Par Ndèye Fatou NIANG (Correspondante) – 

Décidément, le maraîchage est devenu un métier à risque. Après la filière pomme de terre, la carotte vient de subir une grosse perte. Elle a enregistré, lors de la précédente campagne 2020-2021, un déficit de 8 milliards de francs Cfa. Enorme !, s’écrie Maodo Samb, président de la commission commercialisation au niveau de l’Interprofession carotte du Sénégal (Ipac). Il prenait part à l’atelier bilan de la campagne nationale de production et de commercialisation de la carotte à Fass Boye. Il confie : «Avec une production de 45 mille tonnes, on devrait gagner normalement, 12 milliards de francs Cfa, mais finalement, on s’est retrouvé avec 4 milliards de francs Cfa, parce que les prix ont chuté jusqu’à 90 francs le kg.» Pourquoi ? Le Secrétaire général de l’Association des producteurs maraîchers de Fass Boye explique : «Il y a une surproduction. Nous attendions 30 à 35 mille tonnes, mais nous nous sommes retrouvés avec 45 mille tonnes de carotte au niveau national, alors que la consommation mensuelle du Sénégal est de 2500 tonnes. Ce qui fait que finalement, le prix a beaucoup baissé et les producteurs avaient des problèmes pour vendre leurs récoltes.» Par conséquent, «nous avions vécu une campagne de carotte très difficile. Nous pouvons même dire que la campagne a été un échec total. Nous n’avons pas d’infrastructures adéquates comme des chambres froide, des magasins de stockage et des centres de transformation pour conserver le surplus de production estimé à 15 mille tonnes cette année, pour ensuite essayer de le revendre sur le marché, afin d’éliminer définitivement les importations.»
M. Samb se dit surtout, peiné. En effet explique-t-il : «L‘objectif du Sénégal et la vision du Président Macky Sall, dans le cadre du Plan Sénégal émergent (Pse), c’est l’autosuffisance du Sénégal en carotte, en légumes, etc. Et nous au niveau de la filière carotte, nous pouvons alimenter le marché national en quantité suffisante en qualité irréprochable à un prix abordable 12 mois sur 12, parce que nous produisons 9 mois sur 12. Et le surplus si on avait des chambres froides et des unités de conservation, on pouvait conserver notre production pour une durée de trois mois après la reverser dans le marché au profit de la population sénégalaise. Malheu­reu­se­ment, avec les pertes que nous avons subies cette année, nous avons des difficultés pour rembourser nos crédits. Du coup, les institutions financières ne nous font plus confiance. Elles n’acceptent plus d’octroyer un crédit aux producteurs de carotte.» Ainsi les producteurs demandent aux autorités de respecter leurs promesses pour aider la filière carotte à se relever. «C‘est la énième fois que nous parlons de nos problèmes. L’année dernière, les producteurs avaient même organisé des marches un peu partout au niveau du littoral. Finalement, c’est la ministre du Commerce qui avait fait le déplacement pour ensuite faire des promesses. Ce que nous demandons c’est que nos autorités encadrent les producteurs et les aident, afin qu’ils puissent gagner leur vie dans leur domaine qui est le maraîchage. Egalement contribuer au développement du Sénégal et aussi soulager les consommateurs sur les prix très élevés», plaide M. Samb. Il fera remarquer : «Avec la production locale, le kg de carotte est vendu à 150 francs Cfa, mais avec l’importation, le prix varie entre 500 à 700 francs.»

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