ENTRETIEN AVEC… Mamadou Mbodj Diouf, membre du Bureau politique du Ps : «Grâce à Serigne Mbaye Thiam, le Ps est revenu au-devant de l’actualité»

Membre du Bureau politique du Parti socialiste, Mamadou Mbodj Diouf soutient à «100 %» Serigne Mbaye Thiam et ne voit pas dans le parti un meilleur candidat au poste de secrétaire général. Dans cet entretien, le responsable socialiste de Fatick s’attaque à Cheikh Seck et invite Aminata Mbengue Ndiaye à organiser le congrès, «possible en décembre 2020». Le directeur du Programme de modernisation des daaras se prononce aussi sur le remaniement ministériel.Que pensez-vous de la reconduction dans le gouvernement de Serigne Mbaye Thiam que certains membres du Ps annonçaient vers la sortie après son propos sur l’intérim de Aminata Mbengue Ndiaye à la tête du parti ?
Je voudrais tout d’abord féliciter notre camarade, le ministre Serigne Mbaye Thiam, pour cette reconduction. Je remercie le Président Macky Sall pour la confiance renouvelée à notre cher camarade. Il faut dire que c’est une satisfaction pour nous Socialistes. Personnellement, je pense que le ministre Serigne Mbaye Thiam a su convaincre, qu’après le ministère ô combien difficile de l’Education nationale, il est en train de relever un challenge aussi coriace au département de l’Eau et de l’assainissement. Mais qui connaît Serigne Mbaye Thiam sait que c’est un homme de défi et, jusque-là, on touche du bois, il s’en sort parfaitement. Par ailleurs, vous savez qu’un homme politique ne saurait se targuer de n’avoir aucun détracteur. Sinon il n’en est plus un. On constate juste que malgré leurs vaines tentatives, le président de la République lui a renouvelé sa confiance. Ce qui est à regretter, ce sont ces responsables aveuglés par leurs ambitions débordantes, qui n’hésitent pas à calomnier et même à dire des contrevérités pour arriver à leurs fins. Mais Dieu est juste, car la camaraderie n’autorise pas certaines bassesses venant notamment de camarades affublés d’un substantif «honorable», alors que tout dans leurs actes et leurs propos frise l’indignité et la médiocrité.
Applaudissez-vous l’élargissement du gouvernement à l’opposition marquée par l’entrée de Idrissa Seck ?
Une nomination par décret est une prérogative exclusive du chef de l’Etat. Je vois à travers cette arrivée du Rewmi dans le gouvernement une manière d’apaiser le climat politique national. Il faut dire que nous sortons à peine la tête hors de l’eau après les ravages socio-économiques de la pandémie du Covid-19. Le mieux que l’on puisse souhaiter au Président Macky Sall, c’est d’avoir les coudées franches pour relever les défis de la relance économique après cette réussite consacrée à la phase de résilience économique sanctionnée par une reconnaissance mondiale des efforts du gouvernement du Sénégal pour gagner la bataille contre cette maladie qui a terrassé les plus grands Etats. Personne ne peut ignorer l’expertise que le Rewmi pourra apporter dans ce challenge qui nous concerne tous.
Que vous inspire la situation de crise que traverse le Parti socialiste ?
Je ne pense pas que l’on puisse parler de crise. On n’en est pas encore là. On en est juste au débat démocratique et ouvert. Le propre d’un parti qui se dit démocratique, c’est l’instauration d’un débat permanent, ouvert et fécond. C’est vrai, cette situation a résulté de la sortie de notre camarade Serigne Mbaye Thiam sur 7Tv où il a été interpellé par rapport à ses ambitions et surtout à l’intérim qui prévaut au Parti socialiste. Il a dit qu’il nourrit des ambitions, c’est normal. Actuellement, de tous les cadres du Ps, si Serigne Mbaye Thiam n’a pas d’ambition, je me demande qui doit avoir une ambition surtout pour diriger le parti et pour remplacer notre défunt et regretté secrétaire général Ousmane Tanor Dieng, (paix à son âme). Je pense que ce débat ne devrait même pas se poser.
Ce qu’on vous reproche ce n’est pas d’avoir des ambitions, mais de poser le débat aujourd’hui. Avez-vous des motivations cachées ?
Je précise que Serigne Mbaye Thiam, en parlant d’intérim, n’a pas pointé du doigt celle qui occupe le poste de secrétaire général, Aminata Mbengue Ndiaye. L’article 26 des statuts du parti, alinéa 1, dispose que le Ps se réunit en Congrès tous les 4 ans. Le dernier congrès remonte à 2014. On devait faire un congrès en 2018, malheureusement le contexte électoral avait fait qu’il a été différé. Par la même occasion, les mandats des différents responsables dans les instances ont été prorogés. De 2018 à aujourd’hui, on a fait presque 2 ans. Maintenant, Aminata Mbengue Ndiaye exerce cet intérim depuis 15 mois. C’est vrai qu’il fallait observer le deuil. Mais 15 mois après, je pense qu’il est temps de mettre fin à cet intérim qui ne peut pas être éternel. Ou bien qu’on nous dise quand cet intérim va prendre fin. Les gens ont besoin d’avoir une certaine légitimité pour parler à l’aise ès qualité. Pour mettre tout le monde à l’aise et permettre à nos camarades de jouir pleinement de leurs fonctions, on doit naturellement aller au congrès et c’est possible en décembre 2020.
