Le mérite est au diplôme ce que l’eau est à la vie. Il est vital. Pour Pape Mamadou Touré alias Diaz, l’argent peut ouvrir toutes les portes. Et par conséquent, il peut se subsister au mérite. Pour une somme d’argent, le directeur de l’école Serigne Abdou Karim Mbacké de Guédiawaye met à disposition les sujets ainsi que les corrections pour des candidats du Baccalauréat, sans effort. Par Malick GAYE

– Le Baccalauréat sans effort ! C’est sans doute le terme le plus approprié pour définir ce qui s’est passé à Pékesse, dans la région de Thiès, lors de l’épreuve de philosophie du Baccalauréat où 15 personnes ont été ajournées pour tricherie. Ces candidats libres qui venaient de la banlieue dakaroise ont quelque chose en commun : Ils sont tous sous la houlette de Pape Mamadou Touré. Plus connu sous l’acronyme Diaz, le directeur de l’école Serigne Abdou Karim Mbacké de Guédiawaye est pointé du doigt. Une vidéo parvenue au journal Le Quotidien informe que le sieur Touré aurait joué un rôle important dans cette fraude. Coutumier des faits, à chaque examen, il accepte des candidats, moyennant au minimum une somme de 150 mille francs Cfa pour les inscrire dans son école. Grâce à ses relations, Diaz envoie ses candidats à l’intérieur du pays pour passer l’examen, fait-on savoir dans le document. Ensuite, via les réseaux sociaux, les sujets sont mis à la disposition des candidats. En résumé, les candidats payent pour être certains d’avoir le diplôme, car le sujet ainsi que la correction sont mis à leur disposition, bien avant les épreuves.
Si Diaz a pu rencontrer du succès au point de répéter sa stratégie chaque année, c’est qu’il a forcément des complices hauts placés. En effet, le neveu d’un procureur de la République est cité comme son ami. C’est d’ailleurs ce dernier qui le protège en cas de problème avec la justice. En 2020, Diaz a été cité dans une affaire de tricherie. Il a été arrêté, puis relâché.
Cette année, après l’épisode Pékesse, Diaz a écrit à l’inspection d’académie pour protester contre l’échec de ses 80 candidats au Bfem dans un français pittoresque qui a fait le tour de la toile sénégalaise.
Comment une personne avec un niveau pareil peut diriger une école ? Comment a-t-il pu se procurer les sujets d’examen ? A-t-il des complices ? Qui sont-ils ? Voilà autant de questions auxquelles les autorités devront apporter une réponse.
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