Ce n’est pas aux plateaux que se destinait Jean-Paul Belmondo, mais à la scène. Né le 9 avril 1933 à Neuilly-sur-Seine d’un père sculpteur de renom, Paul Belmondo, et d’une mère artiste-peintre, Madeleine Rainaud-Richard, Jean-Paul ne s’intéresse guère aux études. Sa passion, c’est le sport : le football, le cyclisme et surtout la boxe qu’il pratiquera en professionnel avec succès. Cette disposition sportive se vérifiera plus tard dans ses performances physiques au cinéma, où il exécutera ses propres cascades – sa marque de fabrique. En 1946, le jeune Jean-Paul assiste à une représentation des Femmes savantes de Molière à la Comédie-Française. Sa vocation est née, il sera comédien. Elève de Raymond Girard, puis de Pierre Dux, Belmondo fait ses classes aux Hôpitaux de Paris en jouant devant les patients. Admis au Conservatoire national supérieur d’art dramatique en 1952, il y rencontre Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle, Bruno Cremer, Pierre Vernier et Michel Beaune. A cette «bande du Conservatoire» s’ajoutent bientôt Jean-Pierre Mocky, Claude Rich, Annie Girardot, Françoise Fabian et Philippe Noiret. Mais Jean-Paul Belmondo ne convainc pas ses maîtres et se voit refuser l’accès à la Comédie-Française. Cela ne l’empêche pas d’être appelé par Jean Anouilh, ni d’interpréter Feydeau ou George Bernard Shaw. En 1956, Jean-Paul Belmondo tourne son premier film, Les copains du dimanche, de Jean Astier, qui ne sortira qu’en 1967. Entre-temps, l’acteur est devenu une star. En 1959, il joue D’Artagnan dans Les trois mousquetaires, téléfilm réalisé par Claude Barma et diffusé en direct à la télévision le soir de Noël.

En route pour la gloire
En 1958, Marc Allégret lui offre un second rôle dans Sois belle et tais-toi avec Alain Delon, débutant tout comme lui. Ils seront amenés à se revoir… Autre grand cinéaste français, Marcel Carné lui donne un petit rôle dans Les tricheurs (1958). Sa présence tout au long du film lui permet d’être remarqué auprès de Bourvil, Danielle Darrieux et Arletty. Jean-Luc Godard le compare dans Les cahiers du cinéma à Jules Berry et Michel Simon. La Nouvelle Vague est prête à déferler et c’est Claude Chabrol, déjà à son troisième film en 1959, qui dame le pion à François Truffaut et Jean-Luc Godard, en faisant appel au jeune acteur dans A double tour. Godard enchaîne en 1960 en lui donnant le premier rôle dans A bout de souffle avec Jean Seberg, film phare de la Nouvelle Vague. Succès critique et public, le film propulse Belmondo au top. Godard fera appel à lui dans trois autres longs métrages.
Le charisme de Belmondo est reconnu par les plus grands cinéastes français établis ou en devenir. (…) Henri Verneuil le confronte au «patron» Jean Gabin dans Un singe en hiver (1962), d’après Antoine Blondin. La rencontre des deux acteurs, d’abord glaciale, deviendra confraternelle, servie par les dialogues de Michel Audiard, dont cette réplique de Gabin à Belmondo : «Môme, t’es mes 20 ans.» Un clin d’œil à la relève ?
Belmondo passe du film d’auteur à des rôles plus fédérateurs avec une aisance étonnante. Il ne manquait plus qu’une corde à son arc : le film d’aventure. Elle lui est offerte en 1962 par Philippe de Broca avec Cartouche, où il retrouve son camarade du Conservatoire Jean Rochefort et donne la réplique à Claudia Cardinale. (…)

Finir sur les planches
En 1990, Jean-Paul Belmondo interprète Cyrano de Bergerac, toujours mis en scène par Robert Hossein. La pièce se joue à guichets fermés et s’exporte à travers le monde. Belmondo tourne L’Inconnu dans la maison (1992) de son ami Georges Lautner, puis la version Lelouch des Misérables (1995) qui ne rencontre pas le succès escompté.
En 1996, alors que Bernard Murat adapte au cinéma la pièce Désiré de Sacha Guitry, Jean-Paul Belmondo se livre à une sévère diatribe contre les distributeurs qui, selon lui, négligent le cinéma français. Se détournant du cinéma, il rachète le Théâtre des Variétés à Paris, joue du Feydeau, du Guitry et du Jean-Michel Ribes. Comme un retour aux sources, ces rôles sont ses derniers triomphes. L’homme est resté accessible jusqu’au bout, tout en préservant sa vie privée. Diminué par la maladie, il resplendissait toujours d’une confiance inaltérable dans la vie, communiquait sa joie d’être au contact du public. Il émanait de lui un charisme solaire, unique dans l’histoire du cinéma français, du cinéma tout court.
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