Le malgache Ahmad Ahmad, 54 ans, sera le challenger de Issa Hayatou (en poste depuis 1988) lors des élections à la présidence de la Caf, ce jeudi à Addis-Abeba, en Ethiopie. Il s’est confié à Francefootball.fr.
Ahmad Ahmad, comment s’est déroulée votre campagne pour la présidence de la Caf ?
Nous avons parcouru presque tout le continent depuis la fin de la Can au Gabon et avons échangé avec les présidents de fédération sur notre projet. Nous avons visité plus d’une vingtaine de pays africains pour expliquer notre programme et obtenir l’adhésion à notre projet. Nous l’avons ressenti, l’Afrique du football a besoin de changement. Les lignes doivent bouger. Il faut apporter du sang neuf et opter pour une gestion plus saine et plus transparente de cette institution.
Sur quoi comptez-vous pour détrôner Issa Hayatou, en place depuis 1988 et qui bénéficie de solides soutiens sur le continent ?
Sur la pertinence de notre programme, son actualité, sa modernité mais surtout sur le vent de changement qui souffle sur la gouvernance du football mondial. Pourquoi l’Afrique devrait-elle rester en marge de cette nouvelle marche progressive ? Notre continent incarne l’avenir du foot. Il a besoin d’une gestion inclusive de tous ses acteurs, et notamment des footballeurs. Notre vision est d’assurer une réconciliation des acteurs du football, de lui redonner une reconnaissance plus grande, d’apporter une transparence dans notre mode de fonctionnement et de faire de notre football un vrai levier de développement économique.
En quoi votre gouvernance sera-t-elle différente de celle de Issa Hayatou, longtemps soutenue par les associations nationales africaines ?
Sur notre capacité à répondre aux fortes attentes du terrain, sur le besoin de changement, de renouveau. Une refondation de la Caf s’impose. Nous avons longuement réfléchi sur une gestion moderne, dynamique et transparente de la Caf qui place les associations nationales au cœur de toutes nos initiatives. Des contrôles d’éligibilité et d’intégrité seront exigés pour tous les dirigeants de la Caf, les structures permanentes seront repensées, les procédures et lourdeurs administratives allégées. Tout cela avec l’implication d’un Collège spécial des présidents (Csp) qui se réunira 2 fois par an.
Vos adversaires vous désignent comme un candidat à la solde de Gianni Infantino, qui voudrait régler des comptes avec la direction actuelle de la Caf. Sans le soutien du président de la Fifa, vous n’auriez jamais osé affronter Issa Hayatou ?
(Il sourit…) Je comprends leur niveau de surprise et de panique. Gianni Infantino est un grand ami de l’Afrique et le montre avec les actes qu’il pose depuis son accession à la tête de la Fifa. Il est assez légitime pour s’intéresser à tout ce qui se passe sur le football africain. Grâce à sa réforme, l’Afrique bénéficiera de plus de places en Coupe du monde à partir de 2026. Il a nommé une Sénégalaise, Fatma Samoura, au poste de numéro 2 de la Fifa et cela a été salué sur le continent. De là à dire qu’il est celui qui se cache derrière ma candidature, c’est ne pas me connaître et manquer de respect à mes collègues africains. Ma candidature a été engagée par une quinzaine de présidents de fédérations africaines lors du congrès de Mexico. Ils m’ont assuré de leur soutien et de leur confiance. Durant cette campagne, le groupe n’a fait que grossir. Le soutien officiel de mes collègues de la Cosafa entre en droite ligne de cette invitation, comme celui de nombreux pays des autres zones de la Caf. Ma candidature est celle de ceux qui veulent arrimer l’Afrique aux évolutions nouvelles du football.