Après son appel aux organisations de la Société civile pour la libération de son mari pour raisons humanitaires, Mme Habré peut commencer à pousser un ouf de soulagement en attendant évidemment la décision des autorités judiciaires. La Raddho, le Forum du justiciable et Africa jom center dont le leader a été l’un des plus grands militants du jugement de Habré, demandent à l’Etat de le libérer vu son âge et son état de santé.Par Ousmane SOW

– L’appel de Mme Habré a été entendu. «Nous, organisations de défense des droits humains, avons été saisis par la famille de M. Hissein Habré, ancien Président du Tchad, jugé en 2016 par les Cae et incarcéré à la prison du Cap Manuel depuis Juin 2013, sur la nécessité de revoir la situation de ce dernier dans ce contexte de pandémie qui menace particulièrement les personnes âgées», écrivent, dans un communiqué conjoint, la Raddho, le Forum du justiciable et Africa jom center, dirigé par Alioune Tine. Il était au-devant du combat ainsi que la Raddho dont il était le président, pour faire comparaître l’ex-dirigeant tchadien devant une juridiction. Autre temps, autre mœurs….
Il faut rappeler qu’au début de la pandémie, Hissein Habré avait été placé le 7 avril 2020 en résidence surveillée pour 60 jours à cause des risques pour sa santé et de son âge avancé. Pour ces trois organisations, la situation actuelle devrait pousser les autorités à lui accorder le même privilège. «Avec la recrudescence de la pandémie marquée par l’arrivée du variant Delta, plus contagieux et beaucoup plus dangereux, rien ne devrait s’opposer à des mesures humanitaires en faveur de l’ancien Président du Tchad. Nos organisations rappellent que M. Hissein Habré garde intact son droit à la vie et à la santé», notent les trois organisations.
Pour elles, c’est une question de vie. «En raison de la gravité de la pandémie actuelle et compte tenu de la détérioration de sa santé et de son âge avancé, l’Etat du Sénégal doit prendre les mesures idoines. Face à cette situation, nos organisations rappellent la nécessité de respecter le droit à la vie et à la santé de M. Hissein Habré, demandent qu’une attention particulière soit portée, compte tenu de son âge, à la santé de M. Habré, appellent, pour des raisons humanitaires et sanitaires, à un allégement des conditions de détention de Hissein Habré», poursuivent la Raddho, le Forum du justiciable et Africa jom center.
Aujourd’hui, les familles des victimes de Habré s’opposent à sa libération, surtout à cause des retards liés à leur indemnisation. Lorsqu’une Chambre d’appel a confirmé la condamnation de Habré en avril 2017, et octroyé 82 milliards de francs Cfa à 7396 victimes identifiées, elle a mandaté un Fonds fiduciaire de l’Union africaine pour lever de l’argent en recherchant les avoirs de Habré et en sollicitant des contributions volontaires. Bien que l’Ua ait adopté le Statut du Fonds fiduciaire en 2017 et ait alloué 5 millions de dollars au Fonds, celui-ci n’est toujours pas opérationnel. Plus de 4 ans après la condamnation de l’ex-Président tchadien pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et torture, elles sont lasses de patienter. «Nous organisations de la Société civile, insistons sur la nécessité d’accélérer le processus d’indemnisation des victimes qui reste une obligation pour la Communauté internationale. Ainsi, l’Union africaine doit prendre en charge la question de la mise en œuvre effective de la réparation due aux victimes et recommander la prise en charge et l’accélération du processus d’indemnisation des victimes», soutiennent les trois organisations de défense des de l’Homme.
Stagiaire