Ethiopie – Les rebelles à 30 km d’Addis-Abeba : Inquiétudes croissantes chez les partenaires du pays

Les rebelles sont à quelque 30 kilomètres de la capitale éthiopienne. Une situation qui suscite davantage d’inquiétudes chez les partenaires du gouvernement du Pm Abiy Ahmed.Par Malick GAYE
– L’avancée des rebelles du Front de libération du Tigré (Tplf), vers la capitale Addis-Abeba, fait craindre le pire en Ethiopie. Cette détermination des insurgés a poussé hier le Premier ministre, Abiy Ahmed, à annoncer qu’il se rend en personne, à partir de mardi, sur la ligne de front afin d’y conduire la défense de la capitale. Une décision prison à l’issue de la réunion de l’instance dirigeante de sa formation politique, le Parti de la prospérité.
Si cette volonté venait à se matérialiser, la situation serait désastreuse et inédite. Au vu des récentes sorties, la situation tend vers cette extrémité. En effet, l’Onu vient de demander à des représentants de préparer l’évacuation de son personnel étranger ainsi leurs familles suivant ainsi la France qui a appelé ses citoyens à quitter le pays immédiatement, après le Royaume-Uni et les Etats-Unis.
Ces dernières semaines, le gouvernement éthiopien a lancé une campagne à l’encontre des organisations internationales présentes dans le pays, désormais soupçonnées de collaborer avec l’ennemi intérieur. Le 30 septembre, le gouvernement avait ordonné l’expulsion de 7 responsables d’agences des Nations unies accusés «d’ingérence». Les Etats-Unis, longtemps restés en retrait, ont entamé depuis quelques mois, une offensive diplomatique pour mettre fin au conflit et préparer des sanctions. Des mesures perçues par l’Ethiopie comme une trahison de la part de l’un de ses plus proches alliés.
Sursaut américain
Le 2 novembre, le Président américain, Joe Biden, a annoncé l’exclusion de l’Ethiopie de son pacte pour l’Afrique facilitant l’accès au marché américain (Agoa) à compter du 1er janvier prochain. Une mesure dévoilée deux semaines après la mise en place par les Etats-Unis d’un régime de sanctions permettant de suspendre les avoirs et transactions financières des parties prenantes du conflit, dont la date d’application n’a pas été communiquée. Pour le Président américain, l’évolution de la situation dans le Nord du pays menace non seulement «la stabilité de l’Ethiopie et de la région de la Corne de l’Afrique» mais constitue désormais une «menace inhabituelle et extraordinaire pour la sécurité nationale et la politique étrangère des Etats-Unis».
En mai déjà, la tension était montée d’un cran avec la mise en place par Washington de restrictions de visas à l’encontre d’officiels éthiopiens et érythréens accusés de n’avoir «pris aucune mesure significative pour mettre fin aux hostilités». Le gouvernement éthiopien avait alors lancé un avertissement, s’estimant «contraint de réévaluer ses relations avec les Etats-Unis, ce qui pourrait avoir des implications allant au-delà de nos relations bilatérales».
Le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a envoyé début novembre 2020, l’Armée fédérale au Tigré afin de destituer les autorités de cette région, issues du Front de libération du Tigré (Tplf), qui défiaient son autorité et qu’il accusait d’avoir attaqué des bases militaires.
Le Prix Nobel de la paix 2019 avait proclamé la victoire trois semaines plus tard, après la prise de la capitale régionale, Mekele. Mais en juin, les combattants pro-Tplf ont repris l’essentiel du Tigré et ont poursuivi leur offensive dans les régions voisines de l’Amhara et de l’Afar.
Fin octobre, le Tplf a revendiqué la prise de deux villes-clés en Amhara, se rapprochant ainsi de la capitale – ce qu’avait démenti le gouvernement éthiopien. Le Tplf, qui s’est allié avec un groupe rebelle oromo actif dans la région qui entoure la capitale, a affirmé cette semaine se trouver à Shewa Robit, à 220 km au nord-est d’Addis-Abeba.
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