La station balnéaire de Saly commence à retrouver ses plages englouties par la mer depuis plus de six ans. Grâce au Projet pour le développement du tourisme et des entreprises (Pdte), Saly a récupéré la plage sur environ 7 km de long et 50 mètres de large. La disparition totale de cette plage il y a quelques années, avait entraîné la cessation d’activités dans quatre hôtels et impacté 17 autres, avec des licenciements à la clé. Le ministre du Tourisme et des transports aériens était ce week-end à Saly pour voir l’état d’avancement des travaux et recueillir l’avis des opérateurs locaux.

En 2015, la plage de Saly avait complétement disparu du fait de l’érosion côtière. Devant l’impuissance des hôteliers à endiguer le phénomène, les touristes qui venaient au Sénégal pour profiter du balnéaire avaient choisi d’autres destination. Une perte énorme pour un secteur du tourisme qui battait de l’aile.
Lors de sa visite ce week-end à Saly pour voir l’état d’avancement des travaux de restauration de la plage, le ministre du Tourisme et des transports aériens, Alioune Sarr, s’est félicité des résultats obtenus sur le terrain. Mais pour en arriver à la restauration de cette plage, Mountaga Sy, le Directeur général de l’Apix, maître d’ouvrage délégué, a retracé le chemin parcouru.  «Il y avait 17 structures hôtelières qui avaient été largement impactées et certaines étaient même en cessation d’activités. La disparition avait aussi impacté les pêcheurs de la zone, qui n’avaient plus de station de déchargement pour leur activité au quotidien. Les acteurs de la filière, notamment les artisans, les commerçants, les employés, étaient également impactés.»
Pour éviter que ce secteur qui contribue à hauteur de 7% dans le Pib national ne sombre définitivement, le président de la République Macky Sall avait pris la décision de redonner un souffle au tourisme dans la station balnéaire et d’aider Saly à reprendre son dynamisme dans le domaine du tourisme.
Ainsi en partenariat avec la Banque mondiale, l’Etat du Sénégal a décidé d’investir pour 23 milliards sur des ouvrages et des réalisations qui permettront de supprimer la cause de l’érosion côtière mais aussi, restaurer les plages de Saly en un temps record sur un linéaire fonctionnel de 7 kilomètres, avec 4,5 km de rechargement. «Ce sont des solutions très complexes d’expertise dédiée et l’Etat du Sénégal s’est adossé à l’expertise hollandaise en la matière, en relation avec tous les services techniques. Et toutes les études réalisées ont permis d’aller vers des solutions pour la réalisation des 12 brise-lames et des 7 épis pour retenir les vagues. Ces ouvrages ont été dimensionnés pour résister aux houles les plus agressives et les plus élevées. Mais aussi, on est partis sur une solution de rechargement du sable par du sable marin pour restaurer la plage», a souligné le Directeur général de l’Apix.
Six ans après le lancement des travaux par le chef de l’Etat, Mountaga Sy se félicite d’avoir pu rendre une copie propre au ministre du Tourisme et des transports aériens. «Ce travail consacre de manière définitive, le retour de Saly dans son rôle de porte-étendard du tourisme balnéaire de la sous-région. Cela devient aussi un levier important pour la relance post Covid-19, pour attirer le tourisme local mais aussi international qui se trouve à 15 ou 20km d’ici. Parce que l’aéroport international Blaise Diagne est aujourd’hui fonctionnel, la liaison autoroutière est fonctionnelle et nous sommes à 15 mn de l’aéroport. Donc la connectivité est assurée, les ouvrages sont restaurés, les acteurs économiques également restaurés dans la plénitude de leurs activités. C’est donc une étape importante dans la relance économique post-covid», se glorifie M. Sy.

7km de plage d’une largeur de 50 mètres repris à la mer
En écho à ces propos, Alioune Sarr, le ministre du Tourisme et  des transports aériens, s’est réjoui des résultats obtenus, «là où nous sommes actuellement, il y a un an de cela, c’était de l’eau. Cette dégradation de la plage de Saly avait donc des conséquences désastreuses puisqu’elle impactait négativement l’activité hôtelière et touristique mais également la pêche et tout l’environnement autour du tourisme et de l’hôtellerie. Je félicite les parties prenantes pour l’excellent travail qui nous a permis de récupérer la plage sur environ sept kilomètres de long et 50m de large».
Selon Alioune Sarr, la récupération et la protection des plages de Saly auront un impact important sur le secteur. «D‘abord sur les touristes. Cela veut dire que le consommateur, le touriste local mais également étranger, va être attiré par la plage. Mais également, pour les investisseurs dont l’une des grandes demandes exprimées lors du salon Top Reza à Paris l’année dernière, était la récupération des plages. Aujourd’hui, nous avons des investisseurs dans le secteur touristique, hôtelier notamment, qui vont revenir pour réinvestir dans la zone. Si nous combinons ces éléments et la stratégie du tourisme et des transports aériens que le ministère est en train de mettre en œuvre mais également, l’excellent travail fait par l’Aspt pour attirer les Sénégalais vers les destinations du pays, nous pouvons considérer qu’avec ce travail fait à Saly, nous sommes dans une excellente dynamique pour faire du tourisme, le levier essentiel pour notre économie», a souligné le ministre du Tou­risme et des transports aé­riens.
Pour un coût total de 26 milliards de francs Cfa, les travaux seront livrés en décembre. Un investissement qui nécessite une maintenance et un entretien des ouvrages, c’est pourquoi Alioune Sarr invite ses services, ainsi que l’Apix, la Sapco et le secteur privé national à regarder la meilleure formule qui va permettre d’assurer un suivi mais également, une maintenance des infrastructures. «Parce qu’il n’est pas question qu’on laisse les travaux sans pour autant suivre et surveiller tout ce qui se passe. C’est un important travail qui a été fait : la plage va se reconstituer naturellement, mais il est important que nous puissions le suivre. Mais tout cela se fera dans une concertation comme on l’a fait jusqu’ici», a assuré le ministre du Tourisme et des transports aériens.

