme. Ce, en présence de Idrissa Diabira, Directeur général de l’Adepme, et Mor Ndiaye Mbaye, Secrétaire technique du Cnscl.
«Il n’y a pas de malédiction du pétrole et du gaz au Sénégal et en Afrique», a d’emblée mis en exergue le Dg de l’Adepme. Pour lui, cette «rengaine» est à dépasser. Ces hydrocarbures ont «vocation à apporter la prospérité et à réduire la pauvreté». Ils doivent, à l’entendre, devenir les carburants de «l’African dream dont le Sénégal peut être l’illustration». Seulement, «il ne suffit pas de fixer une ambition pour y arriver», a souligné Mor Ndiaye Mbaye. Et, parce qu’il ne faut pas seulement se limiter aux taxes et aux revenus tirés du pétrole et du gaz, il faut voir comment «notre dispositif économique, nos forces productives et nos acteurs économiques sont impliqués dans la chaîne de valeur des hydrocarbures». Telle est l’idée annoncée par M. Diabira, lors de cette rencontre de signature de convention en vue de capaciter, justement, les entreprises locales, afin qu’elles puissent s’insérer dans le marché des hydrocarbures. La faiblesse du tissu industriel, la très grande technicité requise par un tel marché et le climat des affaires qui n’est pas des plus propices, entre autres éléments, ajoutés à cela le caractère informel des entreprises, le fait que ces dernières ne soient pas à jour concernant les normes de qualité pour travailler avec des acteurs spécifiques et leur faible compétitivité… sont autant d’éléments évoqués par le Dg de l’Adepme et qui ne jouent pas forcément en faveur du Sénégal. D’où la pertinence de ce partenariat paraphé avec le St- Cnscl, et «qui participe à apporter des éléments de réponse à l’ensemble de ces points». Car «avoir un secrétariat technique, c’est avoir un point d’entrée de ce qui est existant en matière de marché, d’entreprises et de potentiels pour nos Petites et moyennes entreprises».
Recenser les entreprises à même de jouir du marché des hydrocarbures, mettre des programmes d’accompagnement à l’endroit de celles qui ne sont pas encore en phase avec les exigences du marché : le vœu est clair ! L’objectif qui lui est assigné, aussi. Il consiste à atteindre la barre de 50% de contenu local à l’horizon 2030. Qui sera de fait «un modèle de bénédiction des hydrocarbures». Des dizaines, voire des centaines d’entreprises sont ainsi visées par le projet. Pour qu’elles puissent «accéder à ces marchés de sous-traitance des multinationales pour l’exploitation du pétrole et du gaz» en vue de «créer la richesse, les emplois attendus». Ce, conformément «aux instructions du chef de l’Etat en matière de gestion exemplaire des hydrocarbures».

Préférence nationale
«Le contenu local est un aspect très important dans la gestion de ses ressources», a appuyé Mor Ndiaye Mbaye, à la suite du Dg de l’Adepme. D’ailleurs, «c’est même l’aspect le plus important». Le modèle sénégalais de contrat est celui de partage de revenus. «Schématiquement, la clé de partage est 70% des recettes affectés aux remboursements des investissements et 30% considérés comme profit oil et qui vont donc représenter la base de partage du revenu». Il va sans dire que «si l’on s’en tient à ce schéma-là, c’est une forte manne financière qui va sortir du pays». Et, «l’objectif visé par le chef de l’Etat à l’horizon 2030, c’est de capter la moitié de ces 70% dans notre économie». Poursuivant, M. Mbaye précise que «tout l’enjeu est là», à savoir dans «la participation des entreprises sénégalaises». Des verrouillages ont par ailleurs été réalisés pour favoriser les compétences nationales. Le Secrétaire technique de rappeler que «la loi a été très claire. Pour les ressources humaines, il y a la préférence nationale. A compétences égales, obligation est faite aux entreprises de recruter des Sénégalais». Aussi, «toutes les activités qui sont à la portée de nos entreprises leur sont exclusivement réservées». Et de préciser : «Selon la volonté politique sénégalaise, sur 99% des activités déroulées dans les opérations, il faut obligatoirement la participation d’une entreprise sénégalaise.» Ce sont de telles décisions, renseigne M. Mbaye, qui vont permettre d’atteindre le pourcentage de contenu local énoncé plus haut par le Dg de l’Adepme. Mais le gros enjeu reste la préparation des entreprises locales, leur accompagnement «dans leur processus de mise à niveau». Il faut répondre aux standards, rajoute-t-il, pour pouvoir être «player». Mise à niveau, la mission que se sont conjointement fixée l’Adpme et le St- Cnscl.