A quelques jours du démarrage du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), la Fédération africaine des critiques de cinéma (Facc) a organisé un panel pour discuter des défis auxquels la profession est confrontée.Par Mame Woury THIOUBOU – 

«L’industrie du film en Afrique : tendances, défis et opportunités», c’est le rapport lancé en grande pompe au siège de l’Unesco à Paris la semaine dernière. Cette étude, qui fait l’état des lieux du cinéma dans les pays africains, ne consacre pourtant aucune ligne à la critique cinématographique alors même que le rapport est réalisé en majorité par des critiques africains. A quelques jours du démarrage du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fes­paco), les critiques cinématographiques du continent ont relevé ce paradoxe. C’était à l’occasion d’un panel virtuel sur le thème : «Quels défis aujourd’hui pour la critique africaine dans l’écosystème du cinéma.» La présidente de la Fédération africaine des critiques de cinéma (Facc), Fatou Kiné Sène, fait ce constat tout en déplorant le fait que la Facc est laissée à elle-même. Selon le critique français, Michel Amerger, la critique cinématographique est confrontée à de grands défis qui menacent la profession. «Le premier défi, c’est de se faire entendre parce que plus l’industrie du cinéma se développe, moins on a besoin des critiques», souligne le journaliste qui ajoute que «la critique doit se faire respecter en soignant la forme et le fond». Aussi, estime-t-il que la Facc doit jouer le rôle de contrepoint face à une industrie cinématographique de plus en plus puissante et dont les productions vendues à coup de campagne de promotion, ne veulent pas entendre de voix critiques.
Autre problème relevé par les panélistes, la circulation des critiques. «Il y a toujours eu un problème de circulation des critiques à l’intérieur et en dehors du continent africain», estime Michel Amarger qui souligne qu’il est plus facile pour le journaliste basé à Paris de se rendre en Afrique du Sud que pour son confrère africain qui peine à sortir de son pays. Toutefois, l’émergence du numérique tempère quelques peu ces désagréments et grâce aux plateformes numériques, permet aux critiques de travailler sans déplacements. Pour le cinéaste, Narcisse Wandji, le problème tient surtout au fait que les films faits par des africains sont disséqués avec des outils venus d’ailleurs.
Pour tous les membres du panel, une évidence est que la critique ne fait pas vivre sur le continent. Contrairement à la France par exemple où les critiques jouissent d’un statut particulier, en Afrique, le statut du critique est encore à définir. D’où l’appel des participants en faveur d’un modèle économique incluant les questions de mobilité.
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