Souleymane Boun Daouda Diop salue la mesure prise par l’Etat du Sénégal de régler définitivement le problème des primes dues aux athlètes sénégalais depuis 2007. L’ancien Dhc, qui connaît bien le dossier, donne des pistes pour une meilleure gestion de cette historie de primes qui dure depuis 14 ans.Par Woury DIALLO

– Le ministre des Sports, Matar Ba, a révélé dimanche, en marge de la troisième édition du Marathon Eiffage Dakar, que le chef de l’Etat a donné des instructions pour le paiement des primes dues aux athlètes sénégalais depuis 2007/2008.
«Au niveau de la Loi de finances rectificative (Lfr), l’injustice de 2008 jusqu’à maintenant, va être complétement réglée. Cela veut dire que ce qui est dû aux athlètes depuis 2008 avant l’arrivée du chef de l’Etat, cette injustice va être réglée très bientôt parce que les engagements vont être faits pour que tous ces athlètes puissent recevoir leur dû», a confié le ministre. Qui précise que l’ardoise tourne autour de 600 millions Cfa. «C’est une bonne nouvelle. C’est une injustice, nous l’avons reconnue et avec l’appui du ministre des Finances, sur instruction du chef de l’Etat, cela a été inscrit au niveau de la Lfr et nous allons nous atteler à mobiliser cette somme pour régler cette injustice définitivement.»

«Remettre à jour la liste avant de payer»
Joint par Le Quotidien, l’ancien Directeur de la haute compétition (Dhc), au niveau du ministère des Sports, aujourd’hui à la retraite, qui connaît bien le dossier, donne des pistes pour une meilleure gestion.
«Comme vous le savez, c’est 14 ans d’attente et il peut y avoir quelques dysfonctionnements. C’est pourquoi, pour ce que je peux donner comme conseil, c’est qu’il ne faudrait pas que le paiement de ces primes crée des problèmes aussi énormes que la dette. Pour cela, il faudrait avant de payer, rencontrer les fédérations et essayer de remettre à jour la liste», conseille Souleymane Boun Daouda Diop. Avant d’ajouter : «Il faudrait que ceux qui font des réclamations, parce que ça ne manquera pas, puissent amener des preuves de leurs allégations. Il faudrait y aller avec beaucoup de méthode et d’organisation. Mais sur ce plan-là, j’ai confiance aux agents de la Dhc qui ont longtemps travaillé sur ce dossier et qui peuvent, s’ils sont au cœur du dispositif, régler beaucoup de problèmes.»

«Une décision à saluer»
Quant à la traçabilité des athlètes, M. Diop estime que «ce sont des internationaux et on peut les localiser facilement. Cela ne doit pas poser de problème. Il y a peut-être, certains athlètes qui sont décédés, je ne le souhaite pas, si c’est le cas, il faut donner ça aux ayants droit».
L’ancien Dhc ne manque pas de saluer la décision prise par les autorités sénégalaises. «Il faut saluer la mesure parce que c’est une mesure très importante qui a été prise. Quand des jeunes consentent énormément de sacrifices pour porter haut les couleurs nationales, que leur sacrifice est sanctionné par une médaille et que nos textes disent que celui qui remporte une médaille pour le Sénégal a droit à telle indemnité, il faut agir. Et je pense qu’aujourd’hui, si l’autorité prend la décision de payer ces dettes, il faut vraiment saluer cette mesure», souligne-t-il.
Quid du nombre d’athlètes concernés ? Sur ce chapitre, M. Diop estime qu’«il est difficile, en tous cas, à mon niveau, de donner le nombre d’athlètes concernés. Ce que je peux dire, c’est que le ministère des Sports détient les documents. Depuis 2015, le ministre Matar Ba avait donné des instructions pour qu’on puisse avoir le nombre réel des ayants droit». D’ailleurs, souligne-t-il, «c’est ainsi qu’en 2019, nous avions estimé l’enveloppe à 500 millions Cfa. Mais comme vous le savez, c’est une enveloppe qui évolue chaque année. Il y a donc, au niveau du ministère, les documents qu’il faut. On avait demandé aux présidents de Fédération, dans un premier temps, de donner la liste des ayants droit. Et nous avions confronté cette liste aux archives du ministère des Sports. Comme vous le savez, chaque année, la tutelle met en place la liste des médaillés de l’année. Et nous avions, à l’époque, confronté les données des fédérations et les données du ministère des Sports».
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