Le groupe Lydel com a organisé, ce samedi au Grand Théâtre, la 2ème édition des veillées cinématographiques et musicales autour de la culture pulaar : Hannde ko yelaa. Durant cette soirée les Peulhs ont revisité un pan de leur culture constituée de chants et de danses, en l’occurrence le Yelaa et le Caayde.
Après les faramarènes, c’était autour de la communauté halpulaar de se retrouver au Grand Théâtre, pour cette fois fêter le pulaagu. Le prétexte étant la 2ème édition de Hannde ko yelaa, les Peulhs ont pu offrir une belle plongée dans le Fouta et montrer, à travers deux projections, les multiples facettes de la culture emblème au Nord-Sénégal. Dans la première projection, la réalisatrice Fatimata Ly Fall, s’est mise sur les pas du Yelaa, pour en retracer, l’histoire, l’origine et le sens. C’est quoi le Yelaa ? On apprend au gré des différentes interventions, que le Yelaa est une musique traditionnelle, d’abord chantée par les femmes des guerriers, qui ont accompagné Koli Tenguella lors de son accession au pouvoir dans le Fouta Toro. Dans les propos du traditionnaliste, Samba Hawoly Seck on retient que le Yelaa remonte a bien longtemps. Selon la cantatrice Lama Seck, le Yelaa était surtout chanté au retour des batailles. Le professeur de littérature, Amadou Ly, affirme quant à lui, qu’il faudrait retenir du Yelaa, que ce sont des chants provenant de faits réels, mais que l’on exagère.
Baba Maal en a fait lui, son étalon, bien que n’étant pas habilité à le chanter. Dans le film jalonné de belles mélodies du Yelaa, le chanteur explique comment l’amour du Yelaa est né en lui. Captivé autant par la richesse des textes et le côté musical du Yelaa chanté par la grande mère de son ami Mansour Seck, Baba Maal, ne pouvait faire autrement que de se laisser emporter par cette musique qui l’attirait comme un aimant. Le Yelaa soutient-il, «c’est une mémoire, toute une éducation, toute une école». Voilà ce qui a donc poussé, le lead vocal du Daande lenol à l’adopter et à en faire une musique universelle. Qu’en est-il alors du Caayde ?
Le Caayde de Thilogne
Dans le second documentaire de la veillée cinématographique et musicale, réalisé par Mamadou Ndiaye, on apprend que le Caayde est une danse, une cadence, une sorte de rythme effectué à des moments précis de l’année, surtout pendant la fête de Tabaski. Et contrairement au Yelaa qui est une musique universelle, le Caayde est une chorégraphie locale, qui n’est pratiquée nulle part autre qu’à Thilogne : localité située dans la région de Matam. Dans un habillement de type traditionnel, les femmes qui la pratiquent, forment deux groupes, aux rangs bien serrés. Chacune chante, danse et avance à pas réduits. D’où certainement l’appellation de «marche de canards» que l’on donne au Caayde qui revêt un aspect aussi bien culturel que social. Dans son aspect social, le Caayde contribue à raffermir les liens sociaux, en ce sens qu’elle permet aux femmes, de faire le tour des maisons pendant la Tabaski.
Dans son revêtement culturel on apprend également que le Caayde n’est autre qu’une danse liée à la saison, à l’environnement, à la fête, ou aux figures historiques d’une localité. Il se caractérise surtout par son aspect poétique, qui donne droit aux femmes, de dire du bien comme du mal d’autrui au cours de leur procession. Il arrive même qu’elles en viennent aux mains, se déchirent leurs boubous, se tirent boucles d’oreilles et bracelets en or mais «tout reste dans le cadre de la plaisanterie», informent les deux intervenants du film qui déplorent surtout que cette tradition ait tendance à disparaitre. Cette sacrée culture les jeunes ne veulent pas la perpétuer. Ils aiment plutôt s’habiller de façon moderne et mettre des mèches sur la tête. Heureusement de nombreux «halpulaar modernes» sont venus consommer du Yelaa et prendre part à la fête du pulaagu : Hannde ko yelaa !
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