On peut reprocher à Ousmane Sonko et Barthélemy Toye Dias leurs inconsistances dans beaucoup de domaines politiques, sauf leur constante propension à prôner la violence et leur fascination pour la mort, la mort des autres.
Lors du dernier meeting d’investiture de Yewwi askan wi à Grand-Yoff du dimanche 21 novembre, le leader du parti Pastef a encore, sans ambages, par cette fois-ci, parlé, non pas de «mortal combat», mais donné le mot d’ordre belliqueux : «œil pour œil, dent pour dent».
Ensuite, Ousmane Sonko de déclarer, avec mépris, qu’il n’allait pas répondre à l’appel du Cadre unitaire de l’islam au Sénégal pour signer un document pour l’apaisement du climat politique.
Barthélemy Toye Dias et son acolyte Ousmane Sonko veulent imposer un climat de violence et de terreur aux populations sénégalaises, pour atteindre leurs buts politiques.
Ils rêvent d’ensauvager cette société sénégalaise si pétrie de civilités, de Teranga, de tolérance, qui ignore le régionalisme et le confessionnalisme.
Et pourtant, pendant quatre siècles, les sociétés sénégalaises ont vécu dans un cycle infernal de violence, tout au long de la traite négrière, suivie de celle de la pénétration coloniale.
Pendant toute cette période, la violence armée était sublimée, toute la société était organisée autour de la fonction guerrière. Le modèle de l’homme accompli était le guerrier Deniyankobé Samba Guéladio Bâ, le guerrier Cayorien Massiry Isseu Dièye Guèye, le Guélewar Saamoone Faye, les Nianthio Mané ou Sané.
Dans ce monde ceedo non pacifié, l’homme était toujours porteur d’armes, comme le fait Barthélmy Toye Dias, et tous les conflits ou litiges se terminaient en «mortal combat» ; c’était l’époque du Daan Dieu, la mort donnée ou reçue com­me accomplissement personnel.
Les fondateurs des Tarikha Tidiane et Mouride, El Hadj Malick Sy et Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, furent les témoins directs de cette violence généralisée, car étant victimes, eux-mêmes, avec des membres de leurs familles qui ont péri dans ces conflits.
Thierno Ousmane Sy, le père de El Hadj Malick Sy, fut tué par les Ceedos de Warkhokh. Quant à Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, son propre grand-père, Balla Aïssa Boury Mbacké, et son oncle, Abdou Khadre Mbacké, furent assassinés durant cette période trouble de violence.
Cheikh Ahmadou Bamba a déclaré qu’il s’était encore plus détaché des biens de ce monde, quand il a vu les corps exposés des marabouts de la famille Lô du Ndiambour, partisans de Amadou Cheikhou Bâ, suppliciés par le Damel Lat Dior Ngoné Latyr.
Face à ces pouvoirs injustes et violents, ces fondateurs des Tarikhas étaient devenus des symboles de résistance qui revêtaient une forme spirituelle, culturelle et non-violente, comme du reste, l’enseigne le Tasawwouf ou Soufisme, dont ils se réclamaient.
Quand le pouvoir colonial s’installa dans notre pays après la mort, en 1886, de Lat Dior, l’un des derniers souverains résistants, nos saints hommes mirent en place un projet de résistance culturelle, de création d’un homme nouveau capable de faire face à la toute puissance militaire coloniale, à travers l’instauration d’un système d’éducation (Taalim, Tarbiyya, Tarqiyya, Tasfiy­ya).
L’éthique guerrière propre était prohibée au profit de la quête du savoir, du travail licite.
Les armes disparurent, remplacées par les houes, l’intrépidité laissa la place à l’érudition. Et le guerrier devint talibé, commerçant ou agriculteur cultivant son champ et la paix.
C’est ainsi depuis plus d’un siècle et notre société a été remodelée dans un cadre de recherche de la paix, du consensus et du Massla.
Tous les conflits politiques ou sociaux ne devaient plus être résolus par le fusil ou par la violence, mais par le dialogue et la concertation, à travers des mécanismes de médiation
C’est ce consensus national et historique sur la tolérance, Beug Diaam, Massla, que veulent remettre en cause l’esssamaye, Ousmane Sonko et le cow-boy américano-sénégalais d’origine cap-verdienne, Barthélemy Toye Dias.
En octobre 2018, Sonko déclarait que si «Les différents Présidents encore vivants, qui se sont succédé à la tête du Sénégal, étaient regroupés et fusillés, ce ne serait pas un péché». Ce fut un tollé, mais certaines personnes conciliantes avaient cru voir, à travers ce lapsus, un péché de jeunesse.
Mais sa soif de violence réapparaît quand, accusé de viol, il refusa de répondre à la justice, appela à un «mortal kombat» qui aboutit à la mort d’une quinzaine de Sénégalais.
Lors de sa dernière sortie lors du meeting d’investiture de Yewwi askan wi à Grand-Yoff ce dimanche 21 novembre, le leader du parti Pastef déclare sans ambages : «œil pour œil, dent pour dent », et refuse de répondre à l’appel du Cadre unitaire de l’islam au Sénégal.
Quant au «guerrier» de Karak et Baobab, qui a tiré publiquement dans une foule et avoué qu’il avait tué ou blessé, qu’il sache qu’aux aubes de l’indépendance, le Président Senghor, dans un souci de bâtir un Etat moderne et républicain, s’est évertué à écarter des Forces de défense et de sécurité, les anciennes couches guerrières du pays avec leur mentalité chauvine et violente. Le ministre d’Etat Jean Collin parachèvera cette œuvre, faisant de nos Forces de sécurité, la colonne vertébrale de notre République, un instrument de démocratie loin du chauvinisme, loin du sectarisme.
Sans cette idéologie libérale, républicaine de nos forces de défense et de sécurité et l’absence d’anciens guerriers dans leurs rangs, Barthélemy Toye Dias aurait subi le sort d’un Afro-Américain face à un shérif américain ou d’un Français maghrébin face aux Crs français.
Que Ousmane Sonko et Barthélemy Toye Dias sachent que : «Kouy Yé Fitna, dou thi mouthie.»
Mais dommage, ils ne connaissent pas le cheval

Diawdine Amadou
Bakhaw DIAW
Responsable politique Apr Walo