HORIZON – Coumbis Sorra, artiste chanteuse : «Le Sénégal n’a pas une bonne industrie musicale»

Coumbis Sorra est une jeune et talentueuse chanteuse sénégalaise. Bercée aux rythmes des mélodies mandingues, cette native de la Casamance a fait ses premiers pas dans le rap sous le nom de Sister Coumbis. Désireuse de s’ouvrir à de nouvelles sonorités et sans doute influencée par les goûts musicaux du paternel, elle se forme au chant et à la guitare. Avec «Bandirabeh» son premier album, elle inscrit son nom dans une bonne trajectoire.Comment êtes-vous venue à la musique ?
Je fais partie d’une famille de griots de la Casamance. Depuis toute petite, j’ai été initiée à la musique. Il y a aussi eu l’influence de mon père qui écoutait beaucoup de musique même si lui-même n’en faisait pas. C’est dans mon sang, je pourrais dire, mais j’ai pris le temps d’aller apprendre la musique. J’ai passé mon diplôme à la maison de la culture Douta Seck.
Où en êtes-vous avec votre carrière ?
J’ai sorti l’album Bandirabeh il y a deux ans, en 2018. Bandiraabeh parlait de la famille, comme son nom l’indique. Les thématiques partaient aussi dans le même sens. Dans Bandirabeh, on peut retrouver Door waar, Excision, Diamono ji, Save the children etc. Là, on est en train de travailler sur le projet «Sina» qui est la suite de Bandirabeh. On est en atelier pour la sortie en mars 2021.
Comment faites-vous pour vos chansons ? Vous les composez vous-même ?
J’écris beaucoup en fait. J’écris moi-même mes chansons, mais je travaille aussi avec Thierno de l’Orchestre national qui est aussi le manager du groupe, le compositeur et l’arrangeur.
Sur le plan musical, quel genre de musique faites-vous ?
Je fais plus de l’afro mandingue. Ça a un public assez particulier, mais heureusement au Sénégal, ça commence à être connu et les gens commencent à l’adopter. Mais on a un public mixte. Dans mon style, j’essaie de fusionner la musique traditionnelle avec celle moderne. Je joue de la guitare aussi.
Vous vous produisez souvent à Dakar ?
Je me produis beaucoup dans les hôtels, les restaurants et les festivals. En 2019-2020, j’ai fait pas mal de festivals sur Dakar. On se préparait aussi pour une tournée internationale en Allemagne, en Espagne et en France en novembre. Malheureusement, avec le Covid-19, ce projet est tombé à l’eau.
Comment avez-vous survécu à ces longs mois pendant lesquels les spectacles étaient interdits ?
Difficilement bien sûr. Un artiste quand on le prive de la scène, c’est comme le mettre en prison. Mais tout le monde comprend le contexte, c’est une maladie qui touche le monde entier. Mais il y a quand même des aspects positifs parce que ça nous a permis de travailler sur énormément de choses, faire des arrangements vocaux, mettre en place beaucoup de belles choses.
Mais financièrement, c’était difficile quand même ?
C’était très difficile. Mais comme on a de petits business à côté, on a pu vivre, mais c’était compliqué.
Et quand on est une jeune artiste au Sénégal, qu’on a envie de réussir, c’est difficile ?
C’est difficile, mais il faut juste y croire. C’est comme dans tous les domaines. C’est difficile pour tout le monde.
C’est quoi le principal obstacle par exemple ?
Pour la musique, financièrement parlant, c’est un peu compliqué parce que les studios ne sont pas très accessibles. Il faut beaucoup de moyens pour enregistrer, faire des projets. Il faut une bonne organisation pour s’en sortir.
Et maintenant qu’il n’y a presque plus de ventes par dvd, comment arrivez-vous à vous en sortir ?
Il y a les plateformes. J’ai eu la chance, avec Bandiraabeh qui est sorti au Sénégal et à l’international, de vendre l’album à la fois physiquement et virtuellement. Et là, j’ai eu la chance de sortir un single en featuring avec Noumoucounda Cissokho et Ma Keïta. Le single est vendu sur toutes les plateformes internationales et ça nous rapporte un peu. C’est difficile encore et très compliqué de s’en sortir, mais malheureusement, au Sénégal, on n’a pas une bonne industrie musicale et les gens n’ont pas l’habitude d’acheter de la musique sur les plateformes.
Vous travaillez avec un producteur international ?
Non. Je collabore avec beaucoup de gens au niveau international, mais on n’a pas encore signé de contrat.