Les questions relatives aux violences basées sur le genre dans l’espace scolaire restent une équation qui n’est pas encore résolue. Le Groupe pour l’étude et l’enseignement de la population (Geep) est très préoccupé par la persistance de cette situation fâcheuse, surtout dans l’environnement scolaire. «Nous voulons intégrer des questions qui ne sont pas prises en charge par le capital de savoir dispensé par l’école dans le programme officiel dont celui de la santé de la reproduction, la non prise en compte des problèmes des jeunes qui sont plus nombreux. Nous avons fait le tour de ce qui existe dans la région et il se trouve que les besoins des jeunes en matière de santé de la reproduction, de lutte contre les violences basées sur le genre, de promotion des droits de l’Homme ne sont pas totalement pris en compte», explique Mamadou Elimane Kane, chargé de programme au Geep et coordonnateur administratif du Projet d’appui au renouveau des curricula.
«Nous renforçons leurs capacités pour qu’ils puissent prendre en charge les questions de la jeunesse, et surtout de la reproduction, et de la lutte contre les violences basées sur le genre dans l’espace scolaire», enchaîne ce professeur d’Histoire et de géographie de formation, pour justifier la tenue d’un atelier de renforcement de capacités de 35 Leaders élèves animateurs (Lea) et leurs professeurs, qui mobilisent les clubs d’éducation à la vie familiale, qui sont des professeurs relais techniques. «Ces bénéficiaires vont essayer de vulgariser ce qu’ils ont eu comme renforcement de capacités, mais également continuer de travailler avec les structures médicales et sociales qui manquent ici parce que le seul centre ado de la région est à Mbacké. Les questions de la santé de la reproduction sont tellement importantes que les services médicaux dédiés à elles n’ont pas beaucoup de moyens en personnel pour pouvoir agir au niveau de l’école et de la communauté», poursuit M. Kane.
Aujourd’hui, il faut continuer la sensibilisation pour permettre aux jeunes filles, qui ploient encore sous le poids des mariages précoces et des grossesses non désirées provoquant des abandons scolaires prématurés, de sortir de ces pièges. Alors qu’il existe dans les grandes villes les Maisons de droit de l’Association des juristes sénégalaises et les Boutiques de droit pour la prise en charge de certains cas, c’est le désert dans les régions. «Il faut encourager les élèves qui ont des problèmes de santé de la reproduction à ne pas avoir honte de le dire et de s’adresser aux structures compétentes. Nous sommes dans une société où ce n’est pas facile de parler de la santé de la reproduction. Il faut tout faire pour permettre aux filles d’aller à l’école, mais surtout d’y être maintenues parce que de­puis presque plus de 20 ans, les filles dament le pion aux garçons quand il s’agit de performances scolaires», ajoute-t-il.
Par Oumy Ly (Correspondante) – oumy.ly@lequoidien.sn