La fermeture depuis deux semaines des unités de production d’eau en sachet ulcère le Collectif national des acteurs de l’eau filtrée du Sénégal. Il l’a manifesté hier à Thiès, à la faveur d’un sit-in suivi d’un point de presse. Ce collectif, qui s’est fortement mobilisé, dénonce la mise en chômage de milliers de personnes et invite le ministre de l’Environ­nement et du développement durable, Abdou Karim Sall, à revoir sa copie.Par Ndèye Fatou NIANG(Correspondante)

– L’application de la loi sur le plastique, avec notamment l’interdiction de la production et de la vente d’eau en sachet, fait ses premières victimes. Il s’agit des producteurs d’eau en sachet. En sit-in devant la direction de l’Environnement de Thiès pour dénoncer les mises en demeure adressées à ses membres et la fermeture depuis deux semaines des unités de production d’eau en sachet, le Collectif national des acteurs de l’eau filtrée du Sénégal s’est indigné de l’application de cette loi qui «va éliminer près de 30 mille emplois directs et indirects».
Selon Balla Diop, secrétaire général du Collectif, «des collègues sont en train d’être convoqués et nous sommes venus pour les accompagner. C’est pour montrer aux autorités que tous les acteurs de l’eau filtrée au niveau national font bloc dans ce combat qui vient juste de commencer. Et nous allons maintenir la cadence jusqu’à obtenir gain de cause». A ses yeux, «il est inadmissible aujourd’hui, vu l’état du chômage qui existe au Sénégal, qu’un ministre se lève pour éliminer près de 30 mille emplois directs et indirects avec l’application de la loi du 20 avril 2020 sur le sachet plastique qui nous a basculés dans un état d’illégalité par surprise». Il ajoute : «Nous avions tous bénéficié d’autorisations d’exploitation. Et cette loi se lève un jour pour nous dire que nous avions un mois pour fermer nos unités. C’est de l’injustice.» Le Collectif national des acteurs de l’eau filtrée du Sénégal dit avoir interpellé le chef de l’Etat à travers des missives, mais en vain. Il espère néanmoins qu’il prendra «la décision adéquate». Ce, d’autant que «des centaines et milliers de Sénégalais vivent de ce secteur-là». Par conséquent, «il ne peut pas fermer les yeux sur cette situation catastrophique».
Au ministre de l’Environ­nement et du développement durable, Abdou Karim Sall, «les acteurs demandent de surseoir immédiatement aux mises en demeure et sans délais qu’il est en train de distribuer pour fermer nos unités, mais aussi les saisies des sachets d’eau dans les boutiques». Surtout que ladite décision «va saboter l’organisation du Grand Magal et les autres événements religieux».
Comme solution, les acteurs disent avoir «proposé au ministre la récupération de toute la quantité de plastique que nous produisons pour la transformer et en faire autre chose. Et cela va permettre à d’autres Sénégalais d’avoir du travail». Mais, regrette-t-il, «le ministre fait la sourde oreille». Pour preuve, «nous avons déposé sur sa table une lettre de demande d’audience depuis le 16 juillet, mais il n’a pas encore réagi». Pour dire que «nous sommes prêts pour la concertation».
En entendant, le Collectif est prêt à internationaliser la lutte. Il est catégorique : «Tout ce que cela demandera, nous le ferons. Nous irons jusqu’au Tribunal du travail s’il le faut. Déjà nous avons saisi l’ensemble des khalifes généraux qui sont au Sénégal pour leur faire part de nos doléances. Nous n’accepterons jamais qu’on nous sacrifie.»
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