On vous oppose l’argument que les textes du parti ne prévoient pas de délai pour un intérim…
La question, c’est moins le problème de la durée de l’intérim que le fonctionnement du parti. Voilà 15 mois que nous avons perdu Ousmane Tanor Dieng, le Ps est mortifié, écrasé, transparent et invisible. C’est parce qu’il y a une dynamique qui s’est cassée. Pour que la machine puisse être relancée, il faut du sang neuf, une nouvelle dynamique, mais surtout de nouvelles orientations. Dire que les textes n’ont pas prévu des délais pour l’intérim, c’est faire preuve de mauvaise foi. Notre secrétaire générale Aminata Mbengue Ndiaye fait fonctionner le Hcct qu’elle dirige. Alors pourquoi elle ne le ferait pas pour le Ps ? En parlant de ce que les textes prévoient, il y a le Bureau politique qui doit se tenir chaque mois. Le Secrétariat exécutif national (Sen), c’est une fois tous les 15 jours. Depuis le décès de Tanor, on n’a eu que 2 séances de Bureau politique et 2 séances de Sen. Ce n’est pas normal. On doit booster le renouvellement. Je vais vous faire une confidence. Lors de la dernière réunion du Sen, la présidente Aminata Mbengue Ndiaye a tout bonnement proposé qu’on suspende les renouvellements et la vente des cartes. Elle a dit qu’elle vient juste de prendre service et qu’il fallait lui permettre de se familiariser avec les camarades. Alors qu’elle a fait plus de 40 ans de compagnonnage avec Ousmane Tanor Dieng, vous voyez que lorsqu’il y a du dilatoire dans le processus de renouvellement, il y a de quoi s’inquiéter. Tant qu’il n’y aura pas cette volonté, on n’ira jamais au congrès.
Pour vous, Aminata Mbengue Ndiaye milite pour le statu quo ?
C’est ce qu’on constate. Et j’ai attiré l’attention de la direction du parti. Les responsables socialistes sont devenus transparents et invisibles. Le Ps n’intéresse plus personne. D’ailleurs, on se réjouit de la sortie de Serigne Mbaye Thiam. Grâce à lui, le Ps est revenu au-devant de l’actualité. Même Sonko est relégué au second plan. C’est ce Parti socialiste que nous voulons voir. C’est ce Ps que nos partenaires de Benno bokk yaakaar veulent voir.
Cheikh Seck demande à Serigne Mbaye Thiam de présenter ses excuses au parti. Etes-vous d’accord avec lui ?
Quelqu’un comme Cheikh Seck est loin d’être un exemple dans le parti. C’est une honte pour le parti et le mot n’est pas très fort. L’honorabilité de sa fonction de député ne colle pas avec son indignité. Je ne peux pas comprendre un camarade aussi aveugle juste parce qu’il a des objectifs inavoués. Je rappelle que Cheikh Seck a fait le tour de sa commune, Ndindi, pour dire que le Ps a un quota de deux ministres et qu’il va en occuper un. Pour ce faire, il fallait que Serigne Mbaye Thiam, qui a fait 8 ans de ministère, quitte le gouvernement. Où est la camaraderie ? La der des manœuvres de Cheikh Seck est d’essayer de mettre en confrontation le Président Macky Sall et le ministre Serigne Mbaye Thiam en insinuant des mensonges du genre, «Serigne Mbaye Thiam est contre le 3ème mandat. Il ne peut pas être ministre dans le gouvernement du Président Macky Sall et manœuvrer contre ce dernier. Il a battu campagne pour le Président et contribué à sa réélection. Même pas deux ans, il manœuvre contre ce même Président», c’est absurde. Je crois que Cheikh Seck a un problème dans son intelligence et dans ses réflexions.
Serigne Mbaye Thiam est-il crédible pour diriger la Commission chargée du renouvellement s’il est candidat au poste de secrétaire général ?
C’est vrai que Serigne Mbaye Thiam dirige la commission chargée du renouvellement des instances et du suivi de la vente des cartes. Mais je dois dire que toutes les unions régionales sont représentées dans cette commission. Tous les membres de cette commission sont détenteurs de mandat. Ils sont soit secrétaire général d’union régionale, soit d’union départementale, de coordination ou même de section. Beaucoup d’entre eux sont candidats à leur propre réélection ou sont candidats pour des instances beaucoup plus hautes. Les secrétaires généraux de coordination veulent devenir secrétaires généraux d’union départementale ou régionale. Il y a même des gens qui seront candidats au secrétariat général. Il n’y a pas des camarades qui ne sont candidats à rien. Si Serigne Mbaye Thiam doit être démis pour conflit d’intérêts, personne ne va rester dans cette commission. Non, il faut arrêter avec ces arguments ridicules. Et la présidente Aminata Mbengue Ndiaye qui doit signer une circulaire pour fixer la date du congrès de renouvellement, est-ce qu’elle doit démissionner parce qu’elle pourrait être candidat ? Il faut arrêter, C’est un faux débat. Cette commission, qu’il pleuve ou qu’il neige, sera dirigée par un responsable. Je soutiens à 100% Serigne Mbaye Thiam. Pour moi, c’est le meilleur candidat. Il en a le leadership, a fait ses preuves dans la gestion des affaires publiques pendant près de 10 ans, connaît le parti, est secrétaire national aux Elections depuis 2007 et fut directeur de campagne du candidat Ousmane Tanor Dieng en 2012.