Incruster le public autrichien dans l’espace sénégalais, c’est ce que souhaite Elisabeth Bakabamba, chorégraphe congolaise, à travers son projet «Congo na chanel», une performance danse vidéo installation. Elle y travaille en collaboration avec la compagnie sénégalaise 5e Dimension qui va se produire au festival de Vienne le 15 juin prochain.
Elisabeth Bakabamba Tambwe, chorégraphe, en collaboration avec Jean Tamba, danseur chorégraphe, directeur de la compagnie 5e Dimension et de l’académie de danse à Dakar, a initié un projet dénommé «Congo na chanel». Il s’agit d’une performance danse et vidéo installation qui est coproduite par le festival de danse de Vienne «Wiener festwochen» qui aura lieu le 15 juin en Autriche. En vérité, le projet devait se réaliser avec des danseurs congolais, mais vu l’instabilité de ce pays, Elisabeth a choisi de miser sur une collaboration avec Sénégal. «Je devais normalement partir au Congo pour réfléchir sur la pièce mais avec les troubles et les tensions actuelles, ce n’est pas possible. Donc j’ai préféré venir dans mon pays d’adoption le Sénégal, pour réaliser ce projet», explique-t-elle.
L‘objectif de ce projet dans lequel elle collabore avec Elia Buletti, musicien, et le preneur de son suisse, Nicholas Spencer, est d’incruster le public autrichien dans l’espace sénégalais. Mais aussi permettre à la compagnie la 5e Dimension du Sénégal de jouer sur la scène viennoise. L’idée, selon l’initiatrice, c’est vraiment d’abolir quelque part la frontière, l’écran qui nous sépare et pouvoir être ensemble dans un même espace. «C’est vrai qu’ils sont là du point de vue virtuel, mais le principe c’est vraiment de finalement travailler sur différents médiums que sont la vidéo, le monde réel. Donc comment on va incruster la partie de la réalité dans la fixation et vice-versa», précise-t-elle. Dans son projet, cette Congolaise établie en Autriche évoque l’exploitation des richesses africaines, notamment le coton qui est un point précis qu’elle vise, car «lié à la communication et donc je fais un parallèle entre l’exploitation de cette matière et l’exploitation des danseurs ici».
Selon Mme Tambwe, «il y a quand même pas mal de compagnies et de structures européennes qui utilisent ou parfois abusent en fait de la production, c’est-à-dire prendre des danseurs et jamais rien ne leur revient». C’est ce qui la pousse d’ailleurs à travailler avec le chorégraphe Jean Tamba. «Il forme des danseurs. Et pas mal de danseurs qu’il a formés partent à l’étranger. C’est toute une matière et une richesse qui partent ainsi et le Sénégal ne peut en bénéficier. Donc, il est obligé à chaque fois de refaire une nouvelle jeunesse. C’est épuisant», dénonce-t-elle. Se félicitant de l’initiative, Jean Tamba, directeur de l’académie de danse, a informé qu’il connaît Elisabeth Bakabamba Tambwe depuis 1999, mais ils s’étaient perdus de vue avant de se retrouver à nouveau. «C’est une bonne expérience pour ces danseurs, car c’est la première fois qu’ils font ça… Aussi, c’est très important pour eux», salue-t-il.
Stagiaire