L’opposition se divise. Et les chiffres le montrent. Sur 80 voix possibles pour faire passer la motion de censure, elle n’a pu compter que sur 55 députés. Une situation qui casse la dynamique de compagnonnage entre les coalitions politiques Wallu et Yewwi. Une aubaine pour la majorité, qui sait désormais par où frapper.Par Malick GAYE –

C’est un terrain que le Premier ministre a tout fait pour éviter. Et au regard de sa réponse lors du vote de la motion censure, ce n’était pas faute d’arguments ! La confrontation politique a finalement eu lieu, deux jours seulement après la Déclaration de politique générale (Dpg). Le groupe parlementaire Yaw, en imposant ce vote de défiance, voulait, à défaut de fragiliser le gouvernement, conforter sa place dans la 14ème législature. Mais au regard des résultats, c’est plutôt l’effet inverse pour Biram Souleye Diop et ses collègues. En effet, en ne recueillant que 55 voix sur 80 possibles, Yaw se censure lui-même.

Biram Souleye Diop devra expliquer la cause de cet écart. En attendant d’y parvenir, des voix s’élèvent. Au sein du parti Pastef, il est reproché à Wallu d’avoir voté contre l’initiative parlementaire d’hier. Il est même dit que Mamadou Lamine Diallo et Aminata Touré sont les seuls à rallier leur cause. Une hypothèse qui, si elle venait à se confirmer, serait préjudiciable à l’opposition à moins de 15 mois de la Présidentielle. Comment renverser le pouvoir en rangs dispersés ? C’est à cela que l’opposition devra apporter un début de réponse.
Du côté de Wallu, une lecture différente est faite. L’attitude cavalière de Yewwi askan wi dans la démarche d’hier aurait poussé les membres de ce groupe parlementaire de l’opposition à sanctionner leurs «ex-alliés».

En tout état de cause, c’est la majorité, et naturellement Amadou Ba, qui serait le grand gagnant de cette empoignade. En plus d’être le seul responsable qui a une fois gagné Dakar depuis l’avènement du Président Macky Sall au pouvoir, il est celui qui aura remis en cause la dynamique de l’opposition depuis 2019. Ce qui ne manquera pas de faire plaisir à son patron. Qui sait désormais qu’il a une chance de fragmenter l’opposition. Macky Sall peut même jouer sur les ego de certains d’entre eux pour parvenir à ses fins. En agitant la loi d’amnistie, le patron de Benno bokk yaakaar sait qu’il peut faire bouger les lignes. Et pour 2024, c’est un avantage notable !
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