L’objectif d’être autosuffisant en riz cette année ne sera pas atteint, selon El Hadji Mansour Samb. Qui vient de publier un livre intitulé «Sénégal, les limites du Pse». Ce membre du forum civil explique en résumé que le Pse n’est qu’un ensemble de projets visant tout simplement, à servir une ambition politique.
L’autosuffisance en riz ne sera pas atteinte cette année, d’après El Hadji Mansour Samb. L’économiste explique que «le programme d’autosuffisance est limité par l’ambition électorale de nos gouvernants. En 2016, on a importé 800 mille tonnes, en 2013 on avait importé 900 mille tonnes, tout le monde sait que cette année on ne fera pas 1 million 6 mille tonnes. On a des problèmes dans la production, la transformation et la commercialisation. Cela a échoué, parce qu’on n’a pas été dans le long terme. On est dans la précipitation».
Soucieux d’apporter «une rupture dans le débat public, car depuis 2012, on ne parle que de dérives du Président Macky Sall avec son lot d’accusations, de contre-accusations, de déballages, de procès et d’emprisonnement», El Hadi Mansour Samb entend «apporter sa pierre à l’édifice en construction qui est le Sénégal». C’est dans cette logique qu’il a publié aux éditions Harmattan, «Sénégal, les limites du Pse». Cet ouvrage fait «une analyse du monde d’aujourd’hui, de l’Etat, de l’Afrique et des défis que ce continent doit relever. L’auteur y fait aussi une analyse profonde des politiques publiques en décortiquant le Plan Sénégal émergent qui jusque-là n’a fait l’objet d’aucune analyse critique sérieuse», résume-t-on.
Analysant le Pse, M. Samb pense que «Le cadre macroéconomique est saint. Cependant, les chiffres peuvent être reluisants, mais concrètement la population ne le sent pas. Quand on résume une politique économique sur le fait de rendre viable le cadre économique ça pose problème. Tant qu’il y a une fixité entre le Cfa et l’Euro ça ne pourra jamais évoluer». Ce qui le pousse à comparer le Pse au Plan d’ajustement structurel (Pas) : «Qui devait réduire la dette en demandant à l’Etat de s’effacer au profit du privé. Comme il n’y avait pas de grandes entreprises sénégalaises ce sont les étrangères qui se sont installées. C’est le cas des 27 projets d’infrastructures du Pse qui sont d’une haute intensité technologique. Nos entreprises ne peuvent pas le faire, c’est pourquoi ce sont les Français, Turcs, Marocains et autres étrangers qui sont là. Le Pse contient des projets que notre tissu économique ne peut pas faire, alors qu’il fallait mettre des projets adaptés à notre profil économique». C’est cette absence du secteur privé dans l’investissement public qui, selon M. Samb, conduit à une interprétation erronée des chiffres sur la croissance. «On ne peut pas tout le temps vivre de l’investissement public. Le Premier ministre l’a dit lors du lancement de la zone économique et spéciale de Dias. Il faut le constater pour le déplorer, cette croissance est tirée par l’investissement public. Nous arriverons bientôt vers les limites d’une croissance tirée par l’investissement public». Selon M. Samb, «la pression fiscale est à 20%, alors que la Côte d’Ivoire en est à 16,2%. La taxe intérieure sur recette fiscale, norme Uemoa est de 55%, alors que la Côte d’Ivoire est à 52%, nous, on est à 65%, parce qu’il nous faut amasser beaucoup d’argent pour financer les 27 projets d’infrastructure du Pse. Ce qui veut dire que le secteur industriel, la colonne vertébrale de toute économie, ne marche pas. Car 90% sont paralysés, ce qu’on appelle les Pme. Aujourd’hui, il est tiré à 2,8% par les grandes entreprises du secteur minier, Ics, Sar … Comment peut-on émerger avec 90% du secteur secondaire paralysé ? Ce n’est pas possible. Cette paralysie est le résultat des taxes et de l’endettement. Le service de la dette est à 680 milliards c’est un tiers de la recette fiscale. Tout ceci tue le tissu économique local. On est dans la limite du mandat», diagnostique-t-il.
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