La communauté léboue dénonce le «bradage» des terres de l’aéroport Léopold Sédar Senghor. Après que l’infrastructure aéroportuaire a été délocalisée à Diass, elle demande à ce que l’Etat lui restitue ses terres pour faire face à une démographie galopante et à la promiscuité.
Il ne renonce pas au combat : Le Collectif des associations et mouvements pour la défense des intérêts de Yoff (Camdy) dénonce «le bradage programmé et même déjà enclenché des terres de l’aéroport de Yoff qui, depuis le transfert de la structure à Diass, fait l’objet de graves convoitises». Il pointe du doigt «des personnes ou structures véreuses qui ne sont mues que par leurs propres intérêts, et qui ne semblent être guidées que par l’appât du gain facile. Cela, nonobstant les intérêts de la Nation, ni ceux des Peuples ou populations concernés directement par ces situations, à savoir les villages traditionnels». Cette situation révulse les Lébous qui réclament un droit d’ancienneté sur ces terres déjà en morcellement. «En ce jour, on a jugé nécessaire de lancer officiellement ce combat qui d’ailleurs a toujours existé, mais cette fois-ci pour dénoncer et faire barrage contre cette volonté de brader ces terres de nos ancêtres qui tournent autour de 864 ha», explique Amadou Camara Diène, porte-parole du Collectif regroupant toutes les structures qui combattent pour que Yoff retrouve son «image de localité d’envergure». Jugeant «très grave la situation au moment où Yoff, dans sa nomenclature traditionnelle, a vu sa population doubler voire tripler», M. Diène souligne que «la promiscuité est en train de prendre des proportions inquiétantes». «Cette promiscuité a été aggravée par l’avancée de la mer et une démographie galopante», indique le porte-parole du collectif. Que faire pour inverser la tendance ? «Les espaces ne manquent pas. Les terres sont là. Des hectares de terres appartenaient aux Yoffois qui ont décidé de céder leurs champs aux autorités pour en faire un aéroport, déclare Amadou Camara Diène. Maintenant que l’histoire a changé, de grâce qu’on nous rétrocède nos terres», souligne-t-il en s’en prenant «à des gens venus d’ailleurs pour nous prendre nos terres». Yoff réclame au moins 250 ha sur les terres de l’ancien aéroport pour «loger» ses fils.
Aujourd’hui, le collectif compte sur un soutien de taille : il s’agit de Seydina Issa Laye Diop, fils de Baye Seydi Laye, troisième khalife général des Layènes. Il dit : «J’en appelle à la responsabilité de tout le monde, afin que la terre, qui a souvent été source de violence dans le Sénégal des profondeurs, ne soit pas l’étincelle de trop qui risquerait d’embraser Dakar». «Qu’on le veuille ou non, qu’on le dise ou pas, les terres de l’aéroport, ou ce qu’il en reste, peuvent constituer une véritable bombe foncière pour Dakar et la communauté léboue en particulier», préviennent les animateurs de ce collectif qui rappellent au Président Macky Sall sa promesse de campagne de 2012. «Alors qu’il était candidat à la Magistrature suprême, il avait constaté pour le déplorer la boulimie foncière des autorités en place, et annoncé que dès son accession à la plus haute sphère du pays, il mettrait fin à cette gabegie en retournant aux Lébous leurs terres», indiquent les membres du Camdy qui espèrent que le chef de l’Etat respectera cette promesse pour les rétablir «dans nos droits».