Pour la première fois depuis la création en 1630 de Boston, l’une des plus anciennes villes des Etats-Unis, c’est une femme qui prend les rênes de la mairie. Et Kim Janey est non seulement la première femme mais aussi la première Afro-Américaine à obtenir ce poste. Après 91 années de maires italo-américains ou irlando-américains, Mme Janey a prêté hier serment pour remplacer Martin J. Walsh, qui a été confirmé par les sénateurs américains au poste de secrétaire au Travail.
Kim Janey est née à Boston en 1965 dans le quartier de Roxbury, où sa famille réside depuis six générations et qui fait partie du district où elle est élue depuis 2018. Comme la vice-présidente, Kamala Har­ris, elle appartient à cette génération d’élèves afro-américains qui ont connu l’expérience du «busing», un système de transport scolaire qui visait à promouvoir la mixité sociale ou raciale au sein des établissements scolaires publics, et qui, comme en témoignent de nombreux Bostoniens, a laissé des traces dans la communauté afro-américaine.
Kim Janey n’hésite pas à raconter ses souvenirs et parler de son bus, escorté par la police, caillassé par les habitants des quartiers blancs qui proféraient des insultes racistes à l’endroit des enfants. Une époque où cette communauté restait stigmatisée malgré la déségrégation.
Après un parcours professionnel dédié à l’éducation, dans la lignée de son père, éducateur et fervent militant pour une éducation de qualité en faveur des minorités, cette activiste va désormais gérer la destinée d’une ville de 700 000 habitants, une ville où les écarts de niveaux de vie entre communautés restent très importants.
Selon une étude récente de la Réserve de la banque fédérale de Boston, les familles blanches de la ville détiennent en moyenne un patrimoine de 250 000 dollars, contre huit dollars pour les familles afro-américaines. Boston a certes changé ces dernières décennies -les quartiers exclusivement blancs sont désormais plus représentatifs de la diversité-, mais malgré cette ouverture, la communauté afro-américaine semble rester à l’écart. La police de Boston est ainsi, selon le New York Times, «disproportionnellement blanche». La nouvelle maire par intérim de Boston fait face à de grandes attentes, sachant que le niveau de vie de la communauté noire et afro-américaine reste très en deçà des autres dans cette ville.
Kim Janey a sept mois pour tenter de changer les cho­ses, avant la tenue des prochaines élections. Elle ne s’est pas encore prononcée quant à une éventuelle candidature en no­vembre prochain. C’est donc une tâche qui, comme l’estiment certains de ses pro­ches, s’annonce compliquée. Kim Janey souhaiterait par exemple une police plus représentative de la diversité de la population, mais les pouvoirs d’un maire de Boston par intérim sont restreints, expliquent certains membres du Conseil municipal. Elle prend en main les rênes d’une ville qui attend un changement rapide, peut-être trop rapide pour un mandat aussi court.
Rfi