Propos recueillis par Khalifa Mbaye DIOP – A Tivaouane, Mamadou Diagne Sy Mbengue sera reconduit candidat de Benno bokk yaakaar pour la mairie, tandis que son rival Abdou Ndéné Sall va tenter de briguer le Conseil départemental. «Ce consensus entre Apéristes est une comédie qui n’engage pas le Ps», attaque Yéya Diallo, responsable socialiste dans le département de Tivaouane. Dans cet entretien réalisé via WhatsApp, la députée et rapporteur de la Commission des lois à l’Assemblée nationale reconnaît que l’affaire du trafic des passeports diplomatiques écorne l’image du Sénégal.Pour la mairie de Ti­vaouane, Abdou Ndéné Sall s’est retiré pour Dia­gne Sy Mbengue, maire sortant, et qui sera le candidat de Benno bokk yaakaar. Quelle lecture en faites-vous en tant que res­ponsable socialiste dans le département ?

Le fait de signer un pacte entre Apéristes et de se soutenir mutuellement fausse l’esprit Benno et exclut de facto les alliés. Cela veut dire que pour eux, il n’y a qu’un seul parti au sein de Benno bokk yaakaar et c’est l’Apr. L‘un prend la commune et l’autre le département. Cela prouve un manque d’élégance et de générosité politique.
Je profite de cette occasion pour apporter d’ailleurs deux démentis. D’abord, notre ca­marade Yves Lamine Ciss, maire de Mont-Rolland, injustement cité, n’a donné aucun accord de soutien à cette coalition du ministre Abdou Ndéné Sall et du maire Mamadou Diagne Sy Mbengue et il a déjà fait un communiqué pour démentir ces infos.
Ensuite, je tenais à vous in­former que le Ps n’était ni invité ni représenté à cette comédie. Au niveau communal, le seul interlocuteur valable et légitime est le Secrétaire général de l’union communale de Tivaouane, en l’occurrence La­mine Diouck. Au niveau départemental, c’est le président Mame Bounama Sall.
Tous les deux que je viens de citer n’ont été ni invités ni informés de cette rencontre. Donc, cela ne nous engage nullement et je pense que le Bby à Tivaouane gagnerait à mieux se respecter, car seuls le respect et une dynamique unitaire sont un gage de succès futurs. Ce con­sensus entre Apéristes est une comédie qui n’engage pas le Ps.

Pourquoi le Ps n’était pas de la course pour la candidature à la mairie de Ti­vaoua­ne ?
Bien sûr que le Ps est dans la course. Déjà le 2 avril 2021, lors de notre Assemblée générale de coordination communale de Tivaouane, notre Secrétaire général, le camarade Lamine Diouck, avait annoncé que nous sommes candidat à la candidature dans Bby pour la mairie de Tivaouane. Par la suite, il y a eu des évolutions et, au moment où je vous parle, nous sommes toujours dans les négociations.
Ce qui est sûr, c’est que le Parti socialiste aura un candidat pour la commune et pour le département, car il faut le rappeler, il s’agit bien d’élections territoriales. Là aussi, deux réunions d’union départementale ont été convoquées par le Secrétaire général, Mame Bou­nama Sall, pour recueillir la situation politique de chaque commune et indiquer des orien­tations pour le positionnement du parti dans le département. Nous avons clamé haut et fort, par la voix du Secrétaire général de notre l’union départementale, Mame Bounama Sall, que nous souhaitons diriger la liste du Conseil départemental. Ce choix a été même transmis à la présidente Aminata Mbengue Ndiaye, Sg du Ps. Donc, nous sommes bel et bien dans la course.
Seulement, comme vous le savez, nous sommes tenus par une discipline de parti légendaire. Je veux juste rappeler à nos alliés de l’Apr de Tivaouane que Bby ne se limite pas à un seul parti et nul ne peut ignorer dans le département le poids électoral du Ps. Nous en remercions d’ailleurs notre camarade, Mame Bounama Sall. Le Cayoor a une relation fusionnelle avec le Ps. Si chaque responsable se comportait comme le chef de l’Etat, le Président Macky Sall, constant dans sa générosité et son respect envers ses alliés, le Bby n’aurait pas de problèmes à la base. Mais hélas, ce n’est pas le cas partout.

