Par Justin GOMIS –
Le Sénégal peut désormais faire face aux catastrophes chimiques et biologiques qui pourraient se produire dans le pays avec beaucoup d’efficacité. Il dispose maintenant d’une compagnie radiologique, biologique et chimique, une unité administrative, opérationnelle et spécialisée dans les rangs des sapeurs-pompiers. Les 33 soldats du feu formés en ce sens ont reçu hier leur parchemin, après une formation de sept ans acquise grâce à la coopération avec l’Agence de réduction des menaces pour la défense (Dtra). Cette formation, qui a ouvert une nouvelle ère pour la compagnie radiologique, biologique et chimique, vient ainsi combler un vide dans la lutte contre les armes de destruction massive.
D’après Alioune Aïdara Niang, c’est depuis 2007 que les Etats-Unis appuient le Sénégal à développer des capacités de lutte contre les armes de destruction massive dans le cadre du programme d’engagement de coopération en matière de sécurité contre les armes de destruction massive (Cscep). Mais avant ce partenariat, souligne le secrétaire général du ministère de l’Intérieur, «le Sénégal ne disposait pas de la capacité de riposte contre les armes de destruction massive». Aujourd’hui, «c’est grâce à un financement soutenu des Etats-Unis de plus 6,2 millions de dollars en formation et équipement que notre pays dispose désormais de cet outil de prévision stratégique pour faire face aux défis sécuritaires», a informé M. Niang venu représenter Antoine Félix Diome, empêché, à la cérémonie de remise des diplômes.
Abondant dans le même sens, son Excellence Amy Holman, premier conseiller de l’ambassade des Etats-Unis au Sénégal et en Guinée Bissau, dira que c’est après avoir constaté que le Sénégal n’avait pas une capacité de répondre aux attaques chimiques et bactériologiques qu’un partenariat a été scellé avec Dtra, il y a 7 ans, en vue de permettre à notre pays de disposer des instruments nécessaires au sein du corps des sapeurs-pompiers pour faire face aux armes de destruction massive. A l’en croire, plus d’1 million 600 mille francs Cfa ont servi à l’achat de matériels afin d’atténuer les menaces à tous les niveaux. D’ailleurs, ces moyens supplémentaires ont fait l’objet d’un vernissage à la fin de la cérémonie de remise des parchemins.
Outillée et compétente à l’issue de cette formation, «la compagnie radiologique, biologique et chimique pourra répondre à l’éventail complet des victimes des armes de destruction massive, y compris atténuer les conséquences, collecter et décontaminer les victimes», s’est réjoui Alioune Aïdara Niang. Avant d’indiquer que «la perspective de l’exploitation prochaine des gisements de gaz et de pétrole dans un contexte de menaces asymétriques de plus en plus prégnant (d’actes terroristes) induit un besoin de partenaires stratégiques pour la Bnsp» en vue «de lui donner toutes les capacités indispensables pour remplir avec efficacité et célérité les missions à elle confiées par l’Etat».
Selon les informations fournies par la Brigade nationale des sapeurs-pompiers, cette compagnie n’est pas restée oisive tout au long de sa formation. Elle a déjà réalisé quelques activités majeures. Elle a eu à intervenir sur plusieurs incidents au nombre desquels on peut citer : «Les 7 et 8 août 2013 en mer bateau Almadraba Uno (fuite Nh3), le 14 octobre 2013 Port autonome de Dakar (Pad) mole 4 ( feu camion TMD hydro sulfite de sodium, le 1er avril 2014 à Louga neutralisation Nh» et «démontage des canalisations, le 13 février 2014 route de Rufisque déversement fioul, le 10 août 2016, Pad mole 8 Dp World déversement Ozydizer, le 25 septembre 2016 à Thiaroye-Gare déversement acide phosphorique, le 29 septembre 2016, Ucad département chimie, intrusion d’eau dans un local stockage Pac et le 23 août 2021, renversement de camion transportant de l’hydroxyde de sodium sur l’autoroute à hauteur de la gare de Rufisque.»
Pour le commandant de la Brigade nationale des sapeurs-pompiers, le général de Brigade Mor Seck, «cette remise de diplômes constitue le parachèvement du processus de renforcement de la capacité nucléaire, radiologique, biologique et chimique de la caserne» et «l’accord via la Brigade des sapeurs-pompiers et le Dtra, un appui en intervention et aussi à la formation de personnels qualifiés aptes à remplir leur mission au bénéfice des populations». D’ailleurs, les récipiendaires ont eu à bénéficier dans le cadre de leur formation des stages en République Tchèque et au Maroc. En tout cas, les Etats-Unis, tout comme la Bnsp, promettent de poursuivre leur collaboration pour une meilleure assurance de la sécurité des populations.
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