La Sapco mise sur un plan marketing global de la station pour un retour des touristes
La Sapco qui est le point focal du ministère du Tourisme, par la voix de Babacar Mbengue, son directeur des systèmes d’informations, point-focal du Pdte au niveau de la Sapco, a rappelé que ce projet a été fait avec l’ensemble des acteurs touristiques. «Bien qu’étant des travaux qui pouvaient gêner les activités dans la station, les plages étaient fermées et un manque à gagner sur les hôteliers et les antiquaires, on s’est arrangé pour que ces perturbations ne puissent pas ralentir l’activité économique sur la station. C’est à ce niveau que la Sapco a joué véritablement son rôle de modérateur, son rôle de gestionnaire de la station. Les acteurs impactés ont été indemnisés pour près d’un milliard de francs Cfa», avant de préciser qu’il y a un plan qui a été mis en place pour la relance de l’activité.
Le Projet de développement du tourisme et des entreprises (Pdte)  est un projet de 74 millions de dollars qui a plusieurs composantes dont la lutte contre l’érosion côtière. «On a fait des études sur ‘’Saly Ville verte’’ qui seront bientôt déroulées ; on est en train de faire des études sur le plan marketing global de la station et même du tourisme sénégalais dont la Sapco pilote le volet investissement, l’Aspt étant chargée de la promotion du secteur touristique et la création de nouveaux produits», a ajouté Babacar Mbengue.

Le sourire des hôteliers et la diversification de leur offre
Les hôteliers se réjouissent du travail accompli, à en croire  Eric Philibert, directeur du Lamantin Beach Hôtel : «Ce projet est très important. Saly redevient une station balnéaire, une station qui a du sable et des plages à offrir aux touristes. Donc économiquement, c’est vraiment superbe. Une fois de plus, c’est une promesse du président de la République qui a été réalisée ; entre l’aéroport, l’autoroute, les plages, l’électricité et l’eau dans les Iles du Saloum, il a tout fait pour que les acteurs du tourisme que nous sommes, puissions avoir des clients, les satisfaire et les faire revenir au Sénégal. Il a tenu tous ses engagements et en fin de compte, nous avons tout ce qu’il faut pour travailler maintenant. Il a mis à notre disposition, un véritable outil de travail : le sable et la plage.»
Dans la diversification de l’offre touristique, les hôteliers ont souligné la réalisation du pont de la Gambie qui, selon eux,  va leur permettre de mettre en place, en accord avec les Gambiens, des voyages de combinés entre la Gambie et le Sénégal. Ce qui permettra aux Gambiens de récupérer une partie de la clientèle, française et belge, qu’ils n’ont pas. Et à eux de récupérer une partie de leur clientèle : les Anglais et les Scandinaves qui n’ont pas l’habitude de venir au Sénégal. Et ensemble avec la Gambie, ils peuvent  offrir des séjours sur deux pays grâce à ce pont.
D’ailleurs pour faire revenir les touristes à Saly, les opérateurs sont en train de préparer avec les autorités de Saly, un document qu’ils vont  soumettre au ministre du Tourisme, au Directeur général  de l’Aspt «et où on doit travailler ensemble, en cohésion, pour voir comment entretenir notre image auprès des marchés habituels : la France, la Belgique, l’Espagne, l’Italie. On doit les informer de ces nouvelles plages, de la position du Sénégal dans sa lutte contre le Covid-19 et de ses très bons résultats. Mais en même temps, on doit aller chercher de nouveaux marchés émetteurs puisque l’aéroport n’est pas encore ouvert à tout le monde mais à certains pays. On doit d’ores et déjà aller communiquer les pays qui arrivent au Sénégal, en l’occurrence l’Afrique, le Maroc, la Côte-d’Ivoire. On doit créer de nouveaux marchés, une nouvelle clientèle. La clientèle qui cherche le soleil en hiver», a suggéré Eric Philibert.
Mais pour y arriver, cela nécessite la diversification de l’offre touristique et dans ce domaine, le Sénégal dispose d’atouts. «La diversification est là puisqu’il y a tout ce qui est logement traditionnel, typique dans les Iles du Saloum, dans les différents parcs nationaux. Il y a aussi Saint-Louis avec son passé, Dakar avec ses hôtels et Saly avec ses plages. Donc vraiment, on a un panel à offrir à de potentiels clients, qui est énorme et qui peut faire du tourisme, la première économie du pays», a conclu le directeur du Lamantin.