Etes-vous de ceux qui estiment que le Ps doit avoir des candidats partout, ses chances sont réelles ?
A mon avis, l’esprit Benno doit être de mise partout pour permettre aux partis alliés, pas seulement le Ps, d’avoir un candidat partout où leurs chances sont réelles. Ne dit-on pas que seul, on peut aller vite mais ensemble, on part plus loin et la preuve en est que depuis 2012 nous avons gagné ensemble toutes les élections.

Comment le Ps doit aborder ces élections ?
Le Ps doit aborder ces élections avec sérénité en faisant confiance à notre Sg, la présidente Aminata Mbengue Ndia­ye qui, je reste convaincue, fera tout pour défendre les intérêts du parti. Vous me donnez d’ail­leurs l’occasion de la féliciter pour son management participatif et inclusif. En un temps record, elle a convoqué toutes les unions régionales du Ps pour mieux défendre nos intérêts dans les négociations liées aux investitures.
A mon avis, nous devons aussi faire confiance au chef de l’Etat, le Président Macky Sall, qui est l’incarnation par excellence même de l’esprit Benno du «gagner ensemble et gouverner ensemble».

L’affaire du trafic présumé des passeports diplomatiques a-t-elle terni l’Assemblée nationale ?
Le fait de parler de faux passeports diplomatiques et de l’associer à notre institution écorne même l’image de notre pays et de notre diplomatie. C‘est pour cela que je pense que cette affaire doit être tirée au clair. Mais comme vous avez bien dit présumé, en tant que parlementaire et de surcroît juriste de formation, je ne peux pas piétiner la présomption d’innocence.
Par culture politique aussi, il m’est très difficile de parler d’un dossier qui est entre les mains de la justice de notre pays qui mérite toute notre confiance. Et je ne vois pas comment des accusations peuvent ternir l’image de notre institution qui est aussi, il faut le souligner, le reflet de notre société. Nous avons 165 députés issus des 45 départements et de la diaspora, donc c’est le Sénégal en miniature.

En tant que rapporteur de la Commission des lois, comment comprenez-vous les lenteurs dans le dossier des députés ?
Vous savez, il n’y a pas encore de saisine de l’Assemblée nationale par l’autorité judiciaire. Or, en matière de droit parlementaire dans ce cas d’espèce, l’Assemblée nationale ou le Bureau ne peuvent s’autosaisir. Alors, indexer l’Assemblée nationale en parlant de lenteurs sous prétexte que les députés cités sont de la majorité relève de l’exagération.
Maintenant, il faut retenir une chose et le droit est clair là-dessus : lorsque des députés ont agi hors session, pour qu’on puisse faire intervenir le Bureau ou l’Assemblée en plénière, il faut que ces députés soient arrêtés ou en phase d’être arrêtés. C‘est là qu’on de­mande l’autorisation du Bu­reau et sur ce point-là, je pense qu’ils peuvent être interpellés, entendus et même jugés si les faits incriminés sont avérés. La seule interdiction, c’est d’arrêter un député sans l’autorisation du Bureau. C’est pourquoi en regardant de près même, l’intervention de l’institution parlementaire n’est pas requise dans ce domaine parce que les actes incriminés et leurs interpellations par le juge ou par la clameur publique, interviennent pendant la période hors session. N’oubliez pas que la session commence au plus tard le 15 octobre pour finir au plus tard le 30 juin. Il faut aussi rappeler que le temps de la justice n’est pas le temps des médias encore moins celui de la politique. Ayons confiance en no­tre justice et laissons nos valeureux magistrats faire leur travail.

Que répondez-vous à ceux qui réclament la dissolution de l’Assemblée nationale ?
C’est hors de propos et il faut sincèrement faire la part des choses en matière de responsabilités. En 1993, on avait accusé un député, en l’occurrence Mody Sy, d’assassinat, est-ce qu’on avait parlé de dissolution de l’Assemblée nationale ? On a accusé ici un député de viol, est-ce qu’on a demandé la dissolution de l’Assemblée nationale ? Pourtant, ce sont des faits très graves.
Autre fait, nous savons tous que le président de la Répu­blique n’a plus la prérogative de dissoudre l’Assemblée nationale. Si on devait le faire, on allait le faire avec quel instrument ? Je pense que parler de dissolution, quand même, me paraît un peu exagéré et hors de propos.