La cité religieuse de Touba a abrité la célébration de la Journée mondiale de lutte contre l’hypertension artérielle. Cette maladie, selon Pr Abdoul Kane, est très fréquente. Il précise qu’un adulte sur 3 au Sénégal est hypertendu.Par Oumy LY (Correspondante)

– «L’hypertension artérielle est une maladie très fréquente qu’on peut considérer comme la maladie la plus répandue au Sénégal. D’après les dernières données dont nous disposons, 1 adulte sur 3 au Sénégal présente cette maladie», révèle Pr Abdoul Kane, cardiologue. Il ajoute : «Cette maladie est grave puisqu’elle constitue une des causes principales, sinon la principale cause de plusieurs affections. C’est le cas des Accidents vasculaires cérébraux (Avc), le cas de la maladie rénale, de l’insuffisance cardiaque, de la crise cardiaque, entre autres. Toutes ces maladies ont un dénominateur commun qui est l’hypertension artérielle comme principal facteur de risque.» Le président de la Société sénégalaise de cardiologie, qui a présidé la célébration de la Journée mondiale de lutte contre l’hypertension artérielle à Touba, demande des mesures urgentes. Surtout que, dit-il, cette pathologie est sous dépistée au Sénégal et des patients, même dépistés, ne sont pas traités et moins de 2 patients sur 10 sont à peine contrôlés. Pour M. Kane, «des centaines de milliers de Sénégalais qui sont hypertendus ne le savent pas forcément ou ne sont pas simplement contrôlés, tout en soulignant qu’il faut des efforts conséquents pour mieux prendre en charge cette affection».
Par rapport au thème de cette année, Pr Abdoul Kane a fait savoir que ce thème pose la question centrale de la reconnaissance de la maladie. «Venir mesurer sa tension artérielle de la manière la plus fiable avec précision semble être un terme assez simple, mais en vérité c’est la porte d’entrée puisqu’on peut considérer aujourd’hui qu’il y a environ 2 millions de Sénégalais qui peuvent être hypertendus. Ne pas bien prendre en charge la mesure de la pression artérielle peut entraîner les erreurs par excès ou par défaut !» Expliquez-nous ! «Imaginer des erreurs par excès ! Vous allez traiter des centaines de milliers qui ne sont pas hypertendus en les donnant des médicaments avec toutes les répercussions sanitaires socio-économiques. A l’inverse, sous-estimer ou mal poser le diagnostic chez des gens qui sont vraiment hypertendus et de considérer que ce sont des personnes normales, vous les exposez à des risques particulièrement importants. Donc elles ne seront pas traitées et vont risquer d’être des sujets à complication dont nous avons parlé», a-t-il expliqué.
Revenant sur le choix de tenir la journée à Touba, Pr Kane se veut très clair : «Le choix de Touba peut être justifié par plusieurs raisons. D’abord, cette ville est un vrai carrefour qui compte plus d’un million d’habitants, mais il y a des raisons purement sanitaires parce que Touba a une très forte prévalence. Selon les équipes qui ont mené des études, plus de 40% de la population adulte de Touba ont l’hypertension artérielle, mais on considère que ces hypertendus sont souvent sévères et dépistés de manière tardive et sont souvent compliqués. Enfin, une autre raison est aujourd’hui qu’on décentralise la prise en charge et de penser à la deuxième ville la plus peuplée au Sénégal. En effet, avoir une bonne prise en charge à Touba sera un bel exemple pour pouvoir assurer une bonne prise en charge dans les autres localités. Il faut diminuer la consommation de sel parce qu’à Touba elle semble jouer un rôle important dans l’hypertension artérielle. Il faut se faire dépister. Toute personne de 25 ou 30 ans doit savoir son statut tensionnel», a-t-il dé­taillé.
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