Le leader de Pastef a déclaré, dimanche, lors du meeting d’investiture des candidats de Yewwi askan wi (Yaw), qu’il ne signera aucune charte de non-violence. Les organisations de la Société civile ont diversement accueilli cette sortie à polémique de Ousmane Sonko.Par Hamath KANE
– Alioune Tine : «J’ai été surpris par sa réaction brutale et sans nuance»
Alioune Tine, qui était l’un des porte-voix de la Plateforme Jammi Rewmi lors de la dernière rencontre avec la presse de ce regroupement des organisations de la Société civile, répond à Sonko : «J’ai été surpris par sa réaction brutale et sans nuance par rapport à la proposition d’une charte de la non-violence proposée par la Société civile. Dans un contexte d’un processus électoral caractérisé par la violence dont ses partisans sont victimes, c’est pour le moins surprenant.» Le fondateur d’Africa Jom Center estime que «dans une société de la défiance, où on n’a pas confiance à l’Administration, à la Justice, aux forces de sécurité, il faut renforcer et crédibiliser les efforts de la Société civile». Et à propos de l’«hypocrisie» de cette Société civile dont parle le leader de Pastef, il regrette ce «jugement de valeur totalement inapproprié quand il s’agit du travail difficile et ingrat de la Société civile». Avant d’ajouter : «Je rappelle aussi que tous ceux qui arrivent au pouvoir par la violence, s’y maintiennent par la violence.» Mais dans tous les cas, l’ancien patron de la Raddho souligne que la Société civile va «mettre tout le monde face à ses responsabilités» et restera mobilisée pour «combattre la violence d’Etat et la violence de l’opposition» pour des élections «transparentes et apaisées».
Moundiaye Cissé : «Regrettable, mais il faut dédramatiser les propos de Sonko»
Si Moundiaye Cissé «regrette» aussi ces propos de Sonko parce que «l’opposition, dans la forme, n’a pas intérêt à fragiliser la Société civile». Cependant, il préfère «dédramatiser» et «dépassionner» cette sortie. En revanche, souligne le président de l’Ong 3D, «rien ni personne ne nous détournera de notre chemin». Il ajoute : «Il faut analyser ces critiques et les intégrer dans la démarche que nous sommes en train de mener. C’est à nous de trouver des mécanismes de régulation. Peut-être qu’en sensibilisant Sonko, il pourrait changer d’avis», a dit ce membre de la Plateforme Jammi Rewmi. Et il souligne que ce n’est pas une première puisqu’il est arrivé que le pouvoir aussi tire sur la Société civile. «Nous avons toujours demandé le respect du Code électoral et c’est le devoir du gouvernement. C’est un message que Sonko nous lance. C’est l’Etat qui doit d’abord garantir la paix, et sous ce rapport, nous sommes d’accord avec lui. Pour autant, il faudra un accord commun entre les parties pour éviter la violence», a ajouté M. Cissé qui n’exclut pas une rencontre entre la Société civile et l’opposant.
Le Cadre unitaire de l’islam n’est «pas surpris»
Le Cadre unitaire de l’islam au Sénégal, regroupant, entre autres, des représentants des foyers religieux du pays, avait également proposé la semaine dernière, une charte de non-violence signée par les acteurs politiques. Son président, Cheikh Ahmed Tidiane Sy, n’est pas surpris par cette réaction de Sonko. «Je m’attendais à ce genre de réaction des opposants. Nous savions dès le début que le travail ne sera pas facile. Mais nous sommes toujours dans notre rôle de facilitateurs. Nous serons toujours dans cette logique d’appeler les gens à taire les querelles et les velléités politiques», a-t-il dit à Dakaractu. Tout en soulignant qu’ils avaient souligné que le pouvoir doit «garantir les conditions d’élections libres et transparentes, assurer une justice indépendante». Ledit cadre s’engage à tout mettre en œuvre pour que les différents acteurs politiques ainsi que la Société civile se retrouvent autour d’une table pour prévenir la non-violence.
hamath@lequotidien.sn