La mise en œuvre du programme des uniformes scolaires d’un coût de 10 milliards par année, pendant trois ans, continue de soulever des polémiques. Pressentis pour exécuter ce marché, les acteurs de la confection, réunis au sein de l’Association des acteurs de la mode associée du Sénégal (Amas), dénoncent déjà des failles dans la définition des modalités d’accès à ce marché.Par Amadou MBODJI

– Dès la prochaine rentrée scolaire, les écoliers sénégalais arboreront un uniforme fourni par les soins de l’Etat. D’un coût global de 10 milliards par année pendant trois ans, ce projet aiguise des appétits, notamment chez les confectionneurs locaux. En conférence de presse ce dimanche, l’Association des acteurs de la mode associée du Sénégal (Amas), a souhaité rappeler aux autorités les ratés de la campagne de fourniture de masques durant la première vague du Covid. «Il faut veiller à ce que l’exemple des masques avec son lot de frustrations nées de la mauvaise exécution ne se reproduise», a plaidé Bamba Sow, président de l’Amas. En faisant leur propre analyse, les membres de l’Amas listent des failles dans l’attribution du marché des uniformes. Ces «failles», soulignent les membres de cette structure, sont volontairement entretenues. «Il apparaît parmi les omissions, que les conditions et les modalités d’accès à la commande n’ont pas été précisées. Autrement dit, s’agira-t-il d’un appel à la concurrence ? Si tel est le cas, les confections de dimensions industrielles vont rafler la mise et le grand nombre sera pénalisé», fait remarquer le président de l’Amas avant de souligner que «le principe de réserver les 15% à la commande publique n’est pas mis en avant dans le programme». Indiquant qu’il «a été dit et redit que ce marché est réservé dans son intégralité aux tailleurs sans distinction de niveau», M. Sow de dénoncer une marginalisation des artisans dans la mise en œuvre dudit programme. «Au niveau de la composition des comités régionaux chargés de la mise en œuvre du programme comme du comité de pilotage, il a été noté que les organisations professionnelles représentatives des artisans n’ont pas été associées», argumente-t-il. «Les comités régionaux et départementaux n’ont aucune prérogative en matière de passation de marchés», souligne le président de l’Amas qui en tire la conclusion selon laquelle que cela «pose l’éternel problème de la décentralisation et entraîne l’opacité de l’opérationnalisation du programme». En guise de solution, l’Amas exige qu’en plus «d’une carte professionnelle en cours de validité», que «les représentants des artisans soient associés dans le comité de pilotage et les comités régionaux et départementaux et que les marchés soient décentralisés au niveau local».  Souhaitant la mise en place «des mécanismes d’évaluation annuelle à la fin de l’opération», les membres de l’Amas demandent que soient définis «les prototypes et les couleurs pour chaque type d’uniforme». «Tous ces points n’ont été pris en charge dans le document du programme», constate Bamba Sow, qui souligne que cela «entraîne des lacunes et des omissions qui pourraient porter préjudice à la transparence et plomber les résultats attendus de cet important programme triennal qui aurait pu être un levier efficace dans la promotion de la filière textile en général et la couture confection en particulier».
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