Lettre à Madiambal : Que les Républicains se lèvent !

Un article qui dérange est forcément un propos qui a retenu l’attention. Ce qui n’est pas le cas de tout propos arrivant sur la place publique. La suspicion légitime qui fonde la chronique de Madiambal Diagne est rendue d’autant plus pertinente que les interrogations qu’il pose et soumet à la réflexion de tous s’inscrivent dans le décryptage d’évènements politiques et sociaux récents.
Ainsi, si un commentaire, sur fond d’opinions et d’analyses, dérange au point de donner des urticaires à certains, cela accorde plus de valeur aux propos incriminés. Il devient alors intéressant de bien le visiter et même de devoir le revisiter. Il faut être morveux pour se moucher ou se sentir coupable pour apprécier cela comme un poil à gratter.
L’unité nationale n’est pas en cause, car la Nation sénégalaise est une réalité et une évidence depuis bien longtemps, bien avant l’arrivée des caravanes des esclavagistes arabes et des caravelles des colons européens artisans de la traite négrière. Néanmoins, ce n’est pas parce que nous sommes une Nation avec un commun vouloir de vie commune, partageant un vivre ensemble, que nous avons pour autant les mêmes ambitions pour notre destin commun. Notre mosaïque est faite de nos différences enrichissantes et complémentaires, elle n’occulte pas pour autant l’existence de différends dans une société où s’expriment différents courants de pensée et de projets politiques.
Madiambal n’est pas à féliciter pour avoir refusé de céder à la politique de l’autruche et à la tartufferie. Il assume un rôle de sentinelle et d’alerte. Il s’est autorisé une lecture perspicace des faits ayant lieu sous nos yeux. N’est-ce pas ce que font certains prétendus activistes, bloggeurs et lanceurs d’alerte ?
Dans les propos de la chronique de Madiambal, il y a ni invectives ni insultes, ni propos calomnieux et diffamatoires, contrairement à ce qui s’observe avec les fantassins courageusement masqués de la toile.
Son opinion sur ces faits interpellant tous les segments de la communauté nationale peut ne pas plaire à certains, c’est leur droit. Tout comme c’est son droit à lui d’avoir le courage de ses idées et de les livrer à la sagacité de ses compatriotes.
Certains pourraient lui reprocher d’avoir utilisé un miroir grossissant certains points ou d’avoir exagérément accordé trop d’importance à des faits. Mais nul ne peut lui reprocher d’avoir travesti, tronqué ou inventé. Et pourtant, dans cette même séquence temporelle, sur la place publique, il a été donné d’observer de l’intoxication, de la manipulation, de la transposition et du travestissement qui, eux, ont mis en mal la cohésion nationale et qui à terme sont des menaces sérieuses sur notre destin collectif.
Les opinions sont personnelles comme les humeurs sont subjectives. Que ceux qui ne sont pas du même avis que lui sur son interprétation sur les propos tenus dans sa chronique prennent leurs plumes et lui apportent la contradiction ! La bataille des idées induit un débat d’opinions.
Ni menaces ni invectives, ni insultes ni police de pensée ne doivent prospérer. Le règne de la terreur débute toujours avec la montée de la pensée unique et le refus du débat et de la contradiction. Cette tentative de prise de pouvoir par la terreur en a déjà donné l’illustration avec l’Allemagne nazie en Europe ainsi qu’à Haïti avec Papa Doc et les Khmers rouges au Cambodge. La violence devient une arme fatale utilisée par les terroristes et les partisans du totalitarisme contre la République quand les démocrates font preuve de faiblesse sur leur valeur et leurs idées devant les extrémistes et les intolérants.
Madiambal a mon estime et engagement dans ce combat pour la défense de la République et de ses valeurs, car sans elles, parler de Nation et de destin collectif est une forfaiture. La République au Sénégal a gommé nos fragilités et prétentions. Le citoyen a remplacé le casté, le noble et l’esclave. La Nation a fait de nous tous une seule identité : l’Homo senegalensis.
