Le manque d’infrastructures et de personnels dans le secteur de l’enseignement supérieur inquiète le Sudes/Esr. Ce syndicat qui dénonce le désintérêt du gouvernement pour ce secteur l’accuse de privilégier la construction d’infrastructures de prestige au détriment de celles destinées aux Universités.Par Dieynaba KANE –

Le diagnostic fait par le Sudes/Esr de la situation dans l’enseignement supérieur est loin d’être reluisant. Le syndicat dénonce «le désintérêt de plus en plus grand et inquiétant du gouvernement du Sénégal pour le sous-secteur de l’Enseignement supérieur et de la recherche» et aussi «la non satisfaction des points essentiels de revendications (déficit d’infrastructures et de personnels (…)». Oumar Dia et ses camarades, qui s’opposent à «cette orientation du gouvernement», ont «décidé de ne pas se rendre complices de la destruction en cours de l’Université sénégalaise en se cantonnant à une forme d’inaction coupable». Ainsi, ils ont déposé «un préavis de grève couvrant la période du 20 avril 2021 au 31 décembre 2021». Et les syndicalistes de faire dans la menace : «Si dans les semaines à venir le gouvernement et le ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation ne manifestent aucune volonté sincère de changer radicalement la situation actuelle de l’Université sénégalaise, le Sudes/Esr observera des grèves dans toutes les Universités du pays et mettra en œuvre un plan d’action destiné à ramener le gouvernement à la raison.» Concernant les infrastructures, le Sudes/Esr dénonce les choix des autorités. Pour les membres de cette organisation, le gouvernement, «loin de prendre la mesure de la gravité de la situation et d’adopter l’attitude de responsabilité qu’elle commande, a continué à donner la priorité à des infrastructures de prestige». Les coûts exorbitants de ces infrastructures, d’après ce syndicat, «auraient définitivement réglé tous les besoins en formation de la jeunesse du pays s’ils étaient investis dans les chantiers des Universités Amadou Makhtar Mbow de Diamniadio, Sine Saloum El Hadji Ibrahima Niasse, Iba Der Thiam de Thiès, du Sénégal oriental, des centres délocalisés des Universités Assane Seck et Gaston Berger, à Sédhiou, Kolda, Guéoul, Matam et des Isep dans toutes les régions du Sénégal». Malheureusement pour ces enseignants du supérieur, «en lieu et place d’un tel investissement prioritaire, accompagné d’un Plan Marshall de recrutement d’au moins 500 enseignants-chercheurs par an pendant 10 ans, le gouvernement a choisi de donner la priorité à la réalisation du Centre international de conférences Abdou Diouf (Cicad), de l’Arène de lutte de Pikine, de l’Arena Stadium de Diamniadio et depuis quel­ques mois au grand stade du Sénégal». A ces infrastructures privilégiées au détriment de celles de l’enseignement supérieur, les syndicalistes ajoutent le campus franco-sénégalais qu’ils considèrent comme «une réponse prompte à l’exigence du Président Macron de se cantonner en terre africaine, mais d’exploiter au bénéfice de la France les étudiants africains les plus solvables». En outre, le Sudes/Esr fustige la décision «irréfléchie» du ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation de mener une «réforme des Masters». D’après Oumar Dia et ses camarades, «le seul but semble être de détourner l’argent qui était jusqu’ici consacré au financement des étudiants en Master».
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