Le 12 mars 2009, une découverte macabre a été faite à la plage de Koussoum où le corps de Fama Niane, découpé et mis dans des sachets en plastique, a été retrouvé. Après des années de mutisme dictées par «la Dic», le mari de la victime, Baye Saliou Thiandoum alias Baye Zale Diallo, s’est confié dimanche à nous. Même s’il a pris une autre épouse, le quadragénaire qui vit toujours au quartier Gouye Mouride (Rufisque-Est) ne se remet toujours pas de la perte de son épouse. Arrêté dans un premier temps par la Division des investigations criminelles (Dic), puis relâché au bout de quelques jours, il n’a aujourd’hui qu’un vœu : que l’assassin soit arrêté pour qu’il puisse retrouver son «honneur».

Demain (Ndlr : l’entretien a eu lieu hier) c’est l’anniversaire de l’assassinat sauvage de votre épouse Fama Niane en 2009. Que ressentez-vous présentement ? 
C’est une date qui ne peut sortir de mon esprit. Fama (Niane) c’était plus qu’une femme. C’était une amie et une confidente. Elle était enceinte de quatre mois au moment des faits. Depuis lors je fais des prières pour elle, que ce soit pour son anniversaire ou toute autre occasion. A la suite de la tragédie, les gens ont raconté n’importe quoi sur moi, mais je me plie à la volonté divine. C’est une épreuve très difficile pour moi et qui continue de me hanter. Malheureusement, le dossier a été traité avec légèreté. C’est cela qui me fait le plus mal.

Est-ce à dire qu’il n’y a pas eu d’avancées ?
Je ne sais pas s’il a été classé ou non. Tout ce que je sais, c’est qu’il est resté au point mort. Ils m’ont dit de rester chez moi et de me taire. Qu’eux vont retrouver les coupables. Depuis lors, je suis assis dans mon coin et rien n’a bougé. De 2009 à nos jours, c’est un temps assez long et je crois que durant toute cette période des résultats satisfaisants devaient être produits.

Quand y êtes-vous allé pour la dernière fois ?
C’est eux qui m’ont demandé d’attendre. Je ne peux pas aller leur demander quoi que ce soit. Je suis allé à deux reprises à la Dic, mais ils m’ont dit de rester dans mon coin et d’attendre. Je ne peux pas m’engager dans une confrontation avec eux. C’est pourquoi depuis lors j’attends. Au Sénégal on dit que lorsqu’un dossier fait dix ans, il va être classé sans suite. J’aimerais vraiment que le meurtrier de ma femme soit arrêté avant cette échéance. Je lance pour cela un appel à toutes les autorités, principalement au ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall. Pour un meurtre commis avec une aussi grande cruauté, le coupable doit être arrêté. Certes aujourd’hui les populations ont oublié ce meurtre, mais cela me fait mal autant qu’aux membres de sa famille qui en souffrent autant que moi.

La Police sénégalaise est pourtant réputée douée en matière d’investigations criminelles…
C’est cela qui m’intrigue. Dans ce pays, on a vu toute sorte de meurtre et la police est toujours parvenue à saisir les coupables, des fois même au-delà des frontières du Sénégal. Tel n’est malheureusement pas le cas pour l’assassinat horrible de ma femme. Il y a vraiment problème à ce niveau.

Etes-vous déçu alors ?
Je suis déçu sur tous les plans. Le fait d’être dans l’indigence ne doit pas être une raison pour ranger le dossier. Je suis un citoyen comme les autres. L’affaire doit bénéficier d’un traitement. Les autorités qui en ont la charge doivent faire les efforts nécessaires pour nous éclairer, car nous avons tous les mêmes droits devant la loi. Il n’y a pas deux types de Séné­galais. Mon honneur a été bafoué avec ce meurtre. Certains sont allés même jusqu’à traiter ma famille d’anthropophage. C’est pourquoi je reste convaincu que la justice a obligation de trancher cette affaire pour de bon.