De valeureux fils du Sud se sont distingués comme d’autres de leurs concitoyens qui appartiennent à la partie septentrionale ou orientale dans la naissance et la construction de notre si beau pays. Le patronyme n’est pas forcément indexé à une appartenance identitaire, communautaire ou régionale et le cousinage à plaisanterie est le ferment de notre osmose national.
Déjà, dans le clan ou la tribu, il y a des allégeances et des solidarités fondées sur le patronyme. Pour exemple, entre un Diallo et un Ba, entre un Diop et un Ndiaye, entre un Fall et un Dieng, entre Gomis et Mendy, tutti quanti. Entre communauté linguistique, ce cousinage à plaisanterie fait que le Pulaar et le Sérère se doivent solidarité mutuelle tout comme le Diola et le Sérère ne peuvent être ennemis, entre autres.
Il y a des familles sénégalaises à patronyme Gomis, Sané, Diatta, Gassama, Coly, Diédhiou, Corréa établies depuis plus de six générations dans toutes les parties du Sénégal, comme à Gorée, Rufisque, Thiès, Diourbel, Mbacké, Saint-Louis, Dakar.
Tout comme il y a des Sénégalais au patronyme Fall, Ndiaye, Diop, Seck, Niang, Ba, Kâ, Mbaye, avec de racines casamançaises, ayant pignon sur rue et reconnus comme tels à Ziguinchor, à Kolda, à Sédhiou, à Bignona, à Vélingara, à Goudomp, etc. depuis des lustres.
Au panthéon national, on peut ainsi retrouver deux anciens Chefs d’état-major de l’Armée nationale Tavarès Da Souza et Idrissa Fall, sans compter tous les autres officiers supérieurs qui, de 1960 à aujourd’hui, portent fièrement la tenue de notre Armée nationale.
Nul ne peut parler de vie politique au Sénégal sans évoquer la figure emblématique de Emile Badiane, du Professeur Assane Seck, Edouard Diatta, le député qui a marqué les annales de l’Assemblée nationale comme président de la Commission des affaires étrangères, sans compter tous les députés et ministres ayant souche au Sud.
Dans le cercle de nos intellectuels émérites et nos artistes de valeur, on peut citer le Professeur Christian Sina Diatta, Marcel Bassène, sans compter l’ingénieur-architecte Pierre Goudiaby Atépa, le cinéaste Ousmane Sembène, le flamboyant Julien Jouga, le roi de la kora Lalo Kéba Dramé et j’en passe. Ceux qui ont armé le Mfdc, ceux qui les ont pris comme alliés et ceux qui ont fondé leur allégeance sur la différence identitaire, ce sont eux qui menacent notre commun vouloir de vie commune.
Madiambal, merci de nous indiquer que le voyage le plus long commence par le premier pas. (Confucius dixit). Le pays a certes besoin d’apaisement après le bruit et la fureur, mais il ne faut pas croire, comme l’hirondelle avec le printemps, qu’un prétendu messie, fumeux dans ses propos et girouette dans ses postures, est un rédempteur attendu par un peuple en désarroi.
Le Sénégal est entre de bonnes mains depuis 2012 et le traitement que le Président Macky Sall a réservé aux ennemis de notre pays, ayant pactisé avec les félons tapis parmi nous, n’a fait que conforter une chose : l’Etat est une réalité indestructible au Sénégal, car la République a comme chef un homme d’Etat qui s’est encore révélé durant ces jours de soubresaut. La mesure, la responsabilité et le dépassement dont il a su faire preuve ont raffermi son autorité auprès de ses collaborateurs et de ses concitoyens.
Une crise est toujours salutaire, car elle sert de révélateur à des situations en latence et des interrogations diffuses qui préoccupent les populations. La République a ses soldats pour la défendre, mais elle a besoin de ses partisans pour la soutenir.
Abdoulaye Bamba DIALLO