Modification du Code pénal aujourd’hui : L’opposition dénonce un projet liberticide, appelle à manifester

Face à la presse hier, l’opposition parlementaire a dénoncé une «loi liberticide» qui vise les opposants au régime du Président Macky Sall.Par Mamadou SAKINE
– L’opposition parlementaire semble avoir été prise de cours par le projet de loi modifiant la loi n° 65-60 du 21 juillet 1965 portant Code pénal. Les motifs avancés par l’Exécutif ne la convainquent pas. Alors que ledit projet doit être examiné aujourd’hui, Ousmane Sonko, Cheikh Bamba Dièye, Aïda Mbodj, les frères Bara Dolli et Cie ont fait face à la presse hier pour alerter sur les dispositions «liberticides» de ce projet. Et c’est particulièrement l’article 279-1, assimilant plusieurs infractions à des actes de terrorisme, que les députés de l’opposition dénoncent. Entre autres, il y a «les crimes commis par participation à un mouvement insurrectionnel, les violences ou voies de fait commises contre les personnes et les destructions ou dégradations commises lors de rassemblements, les destructions, dégradations et dommages, la dégradation des biens appartenant à l’Etat ou intéressant la chose publique, l’association de malfaiteurs, les menaces, les blessures et coups volontaires, les infractions liées aux technologies de l’information et de la communication». Sonko et Cie voient dans ces dispositions une «réponse» aux événements de mars dernier. «Ce sont des infractions politiques pour pouvoir se servir de sa police, de son procureur et imposer un 3ème mandat», a dit le leader de Pastef. Cheikh Bamba Dièye d’ajouter : «Ce texte est fait pour permettre à un homme d’avoir la mainmise sur la totalité de ses citoyens, si l’on n’y prend garde.»
«Un projet liberticide»
L’opposition parlementaire va saisir dès ce vendredi le Conseil constitutionnel sur le projet de loi portant modification du Code pénal, à l’Assemblée nationale en procédure d’urgence. «Aujourd’hui, il (Macky Sall) nous fait un projet de loi liberticide, de confiscation de toutes les libertés et de tous les droits, qualifiant de terrorisme toutes les infractions, y compris celles mineures qui étaient déjà cataloguées par le Code pénal et le Code de procédure pénale pour lesquelles des sanctions avaient été formellement identifiées», avance Ousmane Sonko. Qui ajoute : «Macky Sall classe aujourd’hui toutes ces infractions dans la rubrique terrorisme, y compris des infractions politiques pour pouvoir se servir de cela avec son procureur, son juge, son ministre de la Justice pour casser des opposants et perpétuer ou confirmer son projet de 3e mandat au Sénégal. Il est temps d’arrêter le dictateur Macky Sall.» Dans la même veine, il a interpellé la communauté internationale qui, selon lui, «a tendance à fermer les yeux pour après dire qu’ils ne sont pas informés». «Macky Sall vous manipule (la communauté internationale). Il sait très bien que la communauté internationale est très sensible à tout ce qui relève des questions de terrorisme», fulmine Ousmane Sonko.
«C’est la possibilité d’infiltration des marches de l’opposition»
Déthié Fall souligne ce qui se cacherait derrière ce projet de loi. «C’est la possibilité d’infiltration des marches de l’opposition, à leurs rassemblements. Infiltration pour créer, par ses nervis qu’il a recrutés, des saccages de biens publics, des morts et accuser les opposants et les populations de terrorisme», soupçonne l’ancien numéro de Rewmi. Avec cette loi, poursuit-il, «le président de la République, Macky Sall, entame sa marche vers un 3ème mandat forcé, c’est ça le mobile du crime». Avant d’ajouter : «Aujourd’hui, il se rend compte qu’il est impopulaire. Le succès des rassemblements de l’opposition commence à l’irriter très sérieusement. Et il sait que si ça continue comme ça, son projet de se maintenir au pouvoir en 2024 est mort-né.» Et de l’avis de son collègue Aïda Mbodji, «tout le monde est en sursis, personne n’est épargné». «C’est une situation extrêmement grave», renchérit Cheikh Bamba Dièye. Pour lui, ce que viserait le Président Macky Sall est que «la sanction ultime est d’être condamné à perpétuité».
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