Le 10 décembre 2018 dernier était célébré le 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Pour l’occasion, le Théâtre national de Chaillot, à Paris, là même où le texte a été signé, a décidé d’acquérir une statue exceptionnelle. Haute de près de cinq mètres, elle est l’œuvre du sculpteur congolais Freddy Tsimba (Rdc), connu pour ses statues… en douilles de balles ! Radio France international (Rfi) a rencontré l’artiste lorsqu’il mettait la dernière main à son œuvre. La Porteuse de vies, ce sont plus de 20 mille douilles de cartouche soudées pour former un corps de femme. Des balles récoltées sur d’anciens champs de bataille au Bas-Congo ou à Kinshasa après des manifestations qui ont mal tourné. Pour Freddy Tsimba, la douille est un symbole de la mondialisation. «Moi, je dis même que la douille est libre. Elle peut voyager. C’est comme un oiseau. Donc, il fallait une œuvre pour montrer cet élément qui est fabriqué dans des pays qu’on ne peut pas citer, mais qui arrive dans nos pays pour faire du mal aux gens, pour tuer. Et même en complicité avec des gens qui sont sur place, parce qu’on pourrait mettre cet argent dans l’éducation, la santé, la nourriture ou le transport.»
A bout de bras, la Porteuse de vies tient un livre fabriqué à partir de petites clés ramassées par les «shégués», les enfants de la rue de Kinshasa. Le socle de l’œuvre est une ancienne porte de prison. Freddy Tsimba : «Il ne faut pas se le cacher. Les droits sont comme bafoués. J’avais envie de faire une œuvre puissante qui interpelle, nous la population, les dirigeants, et que cela reste une œuvre emblématique.» Freddy Tsimba a plusieurs fois été inquiété par les autorités congolaises qui lui reprochaient de dénigrer le pays. Mais «je ne suis pas un politicien», dit-il. «Je suis un artiste qui travaille pour les autres.»
Rfi