Suite à sa réfection, le Musée des civilisations de Côte d’Ivoire a été réceptionné hier par Mme Dominique Ouattara, Première dame de Côte d’Ivoire. Peu avant, elle a procédé au vernissage de l’exposition qui réunit les œuvres artistiques et littéraires de ces 8e Jeux de la francophonie. Le Sénégal n’était pas en reste.

Par Alioune DIOP
(Correspondance particulière)

Hier, deux évènements ont marqué le début du programme culturel des 8e Jeux de la francophonie à Abidjan. Il y a d’abord eu le vernissage des expositions qui réunissent les concours littéraires et d’arts visuels. C’était en début de matinée à la Bibliothèque nationale. Une cérémonie qui a été suivie par l’inauguration du Musée des civilisations d’Abidjan, dont les travaux de rénovation ont en tout duré 20 mois. En ce qui concerne le concours littéraire, les couleurs sénégalaises sont portées par  Mouhamet Bougar Sarr, un jeune nouvelliste qui vit en France. Il a proposé une nouvelle titrée Ndeund (sabar en wolof) qui raconte l’histoire d’un tambour-major sénégalais. Celui-ci sentant la mort venir à cause de son âge avancé s’est lancé comme défi de jouer une dernière partition que personne n’a jamais entendue et que lui-même n’a jamais jouée auparavant. Il s’agit là d’une œuvre de fiction qui fait allusion à l’intervention d’un ministre de la Culture qui tente de dissuader le personnage central de l’histoire (le tambour-major) de penser à une œuvre ultime puisque les populations ont encore besoin de  ses services…
En peinture, c’est l’artiste Mbaye Babacar Diouf qui est en compétition avec son œuvre intitulée Harmonie humaine. Une œuvre de crayon sur toile de forme circulaire et d’une grande dimension. Sur ce tableau, les silhouettes humaines jouent le rôle d’éléments plastiques qui charment et attirent l’attention. «C’est un appel à l’union à travers le monde pour une paix entre les Peuples comme le définit si bien l’esprit philosophique de la francophonie», explique l’auteur. Cette volonté de s’adresser au monde à travers leurs œuvres en compétition se reflète aussi à travers l’œuvre de compétiteur sénégalais Balla Ndao dans la discipline sculpture. Il présente à Abidjan une sculpture métallique géante. Son œuvre en bronze traite de l’émergence et c‘est une échelle que montent des individus. Cette échelle grandeur nature est posée sur du sable qui prend une forme géométrique et qui renvoie à vue d’œil à l’Afrique. Pourtant, l’artiste refuse catégoriquement d’approuver  ce regard quelque peu réducteur sur son travail. Il s’agit, dit-il, d’éviter de donner à son œuvre une allure artisanale alors qu’il est dans une logique de s’adresser au monde entier et pas qu’à l’Afrique.
En parcourant cette exposition qui réunit plusieurs artistes de divers pays francophones, on tombe également sous le charme de la photographie d’art de la Sénégalaise Ndèye Fatou Thiam. Elle incarne aux 8e Jeux de la francophonie la touche féminine de cette équipe de jeunes créateurs contemporains venus porter haut, par leur savoir-faire, le génie sénégalais. Ndèye Fatou Thiam a pour sa part exposé  5 photos qui mettent en relief les arts urbains comme les tags et les graffitis. Ces œuvres rendent également hommage aux femmes et aux enfants qui gardent le sourire malgré les problèmes socio-économiques. Au total, ce sont 226 œuvres qui sont accrochées ou installées dans cette exposition, sans tenir compte des textes littéraires affichés. Le vernissage a été présidé par la Première dame de Côte d’Ivoire Mme, Dominique Ouattara, qui, après avoir fait le tour de toutes ces œuvres en compétition, s’est rendue au Musée des civilisations de Côte d’Ivoire, sis juste à côté de la Bibliothèque nationale. Là, Mme Ouattara a procédé à la cérémonie de coupure du ruban, avant d’attirer à travers son discours l’attention des uns et des autres sur l’importance que revêt ce Musée des civilisations qui «renferme dix mille ans d’histoire de la Côte d’Ivoire».

Un joli prétexte
La Première dame a profité de cette tribune pour exhorter les familles ivoiriennes à intégrer dans leurs habitudes les visites des musées que compte le pays. Cela, dit-elle, leur permettra de mieux découvrir l’héritage culturel ivoirien. Se prononçant sur l’exposition dont elle venait de visiter, Mme Ouattara a indiqué qu’elle est segmentée en trois pavillons (art primitif, art contemporain et art africain) et reflète le riche patrimoine culturel ivoirien qui avait fait l’objet d’une exposition itinérante internationale en 2015, avec une étape importante au Musée du Quai Branly. Il faut souligner que cette cérémonie de réception du Musée des civilisations de Côte d’Ivoire n’intègre pas forcément le programme officiel des 8e Jeux de la francophonie, Abidjan 2017. Il s’agit surtout d’une initiative qui a servi de prétexte à Mme Dominique Ouattara pour recevoir certains hôtes de marque de ces jeux, parmi lesquels Michaëlle Jean, secrétaire générale de l ‘Oif. Cette cérémonie a par ailleurs été rehaussée par la présence de Mme Duncan, épouse du vice-président Daniel Kablan Duncan et du ministre ivoirien de la Culture Maurice Kouakou Bandaman.